Le Liban est coincé entre la paralysie des institutions et la dégradation du contexte sécuritaire
Le blocage politique se poursuit depuis des mois, paralysant le gouvernement et le Parlement, sans qu’aucune lueur d’espoir ne pointe à l’horizon. Au contraire, l’absence de toute perspective de détente et de décrispation laisse craindre la propagation du vide politique à la magistrature suprême, surtout que le mandat du président Michel Sleiman touche à sa fin.
Dans ce cadre, le chef du Courant des Marada, le député Sleïmane Frangié, a révélé que le président de la République pourrait céder aux pressions du 14-Mars et de l’Arabie saoudite pour former un gouvernement de fait accompli, en février ou en mars prochains, afin que le pouvoir exécutif n’échoie pas au gouvernement d’expédition des affaires courantes, présidé par Najib Mikati, et au sein duquel le 8-Mars et le Courant patriotique libre (CPL) disposent d’une grande influence.
Alors que la vie politique tourne au ralenti, la sécurité, elle, se dégrade à vue d’œil. C’est Tripoli qui inquiète le plus les services de sécurité, car l’Etat montre une grave impuissance et incapacité devant la montée des groupes extrémistes, qui disposent d’un soutien financier régional et d’une couverture politique locale.
Sur ce plan, les agressions à caractère sectaire se sont multipliées ces dernières heures et se semblent se systématiser. Trois habitants alaouites de Jabal Mohsen ont été agressés par des inconnus. Le premier incident s’est déroulé à Zahiriya, lorsque des jeunes gens circulant à moto ont ouvert le feu en direction d’un chauffeur de taxi sexagénaire, Ali el-Ali, qui a été blessé. D’autres inconnus ont blessé aux jambes le dénommé Mohammad Hassan Mama, alors qu’il se trouvait à Bab el-Tebbané, tandis que des jeunes ont incendié la voiture de Hussein Mohammad Dib, qui a réussi à prendre la fuite avant qu’il ne soit lui-même agressé.
Le quotidien As Safir inscrit ces incidents dans le cadre d’efforts destinés à saper le plan de sécurité, qui a mis un terme aux violents combats qui ont fait des dizaines de morts et de blessés dans la ville, en octobre dernier. Le journal rapporte que l’Armée libanaise a remis en liberté un cheikh qualifié de «radical», Abou Missaab Skaff, après de fortes pressions exercées par des hommes politiques.
Ces agressions physiques se sont accompagnés d’une recrudescence de la guerre sur les réseaux sociaux entre les groupes rivaux, ce qui a provoqué une forte tension dans la ville et poussé de nombreux commerces à baisser leurs rideaux, de peur d’une reprise des affrontements armés.
Dans ce cadre, un communiqué signé des «fils de la communauté sunnite» a menacé de s’en prendre aux «nousseiris» (terme utilisé par les extrémistes pour désigner les alaouites).
Toutes ces agressions visent à isoler le chef-lieu du Liban-Nord du reste du pays et à rompre les relations sociales et humaine, afin de transformer Tripoli en sanctuaire pour les groupes extrémistes.
Médiarama