C’est l’avis du quotidien britannique The Guardian
Dans la foulée de l’accord de Genève entre le Groupe 5 +1 et l’Iran, l'annonce lundi que la conférence de paix pour la Syrie -la dite conférence de Genève 2- se tiendra le 22 janvier est une bonne nouvelle.
Mais même si toutes les parties viennent effectivement à la réunion, il y a un doute quant à savoir si un règlement politique de la crise est possible à ce stade. Pour augmenter les chances de succès, les États-Unis et la Russie devraient œuvrer à un cessez-le feu avec les sponsors régionaux des parties en conflit.
Le conflit en Syrie n'est plus une lutte interne. Il est devenu une guerre régionale par procuration, principalement entre l'Arabie saoudite et l'Iran, mais avec des rôles importants joués par le Qatar, la Turquie et l'Irak. Ces acteurs externes embrasent le conflit et dissuadent leurs alliés syriens de s’engager dans Genève-2.
Jusqu'à présent, le rôle des acteurs régionaux en Syrie et la lutte qui les oppose n’ont pas été explicitement abordé.
Le but de la conférence de Genève est de faciliter la règlement politique de la guerre en Syrie en poussant ces acteurs régionaux à mettre un terme à leur soutien aux belligérants. L'objectif est d’aboutir à un cessez-le-feu.
Les États-Unis et la Russie pourraient commencer par convaincre les acteurs-clés régionaux à travailler ensemble sur la question de l'aide humanitaire et utiliser ce point pour discuter ensuite du conflit et de l'avenir de la Syrie. Le fait même d’installer les Saoudiens et les Iraniens autour d’une même table pour discuter de la Syrie serait une percée majeure, mais une fois qu'ils sont là, Washington et Moscou devraient les pousser à une véritable désescalade. La clé sera de convaincre toutes les parties qu'elles ont peu d'espoir de réaliser leurs objectifs, puis de trouver une formule qui puisse prendre en compte les intérêts de tous les protagonistes.
Malgré les nombreuses difficultés, il y a des raisons de penser qu'un tel accord est possible. L'Iran pourrait accepter un règlement qui préserverait ses intérêts fondamentaux, assurant une continuité géographique avec le Hezbollah et le Liban et empêchant que Damas ne soit contrôlée par un gouvernement fantoche au service d'une autre puissance.
Pendant ce temps, les Saoudiens sont confrontés à la menace croissante d’une Syrie qui devient un terrain fertile d'un extrémisme lié à Al-Qaïda, qui pourrait éventuellement menacer leur propre régime. Leur chance de remporter une victoire en Syrie devient de plus en plus incertaine, car le régime Assad continue de démontrer sa capacité de résistance. Autrement dit, les Saoudiens n'ont pas la capacité de gagner une longue guerre par procuration contre l'Iran. Par conséquent, ils pourraient obtenir des avantages d’un accord de partage du pouvoir à Damas, qui leur donnerait une certaine influence sur un gouvernement de transition syrien.
Les États-Unis et la Russie ne sont pas neutres dans la guerre syrienne, mais ils sont tout de même les mieux placés pour gérer la conférence de Genève. Ils partagent un intérêt commun à ce que les extrémistes islamistes ne prennent pas le contrôle de la Syrie. Les États-Unis ont des relations étroites avec l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, et la Russie à de meilleures relations avec l'Iran.
Si Washington démontre qu'il est sérieux dans sa volonté de freiner ses alliés régionaux, Moscou pourrait faire une tentative similaire et amener l'Iran à la table des négociations.