15-05-2024 07:15 AM Jerusalem Timing

La crise énergétique transforme Gaza en décharge à ciel ouvert

La crise énergétique transforme Gaza en décharge à ciel ouvert

Gaza produit 1.700 kg de déchets par jour

Un enfant de dix ans mène sa charrette tirée par un âne entre les ordures qui s'amoncellent dans les rues de Gaza. Le territoire palestinien en est revenu à la traction animale pour suppléer les véhicules des éboueurs, en panne sèche.
  
Le garçon, Alaa, pieds nus, aide son père, Mahmoud Abou Jabal, 55 ans, à collecter les détritus dans ce quartier huppé de Gaza, où son attelage était jusqu'alors indésirable.
   "Au début, nous ramassions les ordures autour de l'hôpital Al-Chifa, mais à présent nous le faisons aussi devant les maisons et les magasins", explique le père.
   "Ils nous payent 700 shekels (140 euros) par mois, ce n'est pas assez pour répondre à nos besoins, mais c'est mieux que rien", raconte Mahmoud Abou Jabal, "je dois nourrir mes 12 enfants et l'âne".
  
Le bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a mis en garde contre les conséquences du tarissement du trafic de carburant égyptien par les tunnels de contrebande sous la frontière avec la bande de Gaza, tombé d'environ un million de litres par jour en juin, à 10.000 à 20.000 litres par semaine actuellement.
  
Cette pénurie, due à la démolition de centaines de tunnels par l'armée égyptienne, à la suite de la destitution du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet, a entraîné l'arrêt le 1er novembre de l'unique centrale électrique de Gaza, où les coupures de courant atteignent 16 heures par jour.
 "Le secteur le plus touché est celui de l'eau et de l'hygiène", précise l'Ocha, soulignant que l'une des principales stations de traitement des eaux de Gaza a cessé de fonctionner le 13 novembre, et plus de 35.000 m3 d'eaux d'égout ont débordé dans les rues d'un quartier de la ville.
  
Le coordinateur de l'ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Serry, qui s'est rendu sur place jeudi, a annoncé le prochain redémarrage de cette station grâce à l'achat, financé par la Turquie, de plus de 800.000 litres de carburant, selon l'Ocha.
 "Grâce à une donation de la Turquie, cette station a maintenant reçu le carburant nécessaire pour continuer à fonctionner", a déclaré M. Serry, précisant que la livraison, via Israël, avait commencé.
"Cela ne résout pas la pénurie mais fournit un filet de sécurité, pour, nous l'espérons, les deux trois prochains mois, aux infrastructures critiques à Gaza", a-t-il ajouté.
  
1.700 tonnes d'ordures par jour
 
Un porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Levent Gumrukcu, a déclaré à l'AFP que son pays était "toujours prêt à offrir son assistance pour améliorer les conditions humanitaires difficiles en Palestine, en particulier à Gaza", faisant état de contacts avec les autorités concernées.
  
Le ministère britannique des Affaires étrangères a appelé dans un communiqué "les autorités israéliennes, égyptiennes, et palestiniennes à garantir que les efforts pour fermer les tunnels de contrebande s'accompagnent d'efforts aussi déterminés pour ouvrir le commerce légal et autoriser les habitants de Gaza à se déplacer".
  
Israël impose un blocus à Gaza depuis la capture en juin 2006 d'un de ses soldats - libéré en 2011 - renforcé en juin 2007 après la prise de contrôle par le Hamas de l'enclave, décrétée "entité hostile".
  
Le ministre des Municipalités du gouvernement de Gaza, Mohammad al-Farra, a annoncé dimanche l'immobilisation, faute de carburant, des camions de ramassage des ordures, qui collectaient 1.700 tonnes par jour, pour leur substituer "430 véhicules à traction animale".
  
Le directeur général de la santé et de l'environnement de la municipalité de Gaza, Abderrahim Abou al-Qoumbaz, s'alarme que "des centaines de milliers de tonnes de déchets s'entassent maintenant dans les rues de Gaza, attirant des nuées de mouches comme on n'en a jamais vu".
  
Une institutrice, Rim Abou Safia, doit empêcher ses élèves de s'approcher des déchets qui s'entassent près de son établissement "par crainte des maladies".
   "Nous supportons la pression du travail, aussi forte soit-elle, pour pouvoir vivre", soupire Mohammad Taramsa, 21 ans, du camp de réfugiés de Chati, qui nourrit son âne avec les légumes trouvés dans les ordures, vidant le contenu de sa charrette dans un grand container à côté d'une école.