Trois jours de violents combats ont fait 14 morts et plus d’une centaine de blessés.
Les miliciens de Bab el-Tebbané, encouragés et soutenus par certaines personnalités politiques et religieuses de Tripoli, ont lancé une véritable guerre de harcèlement contre l’Armée libanaise pour tenter de torpiller le plan de sécurité qui a mis fin à trois jours de violents combats qui ont fait 14 morts et plus d’une centaine de blessés.
Après avoir constaté que les mesures de sécurité de l’Armée étaient strictes et sérieuses, dans le but de ramener un calme durable dans la ville meurtrie, les miliciens de Bab el-Tebbané ont commencé à harceler les soldats qui s’employaient à démanteler les barricades et à enlever les remblais de terre érigés entre ce quartier et celui de Jabal Mohsen.
La situation a dégénéré lorsque l’armée est intervenue pour sauver une équipe de télévision (NTV) prise à partie par des miliciens alors qu’elle filmait les rues de Bab el-Tebbané. Des tirs ont éclaté entre les hommes armés et les soldats. Un militaire a été tué et neuf personnes blessées, dont six soldats, dans ces heurts. Parmi les blessés, il y a deux officiers.
Des jeunes encouragés par les caïds de quartiers et certains cheikhs de mosquées se sont ensuite rassemblés devant la caserne de Qobbé, pour réclamer la libération de miliciens arrêtés par la troupe. Très vite, la foule est devenue menaçante, scandant des slogans contre l’armée, qui a fait usage de gaz lacrymogène pour la disperser.
Le ministre de la Défense, Fayez Ghosn, a assuré que l'armée est «désormais prête à intervenir à chaque fois que la ville est confrontée à des circonstances exceptionnelles».
Un échange de tirs a également eu lieu entre l'armée et des miliciens au rond-point de Malloula après qu'un groupe de jeunes eut bloqué l'axe international reliant Tripoli au Akkar. Une personne, de la famille Awad, a été arrêtée pour avoir tiré des coups de feu en l'air. Les soldats ont appréhendé trois personnes recherchées pour avoir fait usage d'armes et pris part aux combats à plusieurs reprises. Il s'agit de Seifeddine et Bilal Nasr Hassoun, et Abdel Hamid Mohammad Awad.
Dans un communiqué, l'armée a précisé avoir déféré par ailleurs quatre suspects devant le parquet militaire, arrêtés pour leur implication dans les derniers affrontements. Il s'agit de Jaafar Tamer, Malaz Dibo, Alaa Dibo et Ahmad Chami. La tension à Tripoli est entretenue par les hommes politiques de la ville, qui ont des positions ambigües, encourageant les miliciens à faire face à l’Armée.
Le député du Courant du futur, Mohammad Kabbara, a ainsi insisté sur la nécessité d'appliquer le plan sécuritaire à Tripoli «de manière équitable et de manière à trouver le bon équilibre entre toutes les parties».
Le chef du Courant salafiste, cheikh Daï al-Islam al-Chahhal, a de son côté affirmé que ce plan de sécurité défavorise la communauté sunnite, prenant le contre-pied du mufti de la ville, cheikh Malek Chaar, qui a invité les protagonistes à adopter un discours calme.
Après des contacts en coulisses et de fortes pressions, cheikh al-Chahhal a annulé une manifestation qui devait avoir lieu ce vendredi à Tripoli, évitant la confrontation avec l'Armée.
Mediarama