Les messages latents derrière cet assassinat.
L’Occident est préoccupé par le fait que l’assassinat du leader de la Résistance, Hassan al-Lakkis, ne soit un acte israélien et que son l’objectif ne soit pas limité à l’assassinat de l’un de ses ennemis.
Israël est réellement furieux de l’accord conclu entre l’Occident et l’Iran. Il est encore plus en colère d’avoir été mis à l’écart par cet accord qui a négligé ses intérêts stratégiques lesquels ont pourtant été de tout temps sacrés aux yeux de l’Occident. Israël est furieux car il se retrouve, après cet accord, pieds et poings liés face au dossier nucléaire iranien. Israël est furieux car l’Occident a pour la première fois fait miroiter une contradiction possible entre ses intérêts et ceux de l’Etat hébreu et car ce qui s’est passé est un précédent appelé à se reproduire dans d’autres dossiers.
Tel-Aviv est conscient qu’il lui est impossible de s’engager dans une aventure directe contre l’Iran et qu’il est incapable de mener une telle guerre sans le soutien de l’Occident. Il sait aussi que sa bataille aujourd’hui consiste à porter un coup qui reviendra à dire à l’Occident, dans la foulée de la conclusion de l’accord avec l’Iran, qu’il n’est pas contraint à respecter son ordre du jour, et qu’il souhaite protéger ses capacités dissuasives. Israël veut aussi dire à l’Iran et à l’axe dont il fait partie que son accord avec l’Occident ne signifie pas la fin de sa guerre contre son projet nucléaire.
Il veut aussi dire au Hezbollah que son bras sécuritaire est toujours capable d’asséner des coups audacieux et, s’il le faudra, sans intermédiaire. Israël veut par-là faire sentir au Hezbollah et à travers lui à l’Iran qu’il est capable de traduire en acte son refus de l’accord entre Téhéran et l’Occident et qu’il est capable d’adresser des messages à ses nouveaux alliés, plus particulièrement à l’Arabie saoudite, pour lui dire que leur ennemi est le même et qu’elle pourra elle-même revendiquer un acte exécuté par Israël contre le Hezbollah.
La façon avec laquelle la Résistance a annoncé le martyre de Hassan al-Lakkis laisse entendre qu’il ripostera à ce crime. Une odeur de sang se dégage d’au-delà de la frontière sud… attendons de voir ce qui va advenir.
Ibrahim al-Amine : rédacteur en chef du quotidien al-Akhbar.
Al-Akhbar-Médiarama