24-11-2024 06:57 AM Jerusalem Timing

Crise de confiance entre l’Arabie saoudite et les Etats-Unis

Crise de confiance entre l’Arabie saoudite et les Etats-Unis

"Les pays du CCG doivent être associés à l’avenir aux négociations" entre les grandes puissances et l’Iran, a déclaré à Manama le prince Turki Al-Fayçal.

Crise de confiance entre l'Arabie saoudite et les Etats-UnisDéjà mis à mal par le conflit syrien, les liens entre les Etats-Unis et leur allié saoudien traversent une crise de confiance en raison de l'accord sur le nucléaire avec l'Iran, de l'aveu même de responsables saoudiens.

Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel, attendu lundi en Arabie saoudite, a tenté lors de la Conférence du dialogue de Manama, un forum régional, de rassurer les monarchies du Golfe, en affirmant que la présence américaine se maintiendrait dans la région malgré l'accord entre les grandes puissances et l'Iran.

Mais le ministre d'Etat saoudien aux Affaires étrangères, Nizar Madani, a affirmé que "les pays du Golfe ne doivent plus dépendre des autres pour assurer leur sécurité" en s'adressant à ce forum qui s'est achevé dimanche.

"Tous les pays ont réalisé que le suivisme aveugle d'une force étrangère n'est plus acceptable, et les Etats du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) doivent eux-mêmes décider de leur avenir", a encore dit le responsable saoudien, dont le pays est le chef de file de ce groupement régional.

Crise de confiance entre l'Arabie saoudite et les Etats-UnisChuck Hagel avait réitéré samedi l'engagement des Etats-Unis à l'égard de leurs alliés dans la région et indiqué qu'ils maintiendraient "plus de 35.000 militaires dans le Golfe et dans ses environs immédiats" face à l'Iran. Mais les Etats-Unis ne gardent plus, depuis 2003, de bases en Arabie saoudite.

Méfiance à l'égard de l'Iran

Turki Al-FayçalLe royaume a accueilli avec méfiance l'accord sur le nucléaire avec l'Iran, craignant qu'il n'encourage Téhéran dans ses ambitions régionales.

"Les pays du CCG doivent être associés à l'avenir aux négociations" entre les grandes puissances et l'Iran, a déclaré à Manama le prince Turki Al-Fayçal, membre influent de la famille royale saoudienne, ancien chef des renseignements.

Il a estimé que ces pays seraient les premiers affectés en cas d'action militaire ou de fuite nucléaire en Iran.

Le prince Turki a relevé un partage de rôles entre l'Iran et ses alliés dans la région. "L'Iran nous adresse de larges sourires, mais dans le même temps leur homme au Liban accuse l'Arabie saoudite", a-t-il dit, dans une référence au secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, qui a accusé Ryad d'être derrière l'attentat contre l'ambassade d'Iran à Beyrouth le 19 novembre.

L'accord avec l'Iran est venu ébranler davantage la confiance de l'Arabie saoudite, un des principaux soutiens de la rébellion armée en Syrie, envers les Etats-Unis qu'elle accuse de ne pas agir assez fermement contre la Syrie.

"Le monde entier assiste en spectateur au massacre du peuple syrien", a déploré le prince Turki, frère du chef de la diplomatie saoudienne Saoud Al-Fayçal.

Il a estimé "nécessaire de donner à l'opposition syrienne raisonnable les moyens de se défendre", en relevant que "les Etats-Unis ne le font pas".

Ryad n'avait pas caché sa colère après que le président Barack Obama a renoncé en septembre à des frappes contre la Syrie, et se méfie des intentions des Etats-Unis concernant la conférence dite de Genève-2.