Jean-Louis Denis nie recruter des volontaires et estime que c’est Dieu qui les choisit.
Un prédicateur islamique bien connu en Belgique et quatre de ses proches, suspectés d'avoir recruté des volontaires pour partir combattre en Syrie ont été interpellés lundi en région bruxelloise, a annoncé la justice belge.
La police judiciaire, section anti-terroriste, a procédé à l'aube à six perquisitions à Bruxelles et Londerzeel, au nord de la capitale belge, et a interpellé cinq personnes, selon un communiqué du parquet fédéral.
Il s'agit de Jean-Louis Denis, un Bruxellois de 39 ans converti à l'islam et qui se fait appeler "Jean-Louis le Soumis", de son épouse, de deux hommes et d'un adolescent dont les identités n'ont pas été révélées, a-t-on précisé de source judiciaire.
Fondateur du Resto du Tawhid ("l'Unique"), qui distribue de la nourriture aux plus démunis à proximité de la gare du Nord à Bruxelles, Jean-Louis Denis est un ancien dirigeant du groupuscule islamiste Sharia4Belgium, qui prône l'instauration de la loi islamique en Belgique.
L'enquête qui a mené à son interpellation avait été ouverte en avril après le départ pour la Syrie, à l'insu de leurs proches, de deux lycéens bruxellois. Elle a déterminé que les deux mineurs fréquentaient le Resto du Tawhid et que Jean-Louis Denis ne se contentait pas de distribuer de la nourriture, mais qu'il jouait également un "rôle prépondérant" dans le "recrutement d'un grand nombre de jeunes, dont plusieurs mineurs, qu'il encourageait à partir pour gagner la Syrie afin d'y mener le jihad armé", selon le parquet fédéral.
La "radicalisation semble s'opérer grâce à des prêches, des reportages vidéo et la diffusion de documentaires appelant au jihad", indique encore le parquet.
M. Denis nie avoir recruté des volontaires. "Je n'ai pas à les motiver, c'est Allah qui les a choisis", a-t-il expliqué récemment à la télévision belge RTBF.
L'enquête a aussi mis en évidence le "rôle de plusieurs de ses proches" dans la radicalisation de jeunes et dans "l'aspect logistique des départs pour la Syrie", selon le parquet fédéral, qui précise que des "documents, téléphones portables et du matériel informatique ont également été saisis".
"Le recrutement est considéré comme un acte de terrorisme" en Belgique, a réagi la ministre de l'Intérieur, Joëlle Milquet, qui avait averti la semaine dernière, aux côtés de son homologue français Manuel Valls, du "danger potentiel" représenté pour l'UE par les quelque 1.500 à 2.000 jeunes Européens ayant gagné la Syrie pour combattre dans les rangs islamistes.