Les Etats-Unis ont annoncé que le déploiement d’un bouclier antimissile en Europe ne dépendait pas des négociations des Six.
Les Etats-Unis comptent toujours installer leur bouclier antimissile (ABM) en Europe malgré le progrès des négociations sur le sort du programme nucléaire iranien, écrit lundi le quotidien Kommersant.
"Nos projets concernant l'ABM en Europe restent inchangés. Les USA déploieront par étapes de leurs moyens de protection et considèrent ce travail comme une contribution au projet commun de l'Otan", a ainsi déclaré Laura Lucas, porte-parole du Conseil national de sécurité.
Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, avait récemment proposé de renoncer à la mise en place de l'ABM européen puisque les USA et leurs alliés de l'Otan se référaient à la menace nucléaire iranienne pour justifier le déploiement de bases antimissile. D'après le ministre cet argument n'est plus recevable.
En effet, les autorités iraniennes ont accepté en novembre de geler pendant six mois leur programme nucléaire, de suspendre l'activité des entreprises qui enrichissent de l'uranium et de permettre aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) d'accéder aux principaux sites du secteur nucléaire iranien, dont l'usine de Fordo et le réacteur à eau lourde d'Arak. Durant cette période les représentants des six médiateurs internationaux espèrent s’entendre sur les détails de l'accord à venir.
"Si le programme nucléaire iranien était complètement arrêté et placé sous le strict contrôle de l'AIEA, les arguments actuels justifiant la mise en place de l'ABM en Europe ne seraient plus valables", a déclaré Sergueï Lavrov lors d’une récente réunion avec les ministres des Affaires étrangères de l'Otan à Bruxelles.
Cette position a été verbalement soutenue par l'Allemagne. D'après le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle, l'avenir du bouclier antimissile européen dépend entièrement du succès des négociations avec l'Iran. "Ces problèmes sont interdépendants. En cas de progrès majeur dans les pourparlers sur le programme nucléaire iranien, nous pourrons régler le problème de l'ABM qui suscite les objections de la Russie", a-t-il expliqué.
Malgré tout les Etats-Unis ont annoncé que le déploiement d’un bouclier antimissile en Europe ne dépendait pas des négociations des Six. Selon un représentant haut placé du département d'Etat, les arguments russes n'ont pas été soutenus "à l'unanimité par tous les ministres de l'Otan présents à la réunion".
"Le secrétaire d'Etat John Kerry a répété à plusieurs reprises que ce système ne servait pas uniquement à se défendre contre le programme nucléaire iranien mais également à parer une attaque de missiles. Le programme permet d'utiliser d'autres armes de destruction massive et nécessite une protection appropriée de notre part", a expliqué le représentant du département d'Etat lors d'un briefing à huis clos.
De plus, le président américain Barack Obama a reconnu samedi qu'il n'était pas encore certain du règlement définitif du problème nucléaire iranien. "D'après moi la probabilité que l'Iran tienne ses engagements est de 50/50", a-t-il déclaré à la Brookings Institution de Washington.
Le chef de la Maison blanche a rappelé que les Etats-Unis n'avaient pas l'intention de renoncer aux sanctions contre l’Iran et avaient donné une chance à Téhéran en réduisant la pression internationale. "Si dans les six mois à venir l'Iran montrait sa réticence à respecter cette entente, nous reviendrions à la politique de sanctions", a déclaré le président américain en rappelant que cette politique avait déjà prouvé son efficacité.