15-05-2024 09:12 AM Jerusalem Timing

Blocage des camions de l’Otan: Hagel avertit le Pakistan

Blocage des camions de l’Otan: Hagel avertit le Pakistan

... et menace de couper l’aide américaine

Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a averti lundi Islamabad que Washington pourrait réduire son aide militaire au Pakistan si ce dernier ne protégeait pas mieux les camions chargés de ravitailler les troupes de l'Otan en Afghanistan.
  
Les Etats-Unis ont suspendu il y a une semaine le trafic de ces camions dans le nord-ouest du Pakistan, leur principal point d'entrée (pour le ravitaillement) et de sortie (pour le rapatriement du matériel) d'Afghanistan, par mesure de sécurité en raison des manifestations anti-américaines organisées dans la région pour dénoncer les tirs de drones de Washington dans les zones tribales proches.
  
De passage au Pakistan pour quelques heures, M. Hagel s'y est entretenu avec les principaux dirigeants du pays, dont le Premier ministre Nawaz Sharif, avant de partir pour l'Arabie Saoudite où il a atterri dans l'après-midi.
 
 Il s'agissait de la première visite en quatre ans d'un secrétaire à la Défense au Pakistan, allié avec lequel les Américains entretiennent des relations houleuses.
M. Hagel a souligné l'importance d'une reprise du trafic des camions de ravitaillement de l'Otan, faute de quoi certains membres du Congrès américain pourraient, selon lui, être tentés de ne pas voter une aide militaire au Pakistan aussi importante que prévue.
 "Il y en a certains chez nous au Congrès... qui pourraient se saisir de cette affaire si elle continue à être un motif d'inquiétude", a-t-il déclaré, selon un responsable américain voyageant avec lui.
  
En échange de l'aide logistique pakistanaise au ravitaillement de l'Otan en Afghanistan, Washington a fourni depuis 2002 plus de 16 milliards de dollars d'aide sécuritaire au Pakistan confronté à une violente rébellion islamiste et englué dans une crise économique.
 "Le secrétaire Hagel a souligné qu'il était important de garder ouverte la route de ravitaillement vers l'Afghanistan et a remercié le Premier ministre (Sharif) pour son soutien continu", a confirmé dans un communiqué le porte-parole du Pentagone Carl Woog.
  
Selon plusieurs responsables américains, Nawaz Sharif et ses adjoints ont assuré à la délégation américaine que ce problème serait rapidement résolu.
 M. Hagel avait entamé cette visite au quartier général de l'armée pakistanaise, toujours considérée comme l'institution la plus puissante du pays, pour y rencontrer son nouveau chef, le général Raheel Sharif. Tous deux ont salué un entretien productif et réaffirmé leur volonté de travailler au maintien d'une alliance bilatérale de long terme.
  
Les frictions sont récurrentes entre Washington et Islamabad, alliés stratégiques de longue date qui ont renforcé leur partenariat après la fin 2001 et l'invasion de l'Afghanistan voisin par une coalition militaire menée par Washington.
  
Les Etats-Unis reprochent au Pakistan de ne pas en faire assez pour éradiquer, voire de favoriser, les bases arrières de rebelles islamistes talibans afghans et d'Al-Qaïda dans ses zones tribales du nord-ouest, frontalières de l'Afghanistan.
  
Depuis 2004, des drones américains bombardent régulièrement les zones tribales, des tirs officiellement condamnés par Islamabad qui dénonce une violation de sa souveraineté territoriale. Lundi, le Premier ministre Nawaz Sharif a de nouveau jugé les tirs de drones "contre-productifs" par rapport aux efforts déployés par son armée pour éradiquer les menaces d'attaques des talibans dans le pays.
  
Si Islamabad dénonce officiellement les tirs de drones, plusieurs documents confidentiels et témoignages dévoilés ces dernières années dans la presse ont fait état d'un accord officieux tacite entre les deux pays, et même d'une aide d'Islamabad, pour favoriser les tirs américains qui tuent régulièrement des combattants islamistes mais font également des victimes civiles.
  
M. Sharif a réaffirmé le soutien d'Islamabad à une sortie  de conflit pacifique en Afghanistan après la fin 2014 et le départ de la majorité des 73.000 soldats de l'Otan, surtout américains, qui y soutiennent le fragile gouvernement du président Hamid Karzaï face à la tenace rébellion des talibans.
  
En Arabie Saoudite, puis par la suite au Qatar, M. Hagel devait réaffirmer la solidarité américaine avec les pays du Golfe, dont certains, particulièrement les Saoudiens, s'inquiètent du récent dégel diplomatique entre Washingon et l'Iran, leur rival régional.