Certains pays membres du CCg craignent plus l’hegemonie saoudienne que le nucléaire iranien..
Les observateurs ont été frappés par le titre d'un journal saoudien édité à Londres évoquant les préoccupations du Conseil de coopération du Golfe envers ce qu’il appelle les efforts irano- omanais de démanteler le CCG.
Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) – composé des six pétromonarchies arabes du Golfe : Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar – se réunit le 10 décembre au Koweït afin de concrétiser un projet d'union lancé en 2011 par les Saoudiens face au "printemps arabe".
Or cette Union suscite des craintes de l'hégémonie saoudienne.
En effet, selon les médias arabes, le CCG qui se réunit pour sa 34e fois au Koweït est confronté à une division aigue suite à des différences qui ont éclaté entre ses membres, en particulier après les tentatives de pressions de la part de l'Arabie saoudite de forcer les Etats membres du CCG à adhérer au projet de l’union.
Quatre Etats se sont opposés au projet : Oman, le Kuweit , les Emirats-arabes unis et le Qatar..
Le ministre des Affaires étrangères d'Oman Youssef bin Alawi a déclaré qu’ « Oman est prêt à se retirer du Conseil de coopération du Golfe dans le cas de la réussite des efforts pour mettre en place union entre les six pays ».
« Nous n'allons pas empêcher l'union mais nous n'en ferons pas partie », a –t-il ajouté.
Une indication à la pression saoudienne qui dure depuis longtemps pour imposer son projet d'Union et ce malgré l'opposition de certains membres du CCG.
Ainsi, le Koweït a rejeté l'idée de l'Union au cours de l'année en cours ainsi que le Qatar et malgré tout l'Arabie saoudite est déterminée à déclarer l’Union du CCG avant ou sans l’accord de ses membres.
Pour les Koweïtiens, par exemple, l'idée d’un projet d’union les effraye car elle permet une légitimation de l’hégémonie saoudienne..
Dans ce contexte, une source koweïtienne a présenté différentes propositions, allant de l’union totale dirigé par l'Arabie saoudite à une union sécuritaire qui maintient la souveraineté sécuritaire de chaque Etat.
Le débat est ouvert : «où est donc la différence avec la forme actuelle du CCG car en fin de compte tout le monde sait que la domination de l'Arabie Saoudite est influente sur les pays du CCG ? »
Et la réponse de la source : « la crainte de légitimer cette domination et l’interprétation détournée de l'Arabie saoudite du terme privé au cas où l’Union devient une réalité ».
Même son de cloche pour le Qatar, surtout que ses relations avec l’Arabie-saoudite se sont détériorées de plus en plus suite à l’opposition ancestrale entre les salafistes et les Frères musulmans et qui a fait rage en Syrie et en Egypte clairement. A ce titre, les propos du ministre des Affaires étrangères Khalid al-Attiyah, reflète bien la distance entre les deux pays sachant que ce dernier a proposé une nouvelle version des négociations nucléaires sous la la formule «5 +2», incluant la participation des pays du CCG dans les négociations en tant que partie influente régionalement.
Toujours selon les observateurs, la pression de l'Arabie saoudite s’explique du fait de son échec cuisant dans la région que ce soit en Syrie ou au Liban ou d'autres pays arabes pour maintenir son prestige ou son rôle régional, d’où son insistance à imposer son projet d’Union aux pays du CCG pour se sentir fort contre les Etats faibles du CCG .
A ce titre, les propos de l’ex-directeur des services de renseignements saoudiens, le prince Turki Al- Faisal Al -Saoud , ne laissent aucun doute sur l’entêtement de l’Arabie-saoudite :«Oman a le droit d’exprimer sa position et son point de vue quoiqu’il en soit je ne pense pas que cela va empêcher l'Union».
Et d’ajouter : « la concrétisation de l'Union est inévitable, peu importe si Oman décide de rejoindre l’Union maintenant ou plus tard ou de ne pas rejoindre du tout. La question dépend d’eux. »
Des observateurs du sein de la CCG affirment que le projet saoudien est un message clair contre l’accord nucléaire irano-américain. Mais aussi il traduit la volonté de certains États du Golfe à se protéger après avoir ressenti que l'Occident les avait abandonné progressivement.
Selon une source proche, les propos qui ont été tenus par certains participants à la 34e réunion au ministre britannique des Affaires étrangères William Hague à Koweït refléter bien cette idée, puisque ces derniers affirment « que dans le passé la Syrie et l'Iran avaient besoin d’assurances et aujourd'hui c’est nous qui en avons besoin».
Et de rappeler que « l’une des raisons pour lesquelles le CCG a été créé en 1981 est le succès de la révolution islamique en Iran qui a éclaté deux ans avant le CCG. Et donc, la nécessité de créer un projet d'Union se résume dans la confrontation avec « l'ennemi iranien», d’où une politique de défense et une stratégie de sécurité unifiée du CCG..
« Car en fin de compte, l’union fait la force », conclut la source.
Toujours selon les observateurs, le problème pour l'Arabie saoudite c’est qu’elle tente d’entrainer l'Iran dans des questions internes. Or, il faut noter que la position de l'Iran envers le CCG n'a jamais été une position hostile , la preuve ses relations avec le Koweït , Oman , le Qatar et les Émirats arabes unis sans compter les visites mutuelles entre les responsables iraniens et les dirigeants de ces pays . Et donc comment ce journal saoudien accuse t-il l'Iran et Oman de chercher à démanteler le Conseil coopération du Golfe.
Or, si les positions du CCG envers l'Iran depuis sa création le 25 mai 1981 sont en fait que des attitudes hostiles . Le CCG a été créé sur ordre des États-Unis afin de contrecarrer la révolution islamique d’Iran et tenter de la renverser. Et, l'aide financière du CCG et les armes offerts à Saddam Hussein dans sa guerre contre l'Iran prouve l'attitude hostile du Conseil envers l'Iran.
Il ne faut pas oublier que l'Arabie saoudite a exercé une forte pression sur le reste des membres du conseil afin d’adopter des positions hostiles contre l'Iran..
La plupart ont cédé mais voilà que le Sultanat d'Oman refuse d’écouter l'Arabie saoudite et déclare publiquement son intention de se retirer du Conseil si l'Union s'impose de facto.
Affaire à suivre...