25-11-2024 11:35 AM Jerusalem Timing

La Cour des comptes de l’UE recommande de suspendre l’aide à Gaza

La Cour des comptes de l’UE recommande de suspendre l’aide à Gaza

L’UE a payé les salaires de fonctionnaires qui ne travaillaient pas depuis parfois six ans

Gustaf WessbergL'Europe devrait "radicalement modifier" son système d'aide financière à Gaza, où elle paye des fonctionnaires palestiniens qui "ne travaillent pas", a estimé mercredi la Cour des comptes de l'UE, s'attirant une réponse cinglante de la Commission qui défend sa politique.
  
L'aide financière accordée par l'Union européenne à l'Autorité palestinienne requiert "une révision approfondie", a plaidé le responsable du rapport, Hans Gustaf Wessberg, au cours d'une conférence de presse.

L'UE, qui est le principal bailleur de fonds de l'Autorité palestinienne, a, depuis 2007, versé environ 2,9 milliards d'euros pour des projets dans les territoires occupés, ce qui représente près de 20% de toute l'aide européenne destinée à la "politique de voisinage".
  
Une partie des salaires des fonctionnaires palestiniens de la bande de Gaza (enseignants, médecins) est réglée grâce à des fonds européens. Or, fait remarquer M. Wessberg dans son rapport, l'UE a payé les salaires de fonctionnaires qui ne travaillaient pas depuis parfois six ans.
Selon des estimations de la Cour des Comptes, environ 22% des fonctionnaires des services de santé et 24% de ceux du secteur de l'éducation reçoivent des subsides européens alors qu'ils ne travaillent pas.
 
 En conséquence, "une révision approfondie de certains aspects de l'approche actuelle devient indispensable", a dit M. Wessberg, tout en admettant que "des résultats importants ont été obtenus".
 Pegase, nom du principal programme d'aide aux Palestiniens, "est destiné à soutenir les services publics au profit de la population palestinienne, le paiement des fonctionnaires qui ne travaillent pas ne fait pas partie de cet objectif", souligne le rapport.
 Selon M. Wessberg, la Commission européenne et le service diplomatique de l'UE "n'ont pas prêté une attention suffisante à ce problème". Le rapport recommande de rediriger vers la Cisjordanie l'aide versée aux fonctionnaires de Gaza.
  
La Commission contre-attaque
 
Parmi les exemples de mauvaise gestion supposée des fonds européens, le rapport dénonce le remboursement de la TVA, à hauteur de plus de 2,5 millions d'euros, pour un hôtel 5 étoiles de la bande de Gaza, soit 23% de toute l'aide européenne versée aux entreprises à Gaza.
   "Ces paiements sont censés fournir un service public, or, quand les enquêteurs ont visité l'hôtel, en octobre 2012, il fonctionnait à peine", note le rapport.
  
Il s'inquiète aussi de la disparition de 90 millions d'euros destinés à permettre le fonctionnement de la seule centrale électrique de Gaza, qui a cessé de fonctionner en novembre faute de carburant.

Mise en cause, la Commission européenne a contre-attaqué, mettant l'accent sur la situation "très difficile" sur le terrain. "Nous n'avons pas trouvé de signes de corruption ou de mauvaise gestion" des fonds européens dans le rapport de la Cour des comptes, a soutenu Peter Stano, le porte-parole du commissaire chargé de la politique de voisinage, Stefan Füle.
  
Concernant les problèmes relevés à Gaza, il a rappelé que ce territoire, contrôlé par le mouvement islamiste Hamas, se trouvait "en dehors du contrôle de l'Autorité palestinienne". "Les gens de Gaza soutenus par l'Autorité palestinienne avec l'argent que fournit l'UE sont souvent empêchés d'aller travailler", a dit M. Stano.
  
Pour autant, a-t-il ajouté, "la Commission considère que l'Autorité palestinienne doit continuer de soutenir ces travailleurs à Gaza". "Sinon, si personne ne finance ces employés, ils seront beaucoup plus susceptibles d'être contactés et influencés par des extrémistes", a-t-il souligné.
   L'aide à Gaza permet de maintenir une présence sur place et de contribuer à l'unité d'un futur Etat palestinien, a estimé la Commission.
  
Entre 2008 et 2012, le programme Pegase a octroyé environ un milliard d'euros.
   Les trois-quarts de l'aide financière de Pegase servent à payer les salaires des fonctionnaires. Le reste permet de soutenir des familles vulnérables ou d'assurer le fonctionnement de services publics.