24-11-2024 06:41 AM Jerusalem Timing

L’Arabie saoudite désavouée par ses plus proches alliés.

L’Arabie saoudite désavouée par ses plus proches alliés.

Deux gifles ont été assénées aux Saoudiens

La politique radicale de l’Arabie saoudite à l’égard des dossiers régionaux, qui s’est illustrée par son hostilité à l’accord nucléaire conclu entre l’Iran et les grandes puissances et son opposition à la conférence de paix en Syrie, commence à se heurter aux nouvelles réalités géopolitiques et aux développements militaires.

Son discours va-t-en-guerre contre l’Iran s’est heurté à une fin de non-recevoir au sein même de son pré-carré du Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont le communiqué, publié mercredi à l’issue de son sommet au Koweït, a «salué les orientations de l’Iran». Les observateurs soulignent l’évolution de la position saoudienne au sujet de l’accord nucléaire, qui est passée du silence total, au scepticisme, avant de se «féliciter» du deal conclu entre Téhéran et le Groupe 5+1.

Ces mêmes observateurs voient dans ce changement -d’une rive à l’autre- la main des Etats-Unis, qui s’est traduite par l’éloignement des pays du Golfe des thèses saoudiennes. Il y a eu d’abord les visites réciproques entre des dirigeants de pays du Golfe (à l’exception de l’Arabie saoudite et de Bahreïn) et de l’Iran, puis la menace d’Oman de quitter le CCG si le projet saoudien de le transformer en union était concrétisé.

Contestée au sein même de son propre camp, l’Arabie saoudite a dû faire marche arrière sur le dossier iranien, adoptant des positions plus flexibles. Il faut dire que les Etats-Unis, tout en exerçant des pressions discrètes, ont offert au royaume une porte de sortie honorable, qui s’est illustrée par les visites du secrétaire d’Etat, John Kerry, et du secrétaire à la Défense, Chuck Hagel. L’annonce par ce dernier du maintien de 35.000 militaires dans la région du Golfe constitue, selon les observateurs, un lot de consolation.

L’autre gifle assénée aux Saoudiens est venue dans le dossier syrien. Là aussi, Riyad a joué les durs, refusant toute solution politique et encourageant les rebelles à poursuivre la guerre. Mais il semble que le royaume n’avait pas bien saisi l’importance des changements dans les positions américaines, surtout depuis la conclusion de l’accord avec la Russie sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien. La claque est venue mardi, avec l’annonce par les Etats-Unis –suivis quelques heures plus tard par les Britanniques- de la suspension des aides militaires «non létales» à l’Armée syrienne libre (ALS), après la prise de dépôts d’armes lui appartenant par le Front islamique. Or ce front a été créé il y a quelques semaines à peine, à l’initiative de l’Arabie saoudite, par l’union entre sept groupes extrémistes.

Reste le Liban. Dans ce pays, l’Arabie saoudite continue de bloquer la formation d’un gouvernement ainsi que les autres institutions. Certains observateurs voient dans les allusions du président de la République, Michel Sleïmane, de former un gouvernement «même s’il n’obtient pas la confiance du Parlement» (un euphémisme pour ne pas dire un cabinet de fait accompli), l’expression de pressions saoudiennes.

Mais comme dans tous les autres dossiers, Riyad finira par faire marche arrière, surtout que la situation au Liban est délicate et tout faux pas peut provoquer un embrasement général, qui mettrait en péril les autres pièces du deal en gestation.
Et cela, les Etats-Unis et la Russie ne l’accepteront pas.

Médiarama