Les chrétiens et les musulmans du Caire s’échangent les accusations sur les responsables du déclenchement des affrontements entre les deux parties.
Le Premier ministre égyptien Essam Charaf tenait dimanche une réunion de crise de son cabinet au lendemain des violents affrontements entre musulmans et chrétiens qui ont fait dix morts au Caire.L'armée, dépositaire du pouvoir, a annoncé qu'elle allait déférer les 190 personnes arrêtées dans le cadre de ces violences devant des tribunaux militaires.
Charaf, qui prévoyait une tournée dimanche aux Emirats arabes unis et à Bahreïn, a reporté son voyage et convoqué "une réunion d'urgence du cabinet pour examiner les événements regrettables à Imbaba", selon l'agence officielle Mena et la télévision d'Etat.
Samedi soir, de violents affrontements entre musulmans et chrétiens ont fait dix morts et
186 autres blessées, selon un dernier bilan de la télévision d'Etat.
C’est autour d'une église du quartier d'Imbaba, un quartier populaire du Caire, que les incidents se sont produits. Une chrétienne supposée vouloir se convertir à l'islam y serait enfermée, selon la version des agences de presse. Du côté des manifestants musulmans présents sur place, on affirme que les chrétiens ont commencé à tirer dessus.
Une autre église a été incendiée dans ce quartier, où d'importants effectifs de soldats et de policiers anti-émeutes ont été déployés.
Des militaires ont tiré en l'air pour tenter de séparer les deux camps. L'armée égyptienne a promis d'agir fermement contre les responsables de ces violences.
Le ministre de l'Intérieur, Mansour Al Issawi, s'est rendu sur place dimanche. Il a été pris à partie par des musulmans et des Coptes de ces quartiers réclamant davantage de sécurité, a rapporté l'agence Mena.
Selon Ali Abdel Rahmane, gouverneur de Giza, dont dépend Imbaba, le gouvernement a ordonné un dédommagement de 840 dollars pour les familles des victimes et 336 dollars pour celles des blessés.
L'une des plus hautes autorités musulmanes d'Egypte, le grand mufti Ali Gomaa, a appelé à "ne pas jouer avec la sécurité du pays" et a assuré que les troubles "ne pouvaient pas émaner de gens vraiment religieux, qu'ils soient musulmans ou chrétiens".
Les Coptes, ou chrétiens d'Egypte, représentent entre 6 et 10% de la population égyptienne, qui compte au total plus de 80 millions de personnes. Ils constituent la plus importante minorité chrétienne du Moyen-Orient.
Des polémiques alternant accusations et démentis sur des chrétiennes coptes qui seraient cloîtrées pour les empêcher de se convertir à l'islam alimentent depuis des mois une montée des tensions entre communautés.
Plusieurs manifestations à l'appel de salafistes ont eu lieu ces dernières semaines sur ce thème. La dernière, vendredi au Caire, a tourné au soutien à Oussama Ben Laden, le chef d'Al-Qaïda tué dans une opération commando américaine au Pakistan.
La communauté copte avait été visée par un attentat dans la nuit de la Saint-Sylvestre contre une église copte à Alexandrie (nord de l'Egypte) qui a fait 21 morts.