Quel avenir pour la dynastie des Saoud ?
Selon le site Al Hadath News , citant des sources fiables saoudiennes ,le chef du renseignement du royaume wahhabite, Bandar Sultan projette d'écarter le roi Abdellah du trône et de le remplacer par son propre frère !
Selon ces sources , Bandar aurait même conclu un accord secret avec les Américains en ce sens qui lui permettrait de détrôner le vieux roi et d'investir à sa place le jeune prince Salman , actuellement le numéro deux du ministère de la Défense.
Salman Ben Sultan Ben Abdel Aziz a vécu longtemps aux Etats Unis et entretient d'excellentes relations avec une grande partie de politiciens américains .
Mais comment compte procéder Bandar?
Selon le site , Bandar attend son heure et celle-ci devra sonner au lendemain de la mort du roi . la passation du pouvoir s'effectuera donc , d'après les plans de Bandar , aussitôt après la mort d'Abdellah. Mais quelle sera la réaction du clan pro Abdellah.
Les analyses prévoient une période de transition extrêmement violente si le roi Abdellah venait à mourir dans la mesure où le choix de ce dernier est déjà fixé sur la personne de son fils qui occupe la tête du ministère de la garde nationale.
La succession adelphique ou les faiblesses de ce type de succession
Le fondateur de l’Arabie saoudite moderne, Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud, a régné sur le pays jusqu’à sa mort en 1953. La couronne est alors revenue à son fils ainé et ensuite à ses demi-frères pour permettre à toutes les familles qui ont uni une fille à Ibn Saoud d’accéder au trône.
La première faiblesse de ce type de succession est de voir des princes de plus en plus âgés arriver au pouvoir. Le roi Abdallah a 89 ans et son héritier, Salman ben Abdelaziz Al Saoud en a 78.
La deuxième faiblesse est que le passage à la génération suivante est problématique. Comment désigner un candidat au trône parmi les centaines de petits enfants du fondateur du pays ?
La troisième faiblesse est que les plus grandes et plus puissantes tribus qui ont uni une de leurs filles à Ibn Saoud cherchent, en imposant leur candidat, à confisquer le pouvoir en écartant les princes les moins représentatifs.
Aujourd’hui, ce sont deux tribus qui luttent pour accéder au pouvoir et à la manne qui l’accompagne.
La tribu des Chammar est une des plus importantes du Moyen-Orient. Elle compte plusieurs millions d’individus répartis entre l’Arabie saoudite, l’Irak, la Syrie, le Koweït etc. Le roi Abdallah (qui n’a pas de frères), fils de la princesse chammar Fahda, douzième épouse d’Ibn Saoud, en est issu par sa mère. Les Al Rachid qui furent les grands rivaux des Al Saoud au XIXe siècle en font partie. Il est aussi à noter que l’actuel président de la coalition de l’opposition syrienne imposé par Riyad, Ahmad Jarba, fait partie de la tribu des Chammar.
Les Soudairi Seven, en référence aux Magnificent Seven sont les 7 fils d’Ibn Saoud et de la princesse Hassa bint Ahmed Al Soudayri. Il s’agit du roi Fahd, des princes Sultan (ex héritier), Abdul Rahman, Nayef (ex héritier), Turki, Salmane (actuel héritier) et Ahmed, tous fils du fondateur de l’Arabie saoudite moderne. Leur mère appartient à la puissante tribu des Soudairi qui est en concurrence directe avec les Chammar pour accéder au pouvoir en Arabie saoudite. Le roi Fahd régna de 1982 à 2005 mais un accident cérébral en 1995 le força à laisser la régence du royaume à son demi-frère et dauphin, le roi actuel Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud. Concrètement donc, le clan des Chammar est au pouvoir depuis 18 ans et les Soudairi attendent leur tour avec impatience. Deux des successeurs Soudairi au trône sont morts, le puissant prince Sultan ben Abdelaziz Al Saoud à l’âge de 83 ans et le prince Nayef ben Abdelaziz Al Saoud à 78 ans. Le prince Salmane qui a 78 ans est l’actuel prince héritier mais on le dit atteint de la maladie d’Alzheimer et donc inapte à diriger le pays.
Ce qui est sûr, c’est que ce passage à une génération suivante fermera définitivement la porte au trône à tous les prétendants évincés et un nouveau mode de succession devra être trouvé.
Intrigues et tractations
Les deux principaux clans se positionnent et cherchent des alliances pour voir leur candidat succéder au roi Abdallah qui n’a plus rien du fringant patriarche à la moustache noir-cirage des portraits officiels. Le roi Abdallah est usé par les maladies et ne peut plus se déplacer sans aide.
Si son successeur désigné, le prince Salmane est vraiment atteint de la maladie d’Alzheimer, le passage à la génération suivante devra vite se faire, d’autant plus que c’est le vœu des États-Unis qui, comme au Qatar, voudrait voir l’arrivée d’un roi plus jeune et plus proche de leurs intérêts.
C’est le Conseil d’allégeance composé de 35 membres de la famille royale censés représenter toutes les branches de la famille qui est chargé de désigner le successeur au trône. Il a été créé par le roi Abdallah (clan Chammar) en 2006 pour contrer l’influence grandissante des Soudairi (Sultan, Nayef…). Les tractations vont bon train et nul ne sait qui pourrait l’emporter. Les princes Soudairi sont nombreux, ils sont immensément riches et l’argent intéresse sûrement les princes les moins fortunées.
De leur côté, les Chammar occupent le pouvoir et le roi peut désigner les membres de ce Conseil à des postes rémunérateurs.
Le fils du roi Abdallah, Mutaib ben Abdallah Al Saoud (61 ans et Chammar) est à la tête de la Garde nationale avec le rang de ministre. C’est le corps le mieux équipé de l’armée saoudienne. (Unités d’élite, blindés, aviation.) Il est idéalement placé pour succéder à son père en cas de défaillance du prince Salmane ben Abdelaziz Al Saoud.
Du côté des Soudairi, le prince Khaled ben Sultan Al Saoud (64 ans) semblait le mieux placé pour succéder au roi Abdallah mais il a été écarté du Ministère de la Défense par le roi en juin dernier sans raison officielle. Les rumeurs de coup de palais (comme celle de l’assassinat du prince Bandar ben Sultan Al Saoud fin 2012) sont sans fondement. La mise à l’écart d’un rival de Mutaib ben Abdallah semble plus crédible. Officieusement, on lui reproche son manque d’efficience dans la conduite militaire (notamment contre les rebelles yéménites Houtis qui avaient pris le contrôle de villes saoudiennes en 2009) et pour ses contacts avec la Chine pour l’achat de missiles balistiques sans l’accord ni du roi ni de l’allié étasunien.
Cela ouvre la porte aux ambitions de nombreux autres princes comme le prince Mohammad Ben Nayef, le prince Mohammad Ben Salman voire même aux fils de l’ex roi Fayçal.
Quel avenir pour la dynastie des Saoud ?
Même si un compromis était trouvé entre les clans tribaux pour le partage du pouvoir, l’avenir de la dynastie saoudienne ne serait pas assuré.
La population, essentiellement jeune et ouverte sur le monde grâce aux média et aux voyages, ne supportera plus très longtemps d’être coincée entre des princes qui ponctionnent les richesses du pays et l’obéissance à des lois coraniques datant de près de 1400 ans.
S’il est vrai que les Saoudiens bénéficient d’avantages sociaux qui feraient pâlir d’envie n’importe quel travailleur occidental, il faut aussi savoir que la liberté d’expression est muselée par les deux pouvoirs. Les droits de manifestation ou de grève n’existent pas. Des critiques ou des actes contre l’islam ou contre les Saoud peuvent directement menerà la prison, voire à la décapitation sur une place publique.
Toutes les propositions de modernisation des règles de vie quotidienne se heurtent immédiatement à l’opposition des oulémas et il n’y a aucun signe de démocratisation qui serait donné par le gouvernement qui est quasi entièrement formé de princes de la famille Saoud.
En cas de confrontation entre les clans, une partition du pays n’est pas exclue mais quid alors des zones pétrolifères qui sont situées dans le nord du Golfe et qui sont majoritairement peuplées de chiites, religion apostate pour les sunnites.
A l’exception des zones pétrolifères (en zone chiite) les États-Unis n’ont pas d’intérêts particuliers en Arabie saoudite, pas de base militaire par exemple. Leur garantie de sécurité ne couvre pas une guerre civile entre clans de Saoud. Leur stratégie actuelle les pousse plutôt à ne pas intervenir dans ce type de conflit où ils ont beaucoup à perdre.
Beaucoup d’analystes pensent que la fin du régime saoudien est proche. Cela semble inéluctable au vu du décalage politique et religieux entre ce pays et les valeurs universelles du XXIe siècle.