27-11-2024 01:24 AM Jerusalem Timing

"King of the sand" ou le film qui a irrité l’Arabie saoudite

Le réalisateur Najdat Anzour s’exprime sur les raisons derrière l’opposition des émirs saoudiens au film.

«King of the sand», ou le roi des sables, est une biographie qui retrace l'histoire du terrorisme, ses racines et la relation du fondateur de l'Arabie Saoudite le roi Abdelaziz al-Saoud avec ce phénomène.

C’est un film anglais qui a été réalisé par le syrien Najdat Isamail Anzour.

Le film, officiellement sorti l’année dernière, a suscité la colère de l’Arabie après sa diffusion dans les salles anglaises, le 11 septembre.

 Le prince Talal Ibn Abdelaziz Asaoud, a demandé au président Bachar Al Assad d’intervenir pour que ce film ne soit pas diffusé.

L’attaque lancée par l’émir Talal, reflète le malaise saoudien à l’égard des vérités évoquées dans ce film.

Il évoque notamment les accords signés entre le roi Abdelaziz et la Grande Bretagne ainsi que les aides dont il a bénéficié de la part des Anglais afin de fonder cette monarchie.

Le film évoque aussi l'accord et le pacte survenus entre les Wahhabites et al-Saoud pour partager l'autorité et gouverner tout le territoire saoudien par l'épée et l’interprétation erronée du Coran, ce qui se poursuit jusqu'à nos jours ; et les résultats commencent à influer sur la région arabe tout entière.

Défiant toutes les menaces, ce film a été diffusé le 11 décembre à la Maison de l'Opéra à Damas.

Les wahhabites sont à l’origine du terrorisme dans le monde arabe 

Le réalisateur syrien Najdat Anzour M. Anzour, originaire d’Alep, s’exprime sur les raisons derrière l’opposition des émirs saoudiens au film.

Il indique dans une interview accordée au site Al-Ahednews, en langue anglaise, que «le Roi du Sable» a enfreint les interdictions et les tabous soulevés par la dynastie au pouvoir en Arabie.

En effet le film incarne la personnalité du roi Abdel Aziz al-Saoud qui était présentée comme héroïque et unificatrice.

Selon M.Anzour, l’image du roi, pour être bien construite, nécessite des recherches minutieuses dans les archives de l’Arabie, suite à une lecture sérieuse des étapes historiques de la région, notamment de ce qui a eu lieu il y a cent ans.

Des faits qui se reproduisent à l’heure actuelle, affirme le metteur en scène.

Ce dernier assure avoir effectué des recherches pour découvrir les origines du terrorisme dans le monde arabe.

Sur ce, il a trouvé que l’opportunité se présente pour projeter le film afin d’informer les nouvelles générations.

M. Anzour a noté avoir découvert que l’essence du phénomène du terrorisme était le mouvement wahhabite. Il a comparé ce dernier au virus qui tente de pénétrer dans la région.

Le metteur en scène syrien a voulu que son film soit tourné en langue anglaise pour s’adresser au monde entier.

«Le président Bachar Assad a approuvé l’exécution du film avant le début du conflit en Syrie», a-t-il ajouté.

Il affirme qu’il se soucie peu des menaces. «Je me comporte comme tout citoyen syrien, toujours préoccupé par les problèmes de son pays et de sa société».

M. Anzour lie entre ses positions nationales et la campagne saoudienne féroce menée à son encontre. «Je ne me suis pas rendu à Ankara ou au Caire pour dire ce que répètent les autres. Je n’ai pas suivi l’exemple de certains artistes qui avaient profité du régime syrien et puis ont manqué à leur devoir».

Selon ses propos, Talal Ben Abdel Aziz a été motivé dans sa campagne contre le film et son réalisateur, par la mise à jour de l’histoire louche de l’Arabie, contrairement à ce que prétend toujours ce royaume.

«En dépit de tout, certains sages existent encore dans ce royaume. Ils pourraient freiner les meurtriers qui se jouent de la région. Nous donnons une chance à l’émir Talal, mais ses propos devaient être adressés au régime de l’Arabie pour qu’il cesse la machine de la destruction, l’envoi des combattants en Syrie et le financement des mouvements terroriste».

M. Anzour indique a écarté la possibilité de la projection de son film dans les cinémas arabes en raison du refus des gouvernements. Il a toutefois noté qu’il pourrait être projeté au Liban, notamment dans la Banlieue sud.