Il y a eu deux tués: un soldat israélien et un officier libanais
Deux évènements ont entaché la sécurité du Liban ce dimanche. Presque concomitants, ils ont eu lieu à quelques minutes d’intervalle, au sud du pays, et soulèvent des questions s’ils relèvent vraiment de la pure coïncidence.
Contre Israël
Le premier a eu lieu à Ras Nakoura sur la frontière libanaise où un soldat israélien, a été tué par des tirs en provenance du Liban, et le second à Saïda, où un soldat libanais et 4 assaillants ont été tués.
S’agissant du premier, il est survenu lorsque qu’un soldat libanais a ouvert le feu sur une patrouille israélienne, soupçonnée d’être entrée au Liban, tuant un soldat,un sergent de 31 ans. Durant toute la nuit, le soldat libanais avait disparu, laissant croire qu’il a été enlevé par les militaires israéliens, mais il est réapparu au petit jour, ce lundi. Il s’était caché dans les buissons avoisinants, indique le site libanais elnashra, citant une source militaire libanaise.
Version israélienne
La mort du militaire israélien a été reconnue après un long mutisme dans un communiqué militaire israélien.
"L'armée confirme officiellement qu'un soldat des Force de défense israéliennes a essuyé des tirs alors qu'il conduisait près de Rosh Hanikra", tout près de la frontière avec le Liban, a indiqué le communiqué. "Le soldat a été soigné sur place puis évacué vers un hôpital. Il est mort ensuite de ses blessures", a ajouté l'armée.
Dans une première version, l'armée israélienne avait annoncé que c’est « un véhicule civil a été la cible de tirs vers 20H30 (18H30 GMT) près de Rosh Hanikra », appellation israélienne pour la région de Ras Nakoura.
Durant toute la nuit, l’état d’alerte maximale était décrété de part et d’autre de la frontière.
Israël calcule
Selon l’AFP, Israël calcule sa riposte.
"A notre connaissance, c'est un soldat libanais qui a tiré sur notre soldat. Nous tenons le gouvernement et l'armée libanaise pour responsables de ce qui arrive de leur côté", a déclaré le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon, selon un communiqué officiel.
Une réunion des officiers de liaison israéliens et libanais avec la Finul (Force intérimaire des Nations unies déployée dans le sud du Liban) est prévue lundi, a indiqué M. Yaalon.
"Nous exigerons que l'armée libanaise explique exactement ce qu'il s'est passé et si ce soldat a agi de sa propre initiative, ce qu'il est advenu de lui et comment l'armée libanaise compte empêcher que cela se reproduise", a indiqué le ministre israélien.
Un porte-parole de l'armée israélienne, le commandant Arye Shalicar, a affirmé à l'AFP qu'après cet accrochage, les militaires israéliens envoyés dans le secteur avaient repéré "deux suspects de l'autre côté de la frontière".
"Nous avons tiré sur eux et avons constaté qu'au moins l'un d'entre eux avait été touché. Nous pensons qu'il s'agissait de soldats libanais, impliqués dans les tirs contre le soldat", a-t-il ajouté.
Selon le site d'information Ynet, citant l'armée, le soldat libanais a tiré six ou sept balles et ouvert le feu très probablement "de sa propre initiative". Un porte-parole militaire a déclaré qu'Israël avait protesté contre cette "violation scandaleuse de sa souveraineté" auprès de la Finul (Force intérimaire des Nations Unies déployée dans le sud du Liban).
"L'armée israélienne a élevé son niveau de préparation le long de la frontière libanaise", a ajouté le porte-parole, le lieutenant-colonel Peter Lerner.
"Nous ne tolérerons aucune agression contre l'Etat d'Israël et nous maintiendrons le droit d'entreprendre des actions de défense légitime contre ceux qui attaquent Israël et ses civils", a-t-il ajouté.
Version libanaise
Selon l’agence d’information officielle libanaise, ANI, les forces israéliennes ont lancé des fusées éclairantes tout en effectuant des survols de la région. Des tirs des armes moyennes et lourdes ont été entendus jusqu'à Nakoura, tandis que la FINUL travaillait pour l'apaisement de la situation entre les deux parties.
Des sources militaires libanaises ont signalé pour le quotidien libanais al-Akhbar que l’ennemi israélien a ouvert le feu contre le barrage de l’armée libanaise directement et non sur le siège de la Sécurité Générale à Nakoura.
Finul : incident sérieux
Interrogé par l'AFP, le porte-parole de la Finul, Andrea Tinenti, a déclaré que la force onusienne "a été informée d'un incident sérieux le long de la +Ligne bleue+ et s'efforce de déterminer ce qui est arrivé".
"Le commandant de la Finul est en contact avec les autres parties et appelle à la retenue", a dit le porte-parole.
M. Tinenti a précisé que l'incident avait eu lieu du côté israélien de la "Ligne bleue" et que "toutes les parties coopéraient avec la Finul".
La "Ligne bleue" est celle tracée en 2000 par l'ONU lors du retrait des troupes israéliennes du sud du Liban, après une occupation de 22 ans.
Contexte de tension?
Jeudi dernier, l'armée israélienne avait fait état de coups de feu tirés par des "chasseurs" à la frontière libanaise. Des soldats israéliens avaient riposté mais l'incident n'avait pas fait de blessé.
Le 7 août dernier, l'armée libanaise avait annoncé que des soldats israéliens avaient été blessés par des explosions lors d'une incursion de 400 mètres à l'intérieur du territoire libanais. L'armée israélienne avait, elle, parlé de quatre soldats blessés, sans préciser de quel côté de la ligne ils se trouvaient.
Ces explosions avaient été ensuite revendiquées par le chef du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, et ce pour la première fois depuis la guerre de 2006
Le Hezbollah a récemment accusé directement Israël d'avoir assassiné l'un de ses chefs près de Beyrouth, le martyr Hassan Lakkis.
Double attentat terroriste
L’armée libanaise aussi a été au cœur du deuxième incident, un double attentat perpétré contre deux de ses barrages à Saïda.
Dans le premier, survenu à hauteur de la région Ouali, entrée nord de la ville en provenance de Beyrouth, un assaillant armé a jeté vers 21 :15 heure locale (19 :30 GMT) une bombe sur le barrage après l’avoir traversé, blessant deux militaires libanais. Il a été tué sur le champ, dans la riposte des soldats du barrage, ajoute le texte de l’armée.
Concernant le second incident, survenu vers 22 :00 heure locale, une voiture quatre-quatre de type Envoy transportant trois hommes armés est arrivée au niveau d’un autre barrage à Majdelyoune. L’un de ses passants en est descendu et a enlacé un officier libanais, le capitaine Same Rizk et s’est fait exploser en actionnant une bombe manuelle. Il a été tué sur le champ ainsi que le capitaine de l’armée libanaise. Les militaires du barrage ont alors tiré mortellement sur les deux autres terroristes.
Les assaillants, des hommes d’AlAssir
Selon le correspondant de notre chaine AlManar, le cadavre de l’un des deux terroristes en voiture portait sur lui une ceinture explosive.
Les premiers résultats de l’enquête, rapportés par des sources médiatiques, indiquent que les trois terroristes sont deux libanais et un palestinien. Ils seraient liées à l’un des deux terroristes qui ont perpétré le double attentat-suicide contre l’ambassade d’Iran à Beyrouth, le mois de novembre dernier et ils appartiendraient en conséquence à la mouvance du religieux libanais recherché par la justice libanaise, Ahmad AlAssir, pour avoir commandité les attaques de Adra, contre l'armée libanaise, et causé la mort de militaires libanais.