23-11-2024 07:26 PM Jerusalem Timing

L’Irlande sort du plan d’aide

L’Irlande sort du plan d’aide

Elle ne renouera plus jamais avec une culture de "spéculation", promet son Premier ministre

Enda Kenny

L'Irlande sort du plan d'aide mais la vie ne changera pas "du jour au lendemain"

L'Irlande est devenue dimanche le premier pays de la zone euro à s'affranchir d'un plan d'aide international mais la vie de la population, éprouvée par une cure d'austérité drastique, ne changera "pas du jour au lendemain", a prévenu le Premier ministre.
  
Dans une allocution télévisée, le chef du gouvernement Enda Kenny a officiellement annoncé la sortie du plan de sauvetage de 85 milliards d'euros que son pays avait été contraint d'accepter de la part de l'Union européenne et du FMI en 2010, quand l'explosion de la bulle immobilière menaçait son système bancaire d'une faillite totale.
  
Trois ans plus tard, "c'est une étape importante mais ce n'est pas une fin en soi", a prévenu le Premier ministre. "Nos vies ne vont pas changer du jour au lendemain".
 Enda Kenny a salué les "sacrifices" consentis par la population irlandaise, soulignant que "pour beaucoup, les récentes améliorations de la situation économique ne se sont pas encore fait sentir dans la vie quotidienne".
   Mais il a indiqué que "ce n'était pas le moment de changer de direction", et qu'il fallait "poursuivre des politiques budgétaires prudentes".
  
Le pays de 4,6 millions d'habitants, qui a reçu ses dernières tranches d'aide de la zone euro et du FMI cette semaine, fait désormais figure d'exemple pour les trois autres Etats européens encore sous assistance financière: Chypre, la Grèce et le Portugal.
"Demain matin, l'Irlande sera à nouveau dans la position d'un membre à part entière de la zone euro", s'est félicité le chef du gouvernement. "A partir de demain, nous aurons accès aux marchés financiers de la même façon que les autres pays".
  
Le dirigeant centriste a annoncé que le gouvernement allait cette semaine présenter un programme économique sur sept ans destiné à "garantir que jamais plus la stabilité de l'Irlande ne soit menacée par la spéculation et l'avidité". "Nous ne renouerons jamais avec cette culture", a-t-il dit.
 Il a affirmé que le pays avait déjà réalisé "plus de 90% des coupes dans les dépenses publiques et hausses d'impôts nécessaires" et affirmé sa volonté de réduire d'un quart la dette publique d'ici 2020.
 Le gouvernement entend aussi mettre l'accent sur les créations d'emplois, dans un pays où le taux de chômage reste élevé (12,8%).
 "Créer davantage d'emplois améliorera aussi nos finances publiques et nous aidera à mettre un terme à l'ère des budgets difficiles", a-t-il ajouté.
  
Si le pays a renoué avec la croissance, celle-ci reste toutefois en dents de scie, et la demande intérieure déprimée. Et le secteur bancaire, bien que réformé, continue à présenter des risques, selon les analystes.
  
Le FMI, tout en saluant la mise en œuvre "sans relâche" du programme de réformes par les autorités de Dublin en annonçant un treizième et dernier versement de 650 millions d'euros vendredi, a ainsi souligné que l'Irlande était "encore confrontée à d'importants défis".
  
La sortie du plan d'aide semble susciter peu d'enthousiasme chez la population, à en croire un sondage en ligne du site d'informations TheJournal.ie dimanche : seuls 6% des 3.500 participants à cette enquête se disaient "plus heureux aujourd'hui".
  
Pour autant aucune manifestation notable contre l'austérité n'a été organisée dimanche dans ce pays, qui n'a pas connu ces trois dernières années de mouvement de protestation d'ampleur comme en Grèce.
Signe d'un fort malaise pourtant, les Irlandais émigrent massivement, avec près de 90.000 départs chaque année. Plus d'un quart de la population a été touché par le départ d'un proche et la moitié des 18-24 ans envisagent d'émigrer, selon l'organisation de jeunesse NYCI.
  
Malgré les ombres au tableau, le gouvernement a choisi de sortir du plan d'aide sans filet, renonçant à demander à ses partenaires internationaux une ligne de crédit par précaution.
La Commission européenne continuera toutefois de surveiller de près les progrès de l'Irlande jusqu'à ce que 75% des aides soient remboursées.