Selon Haaretz le Hezbollah préférerait des attaques discrètes - par exemple en agissant par l’intermédiaire de soldats libanais - pour ne pas se retrouver accusé et éviter d’être entraîné dans une véritable guerre avec Israel.
L'armée israélienne a riposté lundi de manière limitée à la mort d'un de ses soldats touché par des tirs à la frontière libanaise en ouvrant le feu sur deux Libanais, en attendant de déterminer la nature de l'attaque.
Un sergent israélien de 31 ans a été tué par des tirs en provenance du Liban alors qu'il conduisait un véhicule aux environs de Rosh Hanikra, tout près de la frontière, selon l'armée, précisant qu'il avait essuyé six ou sept
tirs.
"A notre connaissance, c'est un soldat libanais qui a tiré sur notre soldat. Nous tenons le gouvernement et l'armée libanaise pour responsables de ce qui arrive de leur côté", a déclaré le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon, selon un communiqué officiel.
Une réunion des officiers de liaison israéliens et libanais avec la Finul (Force intérimaire des Nations unies déployée dans le sud du Liban) est prévue lundi, a indiqué M. Yaalon.
"Nous exigerons que l'armée libanaise explique exactement ce qu'il s'est passé et si ce soldat a agi de sa propre initiative, ce qu'il est advenu de lui et comment l'armée libanaise compte empêcher que cela se reproduise", a indiqué le ministre israélien.
Un porte-parole de l'armée israélienne, le commandant Arye Shalicar, a affirmé qu'après cet accrochage, les militaires israéliens envoyés dans le secteur avaient repéré "deux suspects de l'autre côté de la frontière".
"Nous avons tiré sur eux et avons constaté qu'au moins l'un d'entre eux avait été touché. Nous pensons qu'il s'agissait de soldats libanais, impliqués dans les tirs contre le soldat", a-t-il ajouté.
L'incident n'a pas été confirmé de source militaire libanaise, mais l'armée libanaise a fait état lundi d'un survol de drone israélien au-dessus de Naqoura, dans le sud du pays, pendant plus de deux heures dans la nuit.
Selon une source militaire libanaise, les militaires libanais, en charge de la position la plus proche du lieu de l'incident, étaient lundi à leur poste, situé à 500 mètres de la ligne d'armistice entre les deux pays, près de Ras al-Naqoura, à l'extrême sud-ouest du Liban.
Un correspondant de l'AFP a vu trois soldats postés dans un abri où se trouvent des équipements de communications.
Par ailleurs "une enquête a été ouverte pour établir les circonstance de l'incident de dimanche", selon la source militaire libanaise.
Le porte-parole de la Finul, Andrea Tinenti, a confirmé que la force onusienne avait été "informée d'un grave incident", sur lequel elle enquêtait.
Accrochage le plus meurtrier depuis 2010
Il s'agit de l'accrochage frontalier le plus meurtrier depuis août 2010, quand un soldat israélien, deux soldats et un journaliste libanais avaient été tués.
Les commentateurs des médias israéliens soulignaient que, comme à l'époque, l'ampleur des représailles dépendrait du fait de savoir s'il s'agissait d'une attaque isolée ou au contraire d'une opération ordonnée par le Hezbollah ou par l'armée libanaise.
Le Hezbollah nourrit des motifs de vengeance, en particulier après l'assassinat au début du mois d'un de ses chefs, imputé par le Hezbollah à "Israël", qui a démenti, rappelle le correspondant militaire du quotidien Haaretz.
Selon lui, déjà empêtrés dans des crises régionales, "ni Israël ni le Hezbollah ne souhaitent une vaste confrontation militaire".
"Dans le même temps, il semble que le Hezbollah préférerait des attaques discrètes - par exemple en agissant par l'intermédiaire de soldats libanais - pour ne pas se retrouver accusé et éviter d'être entraîné dans une véritable guerre avec Israël", écrit-il.