Idriss, Mokdad et Saker recherchés par l’ASL cheikh Arrour accuse l’EIIL de lien avec le pouvoir irakien Amnesty Internationale accuse l’EIIL de torture.
Alors que la rencontre de Genève-2 a été arrêtée pour le 22 janvier prochain, l’ambiance au sein de l’opposition syrienne et de ses milices en action en Syrie est des plus infestes.
Parmi ses chefs et ses membres, arrestations et liquidations ont plus que jamais le vent en poupe. Accusations et contre accusations de traitrise fusent de partout.
Comme si chacun d’entre eux cherchait un bouc émissaire pour les horreurs et les exactions commises !
Les anciens chefs de l’ASL recherchés
Ce vendredi, le Commandement Conjoint de l’Armée Syrienne Libre (ASL) a ordonné l’arrestation de son ancien chef d’Etat-major, le colonel Selim Idriss, ainsi que du porte-parole de la milice Louay Mokdad et du député libanais Oukab Saker.
Selon le communiqué de cette instance, les trois hommes sont accusés de corruption, et de vente d’armes et de munitions à des groupuscules extrémistes ou loyalistes ou de les avoir vendus au marché noir. En allusion semble-t-il au contenu des dépôts d’armes situés dans la région frontalière avec la Turquie de Bab el-Hawa, d’où l’ASL a été délogée par la milice d’Al-Qaïda l’Etat Islamique en Irak et au Levant. Il a été dit que ces armements sont désormais tombés entre les mains de cette dernière. Le Commandement semble vouloir innocenter l’EIIL !
Oukab Saker : militariser la contestation
Le Commandement Conjoint a dit soupçonner l’Etat-major de l’ASL d’avoir « toujours été infiltré par des éléments du régime syrien et du Hezbollah », accusant le député Oukab Saker d’avoir réussi dans sa mission de « militariser la révolution, de l’avoir islamisé, et d’y avoir semé la corruption et les divisions en s’achetant les loyautés des miliciens ».
A noter que le député libanais en question est membre du Courant du Futur, dirigé par l’ancien Premier ministre Saad Hariri, et soutenu par l’Arabie saoudite et n’a rien à voir avec le Hezbollah, d’autant qu’il est un farouche opposant au pouvoir syrien.
Coalition et CNS, des opportunistes
En plus de l’Etat-major, le Commandement conjoint a discrédité les deux principales instances politiques de l’insurrection : la coalition de l’opposition et de la révolution et le Conseil national syrien, les taxant toutes deux d’être des « opportunistes et des corrompus ». Les Etats-Unis et l’instance internationale des « Amis de la Syrie », ont eux aussi leur lot d’accusations comme quoi « ils ont exploité bassement le sang des Syriens ».
« Ni l’Etat-major, ni la Coalition ni le conseil n’ont aucune influence ou pouvoir sur le terrain. Ceux qui les ont façonnés ne leur ont pas donné les moyens de la vie et ces formations n’ont même pas essayé de tisser des liens avec l’intérieur », conclut le Commandement Conjoint.
C’est la 2ème fois pour Idriss
A noter que c’est la deuxième fois que le Commandement exige l’arrestation d’Idriss. La première ayant été décrétée à la fin du mois d’octobre dernier, lorsqu’il a reconnu la responsabilité de l’ASL dans les massacres qui ont coûté la vie à des centaines de civils, sur le littoral de Lattaquié, dans le cadre de l’opération « la bataille pour la libération du littoral », qu’il avait lui-même lancée.
Arrour : l’EIIL agent du pouvoir irakien!
Le guide spirituel de l’insurrection en Syrie s’est lui aussi mêlée à cette campagne d’accusations.
Jeudi, cheikh Adnane Arrour qui vit en Arabie saoudite depuis l’éclatement de la crise a fait une intervention sur la télévision saoudienne Chaza, pour critiquer la milice d’Al-Qaïda en Syrie l’Etat Islamique en Irak et au Levant.
Il a accusé en particulier l’un de ses chefs, Abou Ayman l’Irakien, désigné comme Prince du littoral d’être un officier des services de renseignements irakiens.
Il a même offert une récompense à quiconque parviendrait à l’arrêter pour le traduire devant les tribunaux religieux, le qualifiant de « rafidite hypocrite ». L’appellation « rafidite » désignant généralement aux chiites.
Selon lui, Abou Ayman de recrute et de prépare les candidats aux attentats suicides venus en Syrie d’Arabie saoudite parce qu’il veut se débarrasser d’eux.
Il reproche surtout à l’EIIL d’avoir liquidé les membres de la milice Ahrar esh-Sham (Libres du Levant), de l’Armée syrienne libre.
Les liquidations imputées à l'EIIL
Ces derniers mois, l’opposition avait attribué à un autre chef de l’EIIL, Abou Wael l’Irakien, d’avoir exécuté dans la province de Lattaquié le mois de novembre dernier l’ancien chef d’une milice turcomane de l’ASL, « Brigades al-Hijra ila Allah » (Brigades de l’émigration vers Dieu) et qui s’appelle cheikh Jalal Bayerli, ainsi que 6 de ses partisans.
Elle lui impute aussi la mort d’Abou Bacir al-Lazekani (de Lattaquié), un autre chef de milice de l’ASL, surnommé Maaz Abdel-Salam, également dans la province de Lattaquié.
La mort et la séquestration des membres d’un hôpital de fortune à proximité du village Rabia dans la province de Lattaquié lui sont aussi reprochées.
Et les liquidations continuent
Justement sur le terrain, les liquidations de part et d’autres vont aussi bon train
Dans la région de Deraa, le Front al-Nosra, la milice d’Al-Qaïda, a exécuté un responsable de l’ASL Mohammad Marwane Al-Jahmani, connu sous le nom de guerre Abou Omar le Libyen.
Durant son jugement, ce milicien aurait reconnu avoir commis des crimes, des viols et des vols et d’avoir aussi traité avec les services de sécurité syrien, est-il écrit dans le communique du front, rapporte le site de la télévision iranienne arabophone al-Alam.
Alors qu’à Alep, il est surtout question de la disparition d’un important chef du Front al-Nosra, Ahmad Turki Oso, qui aurait été enlevé par l’EIIL. Ce milicien qui dirigeait un petit groupuscule intitulé « brigades des sabres de la Chahba (un des sobriquets de la ville d’Alep) », avant de rejoindre les rangs du Front al-Nosra pour devenir l’un de ses commandants les plus importants a disparu depuis 5 jours, alors qu’il se rendait à Alep pour y rencontre le prince du front.
Selon le site aleppin Tahtel-Mijhar, au moment même de sa disparition, des inconnus ont attaqué le siège du front à Hayyane, une banlieue d’Alep, dérobé les armes stockées et enlevé deux miliciens.
Amnesty accuse l’EIIL, pourquoi par l’ASL ??
Dans ce pêle-mêle d’accusations, Amnesty international a eu aussi son mot à dire. Jeudi, elle a accusé l’EIIL, d'enlever, de torturer et de tuer des détenus dans des prisons secrètes installées sur les territoires qu'il contrôle en Syrie.
L'organisation des droits de l'Homme affirme que parmi les prisonniers détenus par l’État islamique en Irak et au Levant figurent des enfants, dont certains âgés d'à peine 8 ans, et que les mineurs sont soumis au fouet et emprisonnés avec les adultes dans des conditions "cruelles et inhumaines".
Les prisonniers sont enlevés par des hommes masqués, détenus des semaines à l'isolement, puis jugés par des tribunaux appliquant (soi-disant la charia (la loi islamique)), qui condamne à la peine capitale ou aux coups de fouet sans aucune procédure ou presque, ajoute Amnesty.
D'anciens prisonniers ont raconté avoir été battus avec des câbles, soumis à des chocs électriques, ou encore maintenus dans la douloureuse position dite du "scorpion", rapporte l'organisation dans un communiqué.
"Après avoir souffert des années de la brutalité du régime (du président Bachar al-Assad), les habitants de Raqqa (est) et d'Alep souffrent maintenant de la tyrannie imposée par l'EIIL", explique Philip Luther, le responsable d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
Selon Amnesty, certaines personnes sont détenues pour des crimes, d'autres pour avoir fumé, eu des relations sexuelles hors mariage, ou parce qu'ils appartiennent à d'autres groupes armés. Ces derniers mois, l'EILL a kidnappé des dizaines de militants et journalistes-citoyens syriens, ainsi que des journalistes étrangers, ajoute le communiqué.
Amnesty cite le cas d'un juge ayant instauré un "règne de la terreur": il rend ses jugements, une ceinture d'explosifs à la taille, et distribue les peines en quelques minutes.
L'organisation rapporte également le cas de deux adolescents de 14 ans condamnés à être fouetté, et celui d'un père obligé d'écouter les cris de son fils, torturé dans une pièce voisine.
Amnesty a demandé à la Turquie et aux pays du Golfe - qui soutiennent l'opposition syrienne - de prendre des mesures pour limiter les livraisons d'armes à l'EIIL et aux autres groupes accusés de violer les droits de l'Homme.
Et l'ASL??
Mais ce qu’Amnesty International ne dit pas c'est que l’ASL aussi a pratiqué la torture à grande échelle, sans oublier les kidnappings et les liquidations d’individus et les massacres de groupes !
Non seulement, elle n’a jamais été incriminée , mais il semble même que toutes les exactions qu’elle a commises ont été attribuées aux milices extrémistes.
Ce serait d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles elles les introduites en Syrie : pour leur faire incomber le sale travail et leur faire adosser celui qu’elle a fait !!