La police anti-émeutes a tiré des gaz lacrymogènes et utilisé des lances à eau contre une dizaine de milliers de manifestants anti-Erdogan.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a menacé dimanche de "casser les bras" à ses adversaires politiques s'ils utilisent le scandale de corruption en cours pour saper son pouvoir.
"On va remettre chacun à sa place", a dit Erdogan devant une foule vibrante de sympathisants de son Parti de la Justice et du Développement (AKP) dans la province de Giresun, sur les bords de la Mer Noire.
"Quiconque ose nous faire mal, semer des troubles ou nous tendre des pièges dans ce pays, nous lui casserons les bras", a-t-il martelé.
Au même moment, à Istanbul, la police anti-émeutes a tiré des gaz lacrymogènes et utilisé des lances à eau contre une dizaine de milliers de manifestants dénonçant les projets immobiliers grandioses du gouvernement et reprenant les accusations de corruption qui le visent.
Une vaste affaire de corruption a été révélée la semaine dernière. Vingt-quatre personnes ont été inculpées à ce jour, y compris les fils du ministre de l'Intérieur Muammer Guler et du ministre de l'Economie Zafer Caglayan, ainsi que le PDG de la banque publique Halkbank, Suleyman Aslan.
Au domicile de ce dernier, la police a saisi 4,5 millions de dollars cachés dans des boites à chaussures. Dimanche, certains des manifestants brandissaient des boites de chaussures pour le rappeler.
Sérieusement ébranlé par cette tempête politico-financière qui survient à quatre mois des élections municipales, M. Erdogan à lancé une purge de chefs de la police, à qui il reproche de ne pas avoir informé leur tutelle politique de l'enquête qui la vise.
Vingt-cinq autres hauts responsables de la police ont été renvoyés, après une première vague d'une cinquantaine de limogeages, ont rapporté les médias dimanche.
M. Erdogan a déclaré qu'il combattait "un Etat dans l'Etat" et décrit l'enquête sur la corruption comme une opération de dénigrement contre son parti, au pouvoir depuis 2002.
Les critiques du Premier ministre l'accusent d'essayer désespérément de protéger ses alliés, et la nomination de Selami Altinok, un gouverneur peu connu et qui n'a pas fait sa carrière dans la police, à la tête de la police d'Istanbul a été perçue comme une tentative d'arrêter l'enquête.
Le chef du gouvernement n'a pas dit qui était derrière ce qu'il qualifie de "sale opération" dirigée contre son gouvernement. Mais tous les observateurs ont reconnu dans cette mise en cause la puissante confrérie du prédicateur musulman Fetullah Gülen, très influente dans la police et la magistrature.
Alliée de l'AKP depuis son arrivée au pouvoir en 2002, cette organisation est entrée en guerre contre le gouvernement à cause d'un projet de suppression d'écoles privées.