"Le silence des dirigeants israéliens est triste et honteux. Nous ne pouvons pas accepter que ces révélations passent inaperçues".
C’est avec retenue mais non sans critique qu’"Israël" a réagi au communiqué dévoilant l'espionnage de l'Etat hébreu par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, en exigeant de cesser ces pratiques, écrit mardi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Les révélations de l'ex-analyste des renseignements américains Edward Snowden montrent que Washington et Londres surveillaient des centaines de cibles à travers 60 pays, y compris chez leurs alliés proches tels qu'"Israël", la France et l'Allemagne. Snowden a d’ailleurs fait part de son intention d'obtenir l'asile politique permanent au Brésil ou en Allemagne, les deux pays les plus indignés par cette surveillance.
D'après le New York Times, The Guardian et Der Spiegel qui se réfèrent à des documents de 2008-2011, les renseignements américains et britanniques suivaient plus de 1 000 personnes dans plus de 60 pays, notamment des dirigeants étrangers, des chefs d'organisations internationales (UNICEF, l'Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement, Médecins du monde, etc.), des grandes compagnies énergétiques étrangères comme les français Total et Thales et des hauts fonctionnaires de l'UE.
La NSA et le Government Communications Headquarters (GCHQ) britannique espionnaient aussi les alliés proches de Washington et de Londres comme Tel-Aviv, Paris et Berlin. Mais si les renseignements américano-britanniques s'étaient déjà compromis en France et en Allemagne, on n'aurait jamais imaginé qu'ils interceptaient également des courriels de certains hauts fonctionnaires israéliens, dont le premier ministre. Au moment où ce document a été établi (janvier 2009) ce poste était occupé par Ehud Olmert. Dans un rapport ultérieur de la même année on mentionne le piratage des courriers électroniques du ministre de la Défense
Ehud Barak. Deux ambassades de l'entité sioniste et l'Institut de physique de l'Université hébraïque de Jérusalem étaient également sous surveillance.
Ehud Olmert n'a pas été trop offusqué par ces révélations. Selon lui, il s'agissait de son adresse de travail et aucune information confidentielle n'était censée y figurer. Selon Olmert, l'écoute de ses lignes téléphoniques aurait été un scandale bien plus important mais aucune information ne prouve que ce fût le cas. Ehud Barak a également expliqué qu'il aurait été surpris de ne pas être surveillé.
Dans l'ensemble, donc, la réaction de Tel-Aviv est toute en retenue. Le premier ministre Benjamin Netanyahou, qui ne possède d'ailleurs pas d'ordinateur de travail et n'utilise pas de courriel pour éviter la surveillance, n'a fait aucune déclaration à ce sujet. Seul le ministre de la Stratégie et du Renseignement Yuval Steinitz a dénoncé le caractère inadmissible d'un tel comportement de la part d'un pays allié.
Certains hommes politiques ont toutefois lancé des initiatives : le ministre des Transports Israël Katz tente de persuader le gouvernement d'exiger l’arrêt de la surveillance américaine; le ministre du Logement Uri Ariel attend également les excuses de Washington ; et le député de centre-gauche du parti travailliste Avoda Nachman Shai, qui supervise à la Knesset les relations israélo-américaines, a annulé la réunion spéciale du comité pour les affaires étrangères et la défense. Il a déclaré qu'"Israël" n'avait pas espionné les USA depuis 1987, quand l'analyste du renseignement naval américain Jonathan Pollard avait été condamné à la perpétuité pour avoir espionné les USA au profit de l'entité sioniste.
"Le silence des dirigeants israéliens est triste et honteux. Nous ne pouvons pas accepter que ces révélations passent inaperçues. De la même manière que l'Allemagne et le Brésil, nous devons demander des explications aux USA ou au moins la confirmation qu'ils ont cessé de nous espionner", a déclaré Nachman Shai.