La police disperse une manifestation contre la corruption à Istanbul.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé mercredi soir un vaste remaniement ministériel après la démission plus tôt dans la journée des ministres de l'Intérieur, de l'Economie et de l'Environnement mis en cause dans un retentissant scandale politico-financier.
Parmi les ministres remerciés figure notamment celui des Affaires européennes Egemen Bagis, dont le nom a également été cité par la presse dans cette affaire qui secoue le sommet de l'Etat turc depuis huit jours.
M. Bagis, qui ne fait pour l'heure l'objet d'aucune poursuite de la part de la justice turque, a été remplacé par un député du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002, Mevlut Cavusoglu.
Au total, dix ministres ont été remplacés à l'occasion de ce remaniement, dont ceux de l'Intérieur Muammer Güler, de l'Economie Zafer Caglayan et de l'Environnement Erdogan Bayraktar, démissionnaires.
Ils ont été remplacés par Efkan Ala (Intérieur), jusque-là sous-secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, et les députés Nihat Zeybekçi (Economie) et Idris Güllüce (Environnement et Urbanisme).
Comme prévu avant que ce scandale n'éclate, les ministres de la Justice, de la Famille et des Transports, candidats aux élections municipales de mars prochain, ont également été remplacés.
Les ministres de l'Intérieur, de l'Economie et de l'Environnement ont quitté leurs fonctions mercredi après la mise en cause de leurs fils dans le cadre d'une vaste enquête anticorruption qui a provoqué une crise politique majeure au sommet de l'Etat turc, à quatre mois des élections municipales.
Le Premier ministre a vu dans ce scandale une opération dirigée contre son gouvernement par la confrérie du prédicateur Fetullah Gülen.
La police disperse une manifestation contre la corruption à Istanbul
Entre-temps, des heurts ont opposé mercredi soir la police à une partie des quelque 5.000 manifestants rassemblés à Istanbul pour réclamer la démission d’Erdogan.
En milieu de soirée, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule dans le quartier de Kadikoy, sur la rive asiatique de cette mégapole turque.
Rassemblés à l'appel d'une dizaine de partis et d'organisations proches de l'opposition, ces manifestants ont scandé des slogans hostiles à M. Erdogan.
"La corruption est partout !", "la résistance est partout !", ont-ils notamment scandé, reprenant des slogans utilisés pendant la grande fronde antigouvernementale qui a secoué l'ensemble de la Turquie les trois premières semaines de juin.
D'autres rassemblements hostiles au gouvernement ont été rapportés mercredi soir par les médias turcs dans le quartier stambouliote de Besiktas, non loin des bureaux du Premier ministre sur la rive européenne de la ville, ainsi que dans la capitale Ankara et à Izmir (ouest de la Turquie) notamment.
Des appels circulaient mercredi soir sur les réseaux sociaux turcs en vue d'une autre manifestation contre la corruption et M. Erdogan vendredi soir sur la place Taksim, coeur de la contestation en juin dernier.