« Aucun pays du monde n’a jusqu’ici réussi à se rétablir en faisant appel à la politique d’austérité »,

« L’euro était censé contribuer à la croissance, la prospérité et le sentiment d’unité en Europe. Au lieu de cela il a apporté la stagnation, l’instabilité et la division », écrit le journal américain Project Syndicate. Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, est convaincu que seuls les plus optimistes les plus incorrigibles diront que le pire, c’est du passé. Notre commentaire Petr Iskanderov est de ce même avis.

Trois ans après le début de la crise financière en Europe le PIB dans les pays à difficulté est inférieur à celui de 2008, le taux de chômage excède 20 % et 50 % chez les jeunes.

Joseph Stiglitz l’explique par l’attachement inébranlable de l’Allemagne et des pays d’Europe du Nord aux principes de la consolidation budgétaire ainsi que leur hésitations d’aider vraiment leurs partenaires en Union européenne et dans la zone euro.

C’est un problème qui existe, a confirmé Mikhaïl Khazine, président du cabinet de conseil russe Néokon.

« Au sein de l’Union européenne il y a des Etats à l’économie totalement différente. Il aurait fallu, ou bien il faut le faire aujourd’hui, d’élaborer comme en Union soviétique un programme d’uniformisation du niveau de vie afin de faire rapprocher les différents types d’économie. Ou bien il aurait fallu créer un fonds où l’on pourrait creuser au cas de besoin afin d’effacer les différences. Au lieu de cela l’Union européenne s’est dit que la croissance serait toujours au rendez-vous. Mais c’est impossible ! »

Dans cette situation un grand rôle pourrait être joué par la BCE en tant que mécanisme clé du système financier. Dans les conditions de la crise l’importance et les activités de cette institutions deviennent accrues, a dit à La Voix de la Russie Gareguine Tossounian, président de l’Association des banques régionales de Russie.

« Le rôle de toute banque centrale y compris la Banque centrale européenne est celui d’un « créancier de dernière instance » lorsqu’une banque ou un système en général éprouve des difficultés. La sagesse de la BCE consiste justement à ne pas essayer de régler les problèmes en imposant des taux d’intérêt élevés pour s’enrichir. »

Mais la politique flexible d’incitation financière et l’austérité budgétaire sont pour beaucoup incompatibles. C’est-à-dire que l’Union européenne devra choisi l’une ou l’autre. « Aucun pays du monde n’a jusqu’ici réussi à se rétablir en faisant appel à la politique d’austérité », fait remarquer Project Syndicate. Et d’ajouter que « l’Allemagne et certains autres pays d’Europe du Nord tout en faisant preuve d’une manque désagréable de solidarité européenne ont annoncé qu’il ne fallait pas se dépêcher leur demander de payer la facture de leurs voisins du sud. Ce n’est pas bien et ce, pour plusieurs raisons. Dans les conditions de la mauvaise politique menée en Europe des restructurations de dette s’enchaînent. Si l’Allemagne et les autres Etats d’Europe du Nord continuent à insister sur la poursuite de la même politique, le prix qu’ils payeront finalement, eux et leurs voisins du sud, sera élevé », conclut Joseph Stiglitz. Selon lui, il est fort probable que l’Union européenne finira pas renoncer à la monnaie unique au nom du « projet européen ».

Tout cela affaiblit l’Union européenne tant du point de vue financier que politique et militaire. Il y a déjà dix ans Thérèse Delpech, chercheur associée au Centre d'études et de recherches internationales à Paris, a mis en garde contre d’éventuelles problèmes liés à l’opposition interne, notamment dans des pays tels que l’Autriche, l’Irlande, la Suède et la Finlande. Selon elle cette opposition procède de l’idée suivante : toute politique commune en matière de sécurité doit être encadrée par les opérations de maintien de la paix en dehors de l’UE. Ce qui peut à son tour aboutir à une autre crise d’unité européenne et une diminution de son rôle sur la scène internationale.

 Source: La voix de la Russie