Le front al-Nosrat déclare la guerre au Hezbollah au Liban, et perd des dizaines de ses miliciens.
Quelques questions s’imposent au lendemain de l’annonce de la découverte par les services de sécurité irakiens de lettres censées être écrites de la main du numéro un de la milice d’Al-Qaïda le front al-Nosra, Abou Mohammad Joulani et adressées à ses dirigeants dans la nébuleuse d’Al-Qaïda en Irak. Et de sa photographie aussi !
Comment se fait-il qu’elles aient été trouvées entres les mains d’éléments de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL), alors que les deux milices, tout en étant toutes deux affiliées à Al-Qaïda, sont à couteau tirées en Syrie.
Cette affaire est d’autant plus douteuse que le contenu des lettres contient des informations très internes, qui ne devraient pas être entre les mains de l’EIIL. En plus que le front s’est chargé de la mission de kidnapper des fonctionnaires onusiens, voire de les tuer, il y est question des noms des leaders de la milice, de leurs opérations, de leur façon d’agir, en Irak en particulier. Le site d’information Hadath News assure pour sa part que sont également évoquées dans les messages les difficultés auxquelles sa milice fait face. Dont entre autre les rivalités internes, les trahisons, et l’atmosphère de complot et de manque de confiance qui sévissent au sein de sa milice. Les noms de ceux qui tracassent Joulani figurent aussi.
L’aversion de Joulani pour « les rafidites » (appellation donnée par les takfiris aux chiites) s’entrevoit dans ses lettres présumées, et surtout ses velléités de les éliminer.
Une autre question se pose aussi sur la raison pour laquelle sa photo personnelle se trouve dans ces documents. D’autant que l’identité de Joulani est précieusement gardée au secret.
Pour répondre à ces questions, deux thèses semblent plausibles au cas où ces documents s’avèrent vrais: soit les deux milices ne sont pas en mauvais appoint comme elles semblent l’être, et cette découverte a permis de le discerner l’arnaque ; soit contrairement, elles sont au sommet de leur face-à-face et l’EIIL tente une manœuvre pour se débarrasser de la milice de Joulani en divulguant ces informations.
Dans les aveux des miliciens dont certains ont rejoint l’EIIL, il est dit que c’est Joulani qui est derrière l’assassinat de fameux religieux syrien, cheikh Mohammad Ramadane al-Bouti.
Chefs de l’EIIL tués ensemble : un hasard ?
Dans ce cas, ce ne serait pas par hasard que samedi, quatre important chefs de l’EIIL ont péri dans un bombardement aérien de leur siège à Azzaz au nord de la Syrie. Des sources ont confié pour l’agence Asia News que l’opération est le fruit d’un travail d’infiltration du pouvoir syrien dans les rangs du groupuscule armé.
« Il est très rare que ces quatre hommes soient réunis ensemble dans un même endroit », explique la source . La question se pose sur celui qui a été derriere l’infitration. Un ancien du Front qui a rejoint l'EIIL peut très bien faire l'affaire!
Quant aux chefs de l’EIIL tués : il s’agit de grosses têtes: Abou Talhat le koweitien, (il serait le chef d’Al-Qaïda qui s’est évadé de la prison libanaise de Roumieh, en aout 2011) et les trois Saoudiens Abou Baker al-Jazraoui, Saad-AlAli Al-Chamry, Abou Baker al-Najdi (de Najed). 8 autres miliciens qui se trouvaient dans le bâtiment ont été blessés.
En même temps, l'EIIL se trouve aussi confronté à l'ASL. Ce jeudi, ses membres ont lancé un assaut contre sa télévision , "Chaza", qui émet à Alep, dans le quarteir Klasseh. Il a tué un de ses employés et en a enlevé 7 autres. Selon l'agence Asia News, cette attaque semble être une riposte aux propos lancés par le guide spirituel de l'ASL, cheikh Arrour qui avait promis un prix à quiconque peut aider à arrêter des miliciens de l'EIIL.
Le front al-Nosra déclare la guerre au Hezbollah au Liban
De retour au front al-Nosra, il a fait mardi sa première apparition électronique dans le champ libanais. Sur un nouveau compte Tweeter, il a diffusé son communiqué numéro dans lequel il déclare avoir bombardé de 10 obus de mortiers ce qu’il considère être « les bastions du parti d’Iran dans la région libanaise du Hermel ».
Selon l’agence Asia News, ce compte vient tout récemment d’être créé. Signé du Front al-Nosra, « Les brigades Marwane Hadid », il reproche au Hezbollah d’être entré en Syrie et l’accuse « de tuer et d’arrêter les jeunes sunnites » et s’engage à « poursuivre les opérations contre l’Iran et son parti en Syrie et au Liban ».
32 Nosra tués au Liban
Sur le terrain, ce sont ses miliciens qui semblent traqués. Le quotidien libanais anglophone Daily Star proche des milieux saoudiens wahhabites a révélé mercredi que 32 miliciens d’al-Nosra au moins ont été tués le samedi dernier, dans une embuscade tendue par le Hezbollah en territoire libanais.
Le journal qui cite une source sécuritaire libanais haut-placée indique que les accrochages ont eu lieu dans la vallée Al-Jamala qui surplombe le village Nahlé, à l’est du Liban, où des dizaines de miliciens s’étaient infiltrés à partir du territoire syrien.
C’est la deuxième confrontation du genre sur le sol libanais, la première ayant été perpétrée le mois de juin dernier au village Eïn el-Jawzé, à 3 Km à l’est de Baalbek et qui au cours de laquelle 12 miliciens ont péri.
Alep sous les feux
La ville d’Alep a vécu ces dernières heures une escalade militaire violente. Presque la totalité des quartiers contrôlés par les forces gouvernementales ont été victimes mercredi soir d’un pilonnage intensif d’obus de mortiers, dont Sleïmaniyya, Aziziyya, Jamiliyya, Macharka, Martini, Aazamiyya, Akramiyya, Assabil, l’ouest de Zahra...
Au moins 9 civils ont été tués et plusieurs dizaines ont été blessées, indique le site aleppin Tahtel-Mijhar.
L’armée a riposté aux tirs en bombardant leur provenance dans les quartiers occupés par les miliciens.
Les positions des miliciens dans les quartiers qu’ils contrôlent ont également été visées par l’aviation syrienne.
Trêve à Maadamiyya
Dans la province de Damas, c’est le contraire qui a lieu : une trêve conditionnée a été conclue mercredi entre l’armée syrienne et les milices armées.
Selon un responsable du conseil municipal, cité par l’AFP, la trêve permettra de faire entrer des produits alimentaires dans le quartier, en échange dans un premier temps de brandir la drapeau de la Syrie sur les citernes d’eau, et ce pendant 72 heures, en signe de bonne volonté. Plus tard, les armes lourdes entre les mains des miliciens devront être livrées et les déplacées rentreront chez eux.
Le mois d’octobre dernier, les habitants de ces quartiers ont été évacués avec la supervision du Croissant rouge syrien et des autorités syriennes.
Deraa: 3 chef tués
A Deraa, au sud de la Syrie, 3 chefs de milices du Front islamique, milice formée de l'union de 7 groupuscules et soutenue par l'Arabie Saoudite, ont été tués mercredi dans des accrochages avec l'armée syrienne dans le village de Zemrine. Leur mort a été annoncée par le FI lui-même.