Une lecture de la situation syrienne par la presse russe.
L'intervention militaire en Syrie n’a pas eu lieu mais le pays, déchiré par la guerre civile, est loin d’être en paix. L’internationalisation du conflit en 2013 est particulièrement inquiétante, écrit vendredi le quotidien Kommersant.
Après les attaques chimiques dans la banlieue de Damas en août 2013 il semblait que l'intervention en Syrie était inévitable : les Etats-Unis et leurs alliés étaient à un cheveu d'attaquer Bachar al-Assad en provoquant le plus grave conflit international depuis l'invasion de l'Irak en 2003.
Mais l'intervention a pu être empêchée, principalement grâce à l'initiative de Moscou proposant de détruire les armes chimiques syriennes. La communauté internationale a ainsi reçu l'opportunité de régler une tâche prioritaire : empêcher que les immenses arsenaux d'armes de destruction massive accumulés par Damas se répandent à travers la région et atterrissent entre les mains de groupes extrémistes.
Mais tous les autres problèmes engendrés par la guerre en Syrie n'ont pas été réglés. Le plus grave est la catastrophe humanitaire, d'une envergure sans précédent. En deux ans et demi le conflit a tué plus de 120 000 personnes et poussé sur les routes plus de 2 millions de réfugiés - et ce n'est pas fini.
Le conflit est en train de s’étendre et s’est même internationalisé en 2013. Il n'est plus simplement une guerre civile syrienne.
Les chiites libanais du Hezbollah et les chiites d'Irak ont rejoint le conflit aux côtés de Bachar al-Assad, tout comme des unités iraniennes selon certains communiqués du front.
Les opposants ne se laissent pas non plus distancer : l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), l'un des groupes les plus combatifs qui luttent contre les troupes gouvernementales, se compose presque entièrement de combattants étrangers "pour la pureté de la foi".
Des milliers de musulmans radicaux du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, des républiques d'Asie centrale et du Caucase du Nord russe suivent en Syrie leur "académie du jihad". L'EIIL, autoproclamé branche d'Al-Qaïda, bénéficie d'un financement généreux et d'armes modernes de la part des pays du Golfe comme l'Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït et les Emirats arabes unis.
Les autorités de nombreux pays occidentaux ont déjà déclaré qu'elles considéraient les islamistes partis en Syrie comme une menace à leur sécurité nationale. Mais quand les jihadistes détenant des passeports britanniques, français, allemands et belges se comptent par centaines, la tâche des services de renseignements se complique. Il est impossible de suivre chacun d'entre eux et il n'existe aucun motif légal pour interpeler les "volontaires islamistes" dans l'immédiat. Le résultat est déplorable : après avoir combattu Assad et de retour en Europe, ces individus formeront une "cinquième colonne" potentielle prête à tout moment à attaquer les "infidèles".
Ria Novosti