24-11-2024 11:24 AM Jerusalem Timing

Assassinat de Chatah :des questions raisonnables posées en temps fous.

Assassinat de Chatah :des questions raisonnables posées en temps fous.

...sur l’accusation et ceux qui en profitent

Nul besoin d’expliquer aux  gens que le courant du Futur et de l’équipe du 14-mars accusent le Hezbollah d’être derrière l’assassinat de l’ancien ministre Mohammad Chatah. Leur logique repose sur une conviction politique -et non politique- selon laquelle le Hezbollah est le seul capable à exécuter les attentats, qu’il ne peut supporter aucune voix opposante et qu’il veut terroriser ses adversaires.

Cela fait neuf ans que cette équipe, bien avant sa formation en tant que coalition politique, ou après le retrait syrien du Liban, accuse le Hezbollah et avec, le régime sécuritaire libano-syrien d’être derrière la série d’attentats politiques, qui ont dans leur majorité visé des personnalités du camp du 14-Mars.

Au début, on disait que le Hezbollah et par derrière Damas, ne pouvaient prévoir la colère qui allait découler de l’assassinat de telle ou telle personnalité.

On a prétendu aussi que celui qui a décidé les attentats n’a pas calculé les réactions prévisibles comme il le faut, et qu’il n’en avait cure de la colère des gens et des calculs régionaux et internationaux.

Par la suite, cette équipe s’est mise à véhiculer comme motif que le Hezbollah ne veut cesser de terroriser ses adversaires. On a beaucoup dit aussi sur le fait que le Hezbollah n’est qu’un instrument entre les mains du régime syrien et qu’il se trouve sous haute pression ici et là et qu’il est obligé de se comporter de la sorte parce qu’il n’a d’autre moyen que de tuer pour faire face à ses adversaires.

De plus, on a avancé la thèse selon laquelle le Hezbollah vise à travers les assassinats à torpiller le Tribunal international, en le noyant dans des dossiers pour lui compliquer sa mission.

Et puis dernièrement, on propage qu’il voudrait élargir son champ de guerre du Liban vers la Syrie, pour couper la voie à toute tentative d’édification d’une vie politique d’une façon convenable.

 

Dans tous les cas, le camp du 14-Mars en arrivait à une seule conclusion: voici le meurtrier qui poursuit ses meurtres et il perd!

Il est certes parfois concevable que la colère, la tension et la haine  puissent pousser à l’accusation politique, ou même à fabriquer un dossier contre un adversaire. Mais dans notre cas, nous ne pouvons éviter de nous poser les questions aussi bien innocentes que malveillantes:

Le Hezbollah est-il aussi stupide pour ne pas avoir appris du premier meurtre, et son parcours montre-t-il qu’il est tellement obstiné qu’il est pris dans le piège de ce jeu?

Les résultats de ces assassinats ont-ils servi l’intérêt du Hezbollah, en tant que mouvement de résistance ou politique ou en tant que partie qui représente aujourd’hui le centre de gravité le plus important des chiites dans le monde?

-Le Hezbollah serait-il au service de chez ses adversaires pour les approvisionner chaque fois qu’ils sont en difficulté en leur fournissant l’environnement qui leur permet d’adopter des positions ou de prendre les démarches qui lui nuisent?

-Est-ce que le Hezbollah ne sait recourir à d’autres moyens que de terroriser ses adversaires, tout en sachant qu’il n’a réussi ni la première fois, ni la deuxième fois, ni toutes les autres fois?

-Est-ce que le Hezbollah qui est complètement employé pour affronter une situation qui est la plus exceptionnelle en Syrie et dans la région se trouve actuellement dans une position dans laquelle il est contraint de faire jouer ses adversaires locaux via un attentat pareil?

-Si le Hezbollah refuse la formation d’un gouvernement de fait accompli, donnerait-t-il à ses adversaires locaux, régionaux et internationaux un moyen de pression pour que ce gouvernement devienne un fait accompli?

-Est-ce que le Hezbollah s’est engagé à chaque fois que le Liban a rendez-vous avec le tribunal international à tuer l’un de ses adversaires pour inciter un peu plus le tribunal à agir conte lui?

-Si le Hezbollah est si professionnel comme ses adversaires lui confèrent, pourquoi a-t-il choisi cette cible la et non une autre qui puisse être plus représentative de ses adversaires?

En politique, il est certaines évidences: celle de prévoir ce qui a déjà eu lieu. Aucun observateur ne peut porter une liste de noms de personnes et de lieux. Certaines estimations plus scientifiques qui reposent sur des données et des réalités prédisent que le Liban connaitra davantage de folie et de sang. A chaque fois que le Liban accueille chez lui un attroupement mondial de tueurs, ses propres fils aussi se préparent à la tuerie.

Tant que ce n’est pas la raison qui prévaut, beaucoup de larmes seront versées, la colère s’emparera des forces, et le pays sombrera dans un gouffre qui emportera tout avec lui.

Le Liban qui vit sous le poids de la crise syrienne est toujours le plus affecté, chaque fois que le paysage se remodèle au pays du Levant.  

Les services sécuritaires du monde entier se trouvent désormais au Liban, apportant avec eux leurs lots d’informations et de données prévoyant dans ce pays “une scène ouverte” devant “des générations de terroristes”.
Quiconque voudrait faire exploser la situation politique via des démarches aventurières transforme le Liban en une base de lancement des opérations terroristes ou en centre d’activités politiques terroristes liées à ce qui se passé en Syrie. ..

Il est clair que la discussion au sein de cette folie politique et sécuritaire ne mène à rien. Il est clair que le camp du 14-Mars voudrait continuer à danser sur le sang, pour l’exploiter ici ou là. Il est clair que celui qui voudrait à tout prix emporter le Liban vers une étape plus cruelle dans la guerre régionale et internationale qui se déroule dans notre région, surtout en Syrie, ne veut rien d’autre que la colère, la discorde et la folie.

Dans un contexte pareil, comment pourrait-on reculer un pas en arrière pour voir le paysage dans sa totalité, et observer dans sa totalité la situation d’un pays dont il ne reste plus que le nom!!

 

Ibrahim al-Amine: Rédacteur en chef du quotidien libanais Al-Akhbar

Traduit par notre site