25-11-2024 04:42 PM Jerusalem Timing

Le prix du sang de Chatah : tout le pouvoir

Le prix du sang de Chatah : tout le pouvoir

Les forces du 14-Mars se sont mises depuis vendredi à exploiter pleinement l’assassinat de leur compagnon de route, Mohammad Chatah.

Au lendemain de l'assassinat de Mohammad Chatah, l'ancien ministre et dirigeant du courant du Futur, une chose est certes claire: la coalition du 14-Mars veut s’accaparer le pouvoir au Liban en échange du prix de son sang .

Il n’est plus question pour ses dirigeants d’accepter un cabinet neutre, telle qu’ils l’affichaient, sans trop persuader le camp du 8-Mars qui soupçonnait leurs intentions.

Dans son dernier discours, Sayed Hassan Nasrallah a rejeté qu’il puisse y avoir des hommes politiques neutres au Liban, flairant sans le dire une arnaque. Il a réitéré l’attachement des  forces du 8-Mars à un cabinet d’Union nationale, à la base de la distribution, 9-9-6, (9 cabinets pour les 8-Mars, 9 pour les 14-Mars et 6 pour le président de la république Michel Sleïmane).

Depuis son retour d’un voyage officiel en Arabie Saoudite et sa rencontre avec le monarque saoudien, ce dernier n’a cessé de laisser entendre qu’il compte former un gouvernement neutre de fait accompli. Il semble ces derniers jours plus obstiné que jamais à le faire. Malgré les mises en garde des forces du 8-Mars. 

Suite à l’assassinat de vendredi, les responsables du 14-Mars vont droit au but, exigeant un gouvernement du 14-Mars exclusivement. Vendredi, le premier à l’avoir réclamé,  a été un faucon de la coalition du 14-Mars, le coordonnateur de son secrétariat général Farès Saïd. «  Nous ne voulons plus de cabinet neutre, nous voulons un cabinet exclusivement pour le 14-Mars », a-t-il lancé lors d’un débat télévisé.

Un autre dur, le chef des Forces libanaises Samir Geagea s’est d’ailleurs réservé les ministères de sécurité (intérieur et de la défense) sous prétexte que ce sont les dirigeants de la Coalition qui sont visés.
 

Le chef du courant du Futur, Saad Hariri n’a pas tardé à reprendre la revendication de ses paires, mais avec une certaine précaution. « Il est possible que nous réclamions un gouvernement du 14-Mars dans les jours prochains », a-t-il dit lors d’un entretien téléphonique pour une télévision satellitaire libanaise.

Cette précaution relève moins de la modestie que du realpolitik : en effet le dernier mot revient au chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt. C’est son bloc parlementaire avec ses 8 députés qui constitue depuis un certain temps la pierre de touche pour toute échéance parlementaire. Dans sa dernière position, exprimée vendredi suite à l’assassinat, il s’est dit toujours favorable à un gouvernement d’Union nationale, estimant qu’un gouvernement du 14-Mars est une « aventure qui n’a aucun sens ».
«  Aujourd’hui le monde s’en fout de nous. Nous avons essayé ceci en 2008 et ça n’a pas marché et Qatar nous a sauvés. Aujourd’hui, il n’y a personne pour nous sauver. Mon conseil à l’Arabie Saoudite est de dialoguer avec l’Iran pour réduire les dégâts  sur le Liban », a-t-il affirmé.

Il ne faut pas s’attendre à ce que les forces du 14-Mars soient intimidées par les réserves de Joumblatt. Leurs velléités de tenter un coup de force, pour lui faire changer d’avis son apparentes. Le discours incitateurs et haineux que ses dirigeants véhiculent depuis l’attentat meurtrier incite frénétiquement les gens à descendre dans les rues, dimanche, lors des obsèques de Chatah.

Ce qui rappelle le paysage populaire qui avait suivi l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. En réalité, de nombreuses similitudes interpellent cette atmosphère de février 2004 et toute le période qui s’en est suivie, avec les pressions exercées au rythme d’assassinats et de vicissitudes de l’enquête du Tribunal international. Et ce dans un but unique: changer la donne politique qui était alors favorable à la résistance contre l’ennemi sioniste.
 

À la différence près cette fois-ci qu’à la place de la Syrie, qui est depuis sortie du Liban, c’est le Hezbollah qui est pointé du doigt. Il se trouve en Syrie !