En 2013, les alliances politiques ont changé.
Alors que les « bouleversements printaniers» se poursuivaient dans plusieurs pays arabes en 2013, le Liban attendait passivement la reprise de ses institutions publiques mais aussi le retour de sa stabilité sécuritaire.
L’année écoulée fut indubitablement l’année des attentes passives pour le pays des Cèdres: l’attente d’un consensus national qui puisse repêcher la patrie de son blocage politique, l’attente d’un retour aux institutions de l’Etat pour gérer les affaires du pays et répondre aux besoins d’un peuple de plus en plus appauvri, l’attente d’une détente économique suite à l’annonce solennelle faite sur les découvertes pétrolières offshore… des attentes « passives » parce que tout simplement les politiciens Libanais sont incapables d’agir indépendamment de certains pays de la région qui décident à leur place, même dans les questions les plus souveraines !
Blocage politique à tous les plans:
En mars dernier, le Premier ministre Najib Mikati présente sa démission pour protester contre le refus du camp du 8 mars de prolonger le mandat du chef du département des renseignements affilié aux forces de sécurité Ashraf Rifi.
Le mois suivant, Tammam Salam, politicien proche des forces du 14 mars, fut chargé de former un gouvernement qui requière l’aval des différentes forces politiques. Plusieurs rounds de tractations ont eu lieu pour se mettre d’accord sur la déclaration ministérielle et la distribution des portefeuilles. En vain. Le Liban demeure à ce jour sans gouvernement.
Faute de quorum, et en raison de la situation sécuritaire instable dans le pays, les élections parlementaires ont été reportées. Les députés libanais ont prorogé le mandat du Parlement actuel jusqu’à 2014. En cette année, le chef du parlement Nabih Berri n’a réussi à tenir aucune séance parlementaire. L’abstention des forces du 14 mars de prendre part aux séances législatives a provoqué leur report continuel et a laissé le pays dans le vide constitutionnel et législatif.
Et vers la fin de l’année, une autre source de désaccord a émergé entre les deux camps politiques essentiels du pays sur la prolongation du mandat du chef d’Etat Michel Souleimane.
Les forces du 8 mars ont fait savoir leur rejet de cette option et leur soutien à une élection à terme d’un nouveau président. Quant au reste des forces politiques, chaque dirigeant maronite s'érige comme candidat plausible à la présidence de la République libanaise, compte tenu de leurs déclarations quotidiennes. Pendant ce temps, le président actuel déploie tous ses efforts pour obtenir une prolongation de son mandat.
Dégradation de la situation économique:
En raison de ce blocage politique, le pays a été paralysé et continue de l’être à tous les niveaux.
Des milliers de jeunes ayant réussi les concours pour la fonction publique se trouvent au chômage. La crise économique, la cherté de vie et l’absence de projets de développement vitaux dans les villages mais aussi dans les banlieues de la capitale sont parmi les séquelles innombrables de ce désaccord entre forces politiques.
En 2013, le peuple libanais qui s'attendait à une alimentation électrique permanente, compte tenu des promesses tenues par le ministre de l'énergie , entre autre à travers les bateaux affrétés de la Turquie, a de nouveau été déçu.
Par ailleurs, les efforts déployés par les forces du 8 mars, notamment par le Courant Patriotique Libre, pour entamer l’exploration et le forage du pétrole dans les eaux économiques du Liban ont été sabotés. Alors que l’ennemi israélien a entamé effectivement le forage du gaz et du pétrole dans les gisements sous-marins de la Palestine occupée, le Liban attend toujours la délimitation des frontières maritimes et la mise en place d’une commission qui supervise les travaux de forage.
Mais là encore les calculs politiques de certains partis entravent toute avancée dans ce dossier. La lueur d’espoir née chez les Libanais suite à l’annonce de la découverte des réserves pétrolières en Méditerranée a été dissipée à cause des divergences politiques qui ne tiennent pas compte de l’intérêt suprême du pays ni de son peuple.
Volonté d’entente interne sabotée par l’extérieur
Et la liste des dossiers économiques en suspens s’allonge. Une chose est sure : le blocage politique et ses répercussions sur l’économie ne sont pas dus au refus des forces politiques libanaises de se réunir et de dialoguer ensemble. D’ailleurs, en 2013, les alliances politiques ont changé.
Le PSP dirigé par le député Walid Joumblatt a quitté les rangs du 14 mars pour adopter une position centriste.
Des représentants du parti ont rencontré récemment le dirigeant du Courant Patriotique Libre le général Michel Aoun ! De plus, le Hezbollah et le parti des Phalanges dirigé par Amine Gemayel ont tenu plusieurs rencontres pour tenter de sortir le pays de l’impasse. Le tout pour dire que la volonté des Libanais de s’entendre existe toujours, mais malheureusement, la volonté des grandes puissances internationales et arabes demeurent plus forte.
C'est ainsi que l’année 2013 a pris fin, et le président Michel Sleiman, semble déterminé plus que jamais à former un gouvernement du fait accompli, «composé de figures qui ne constituerait de défi pour personne», selon les milieux de la présidence.
Le camp du 8-Mars a fait savoir que la riposte à une mesure pareille «sera une surprise».
Le Hezbollah aussi a multiplié les mises en garde contre une mesure unilatérale au niveau gouvernemental.
Les jours qui viennent détermineront si le gel politique persistera en 2014 ou si un consensus national sera conclu entre les différentes forces politiques pour réanimer les institutions de l'Etat et répondre par la suite aux besoins du peuple.