Après l’attentat dans la banlieue, la formation du cabinet est moins imminente.Berry est contre.
Dans un entretien accordé à Al Joumhouria, le vicaire patriarcal, Mgr Samir Mazloum, a déclaré que l’Eglise maronite «est opposé à un gouvernement de fait accompli car il s’agit d’une provocation qui provoquera des réactions et entamera la confiance».
Le président de la République Michel Sleïmane évoque cette éventualité depuis son retour de l’Arabie saoudite et s’est dit disposé a le former dès son retour des vacances.
Selon Mazloum, «un tel gouvernement torpillera l’élection présidentielle et constitue un danger pour toute la société libanaise».
Mgr Mazloum a réaffirmé que le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a appelé à maintes reprises à la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Il s’est dit étonné du timing de la formation d’un cabinet de fait accompli. «Pourquoi ne pas avoir pas formé un tel gouvernement il y a huit mois, s’il représente réellement la solution à la crise?» s’est-il interrogé.
Avant de poursuivre: «quelque chose s’est produit et nous ne savons pas quoi. Surtout que le président Michel Sleïmane a évoqué avec le patriarche Raï, à plusieurs reprises, la nécessité de former un gouvernement d’union nationale. Si d’aucuns veulent, à travers ce gouvernement, proroger le mandat du président de la République, cela ne se produira pas, car ce cabinet va provoquer une confrontation dans le pays et la situation va empirer.»
Chances réduites
Par ailleurs, des milieux qui suivent de près le dossier gouvernemental, cités par le journal annahar estiment que les possibilités de voir la naissance prochaine du cabinet ne sont réduites après l’attentat qui a pris pour cible la banlieue sud de Beyrouth.
Ces sources ajoutent que «les propos attribués au président de la République, avant l’explosion, ont montré que la situation était bloquée, et les choses se sont compliquées davantage après l’attentat».
Les mêmes milieux indiquent que la crise libanaise est revenue à la case départ. «Ce sont les développements sécuritaires et non pas les démarches politiques qui ont la haute main sur les événements», ont conclu ces sources.
Berry
Le président de la Chambre, Nabih Berry, a lui aussi eu son mot à dire sur cette éventualité
Il a estimé que la finalité d'un gouvernement composé de personnalités neutres «est d'exclure le Hezbollah», avant de se demander s'il est possible d'accepter une chose pareille et d'indiquer que le mouvement Amal, qui s’était opposé à l’isolement des Kataëb au début de la guerre du Liban, ne peut pas accepter que son allié soit isolé. Selon lui, cette tentative d'isoler le Hezbollah est une des conséquences du divorce saoudo-iranien.
Réaffirmant son attachement à la formule des 9-9-6, M. Berry a vanté les avantages de cette formule pour le 14 Mars et rejeté les propos selon lesquels son mouvement et le Hezbollah demanderont aux ministres chiites de présenter leur démission et oeuvreront pour faire chuter le gouvernement dans la rue. «On dit que le décret de formation du cabinet sera publié la semaine prochaine. Il lui faudra un mois pour établir sa déclaration ministérielle et se rendre au Parlement dont il n'obtiendra cependant pas la confiance. Le bloc Joumblatt et le mien ne la lui accorderont pas», a-t-il dit.
Une deuxième personnalité sera alors chargée de former une nouvelle équipe ministérielle mais qu'elle sera rattrapée par les délais constitutionnels pour l'élection d'un nouveau président.