25-11-2024 02:51 PM Jerusalem Timing

Mort d’al-Majed : Questions sans réponse qui impliquent l’Arabie

Mort d’al-Majed : Questions sans réponse qui impliquent l’Arabie

Curieusement, tous les chefs de milices d’al-Qaïda disparaissent au moment de leur arrestation.

La mort de Majed al-Majed, le dirigeant de la milice d’Al-Qaïda Brigade Abdallah Azzam ne saurait passer inaperçue. Elle soulève des tonnes de questions, surtout que cet homme était une mine d’informations importantes.

Iraniens lésés 

Les premiers à être lésés sont sans aucun doute les Iraniens. Ils voulaient surtout savoir quelles sont les parties qui ont commandité et financé le double attentat suicide qui visait en principe leur ambassade à Beyrouth. Pour la première fois, Téhéran a dit soupçonner l’Arabie saoudite.

A peine les Iraniens avaient-ils demandé de participer à l’interrogatoire du terroriste, encore vivant, que les Saoudiens ont demandé au gouvernement libanais de le leur livrer, au motif qu’il est sous le coup d’un mandat d’arrêt saoudien. Après sa mort, Riad n’a pas semblé si intéressé par le rapatriement de son cadavre.  

«  Il y a quelque chose de louche. D’aucuns ne voudraient pas que la vérité soit connue car elle tuerait son auteur. D’ailleurs elle l’a déjà tué » estime un député iranien ayant requis l’anonymat pour le quotidien AsSafir.

Le président de la Commission de la Sécurité nationale et des Relations internationales Alaeddine Boroujerdi est allé dans le même sens : «  la mort de Majed al-Majed est suspecte et soulève beaucoup de doutes », a-t-il dit dimanche, indiquant que son pays comptait envoyer une équipe pour s’enquérir sur sa mort. Selon lui, le gouvernement libanais se doit de révéler les causes réelles de sa mort.

Boroujerdi a réitéré les soupçons de son pays à l’encontre de Ryad d’être derrière de nombreux attentats terroristes dans la région : «  vu que l’Arabie saoudite finance des gens comme Majed, elle ne devrait pas être intéressée par la révélation de son rôle dans les attentats terroristes de Beyrouth », a conclu le parlementaire iranien.

Des questions sans réponse

Les soupçons iraniens devraient s’attiser avec les révélations faites par le journal libanais al-Akbar, qui a soulevé des questions très importantes sur l’après-mort de Majed, dont entre autre :

Pourquoi se fier à un seul médecin légiste et non à un comité de médecins pour autopsier son cadavre et déceler les causes de la mort, surtout que celui qui a été désigné pour cette mission, est connu pour ses erreurs de diagnostic dans des affaires précédentes.
Comment se fait-il  que ni l’Arabie, ni la famille du terroriste n’aient demandé  son autopsie.
Comment expliquer les deux versions contradictoires sur l’état de santé de Majed entre celle du ministre de la justice Chakib Kartbaoui et celle du juge Samir Hammoud, le procureur à la Cour d’appel.
 Selon le premier, le chef de la milice Abdallah Azzam est entré dans le coma deux heures avant sa mort, alors que le second a dit qu’il était dans le coma dès le début de son arrestation, raison pour laquelle il n’a pas été interrogé. Hammoud fait partie de ceux qi refusent de soulever des questions sur la mort de Majed et de soumettre son cadavre à l’autopsie.

Les précédents

 Chaker AbsiDes medias libanais se dits sont étonnés par le fait que les dirigeants des milices ayant effectué des attentats de grande envergure au Liban arrivent toujours à échapper à la justice : soit en décédant le moment propice, soit en disparaissant.

La chaine de télévision LBC, proche du 14-Mars en a répertorié 6 chefs :

- Le premier est Chaker Absi, le chef de Fath el-Islam qui a fui le camp avant le dénouement de la bataille qu’il avait lui-même déclenché, pour se rendre vers le camp palestinien Baddaoui, avant de disparaitre.

Abdel Rahmane Awadh- Le deuxième, numéro deux de Fath el-islam le libanais Hicham Kaddoura connu sous le sobriquet d’Abou Hourayra a été tué le 31 juillet 2007, sur un barrage des forces de sécurité à Abou Samra à Tripoli. Des rumeurs avaient dit qu’il est sorti du camp palestinien Nahr el-Bared via la mer, en nageant près de 5 heures.

- Même sort en 2010 a été celui du chef de la brigade Abdallah Azzam, le dénommé Abdel Rahmane Awadh, tombé dans une embuscade dressée par les services de renseignements militaires de l’armée à Chtoura au nord-est du Liban. Son nom a été évoqué dans des assassinats de personnalités libanaises.

Abdel Ghani Jawhar- Quant à Abdel Ghani Jawhar, responsable de deux attaques contre des barrages de l’armée libanaise en 2008, il est parvenu à fuir du quartier Bab elTebbaneh à Tripoli, quelques minutes avant des perquisitions prévues par les forces de sécurité. On a dit plus tard qu’il est mort dans les évènements syriens.

- Le dernier en date de ces chefs de milices qui ont disparu figure Ahmad al-Assir, qui a disparu le dernier jour de la bataille de Abra, entre ses miliciens et l’armée libanaise.       

Au suivant

Entre temps, concernant la succession de Majed à la tête de sa milice, le nom du palestinien Tawfik Taha qui est le plus évoqué.

Tawfik TahaRésidant actuellement dans le camp des palestiniens Eïn el-Hélwé, au sud du Liban, ce quinquagénaire est sous le coup de 27 mandats d’arrêt libanais. Il est accusé entre autre d’avoir fondé une bande armée pour perpétrer des actes terroristes.

Son nom est impliqué aussi bien dans les évènements du camp palestinien Nahr el-Bared que dans les attentats commis contre l’armée libanaise et les forces de l’a Finul au Liban.

Ayant connu les deux dirigeants de la Brigade, Abdel Rahmane Mohammad Awadh et al-Majed, et entretenu des liens étroit avec le « prince » de la milice Fateh-el-Islam, Chaker al-Absi , il est considéré comme le cerveau des attentats qui ont eu lieu dans la banlieue et contre l’ambassade d’Iran.

Il est aussi connu pour être un as dans le maniement des différents moyens de de communication sophistiqués et expert en planification et dans le choix des auteurs d’attentat.