L’EIIL tue 50 militants pour venger la mort de 34 de ses chefs et miliciens.
A quelques jours de la rencontre de Genève-2, la situation de l'opposition syrienne armée va de mal en pis, aussi bien sur le plan politique que militaire.
Corruption au sein de la Coalition
Alors que les milices insurgées se livrent bataille au nord et au nord-est de la Syrie, la Coalition semble affectée par les divisions internes, et surtout ravagée par la corruption.
C’est la reconduction de Mohammad al-Jarba à la tête de la coalition qui a levé le voile sur ses pratiques louches. Et ce par la voix de l’ancien chef de cette instance, Moaz al-Khatib en personne.
« C’est une désignation illégitime qui constitue une entrave à la constitution de la Coalition convenue entre ses membres », a-t-il affirmé sur son compte Facebook, rapporte par Asia News, en allusion à la désignation de Jarba. Ce qui d’après lui ressemble beaucoup aux «élections du régime syrien ».
« Quel a été le prix pour la désignation de Jarba de nouveau ? », s’est-il également interrogé, assurant que la corruption sévit dans les rangs des dirigeants de l’opposition syrienne, qui d’après lui, sont disposés à vendre des positions cruciales aux pays du Golfe pour de l’argent.
Jarba le poulain de l’Arabie saoudite a été désigné selon Khatib en l’absence de la majorité des membres de la coalition : « comment se peut-il que la séance se soit close et la victoire d’une personne ait été annoncée en l’absence de la majorité, il y a du feu dans ma bouche et non de l’eau », a-t-il écrit aussi.
Défection au sein de la Coalition
Au lendemain de ces déclarations sulfureuses, la Coalition a été entachée par une autre affaire.
Quarante de ses membres ont annoncé leur retrait de cette instance dont le siège se trouve en Turquie et qui compte 121 membres. Selon l’agence de presse Asia News, ces membres appartiennent à 6 blocs politiques, en l’occurrence les Conseils locaux, le Haut Conseil de commandement de la révolution, le Mouvement Turcoman, l’Etat-major, l’Action révolutionnaire, et le Forum syrien pour les affaires. Ils devraient organiser un point de presse pour mettre au clair leur position.
Ce désistement intervient quelque temps après l’annonce faite par le Secrétaire général de l’ONU d’avoir dépêché les invitations pour participer à la rencontre internationale de Genève, au moment où les positions au sein de cette instance sont encore partagées sur la participation.
La bataille se déplace vers Deir Ezor
Sur le terrain, la bataille bat son plein entre les miliciens proches de la coalition, l’Armée syrienne libre, le Front al-Nosra et le Front islamique d’une part et ceux de l’Etat islamique en Irak et au Levant, dans les gouvernorats d’Alep et d’Idleb. ce mardi, elle semble se propager vers un troisième gouvernorat, Deir Ezzor.
Des sources ont signalé que l’EIIL a retiré ses miliciens de plusieurs de ses positions là-bas pour être remplacée par les miliciens de la coalition. Elle est ausi en train d'envoyer un grand nombre de ses combattants vers ce gouvernorat pour reprendre la situation en main.
34 jihadistes tués
Sur le terrain, il est question dans le communiqué de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), "d’au moins 34 jihadistes étrangers, essentiellement membres de l'Etat islamique d'Irak et du Levant (EIIL), tués après des combats dans le nord de la Syrie". Ces miliciens ont été exécutés par des rebelles au cours des derniers jours dans le gouvernorat d’Idleb.
Des chefs surtout
Il semble que ces liquidations se font au niveau des chefs de milices, comme le constate le site de la télévision iranienne arabophone AlAlam.
C’est ainsi que le chef de la milice « Joundou-l-Cham », (Soldats du Levant) (proche de l’EIIL) et connu sous les pseudonymes Abdallah Azzam du Levant et Abou Abdel Aziz al-Qatari a été tué dans des combats contre la milice « Brigades des martyrs de la Syrie », dirigée par Jamal Maarouf, l’homme de l’Arabie en Syrie et en lien avec le FI à Jabal Zawiyé à Idleb.
AlAlam a révélé qu’Abou Abdel Aziz al-Qatari (le qatari) qui est contrairement à son nom d’origine irakienne est un ancien combattant arabe d’Afghanistan. Il aurait connu de près et en personne le guide spirituel des mouvements jihadistes et le fondateur d’Al-Qaïda, le palestinien Abdallah Azzam.
Un autre chef de milice, Abdallah Moussa qui commandant la milice Brigade d’Abbas affilée aux Libres du Levant a lui aussi eu un sort similaire dans la province d’Idleb.
Selon le site syrien proche de l'insurrection " Sens Interdit", Moussa est resté à l'écart des combats fratricides qui ont lieu, et a payé les frais de ses positions.
Il est question aussi d'un autre chef de milice tué à Tal Refaat, dans la province nord d'Alep: Abou Bakr el-Iraki qui est le numéro deux de l'EIIL, après Abou Bakr al-Baghdadi, selon le site aleppin Tahtel-Mijhar. Mais l'information n'a pas été confirmée d'une source de l'EIIL et aucune photo non plus n'a été publiée. Citant des sources proches de la milice, l'agence Asia news a nié l'information. Cette agence assure que ce chef de milice est irakien d'origine et s'appelle en vérité Haji Bakra. Il était un officier dans l'armée irakienne avant de rejoindre les rangs de l'EIIL du temps où elle était dirigée pr Abou Omar al-Baghdadi.
Exécution sommaire : 50 tués
Il semble que c'est en riposte à la mort d’Abou Abdel-Aziz que dans la journée de ce mardi, comme l’ont rapporté des sites de l’insurrection, l’EIIL a exécuté toutes les personnes qu’elle détenait emprisonnées dans son siège principal à Alep.
Le Los Angelos Times a relayé l'information, citant des militants sur place.
Le nombre des tués s’élèverait à près de cinquante détenus, dont des femmes, des secouristes et une vingtaine de militants médiatiques arrêtés les deux derniers mois de l’année dernière. Ces derniers comptent les 7 militants capturés le 26 décembre dernier lors d’une attaque contre le siège de la télévision Chada (Chaza) dans le quartier aleppin Kallaceh. Et ce au lendemain de la diatribe lancée par le guide spirituel de l'ASL, cheikh Arrour, depuis l'Arabie saoudite, contre l'EIIL.
Les cadavres de 4 d’entre eux ont été reconnus parmi les tués( dont Koutayba Abou Younès et Mohammad Koraniyyé- voir photos) .
Il est également question d’un attentat suicide perpétré par l’EIIL contre une position du Front Islamique (milice soutenue par l’Arabie) dans le quartier Chaar d’Alep. Le nombre des victimes n’a pas été signalé.
Appel de Joulani
C'est dans ces circonstances qu'Abou Mohammad Joulani, le chef du Front al-Nosra, milice d'al-Qaïda aussi a lancé ce mardi un appel pour stopper les combats contre l’EIIL. Qualifiant ce combat de "regrettable", il annoncé la formation «d’un comité juridique islamique de toutes les factions pour faire appliquer un cessez-le-feu, échanger les prisonniers chez tous les antagonistes et accorder la priorité aux lignes de combat contre le régime», d'après ses termes.