Des affrontements ont été signalés dans l’Etat pétrolier du Haut-Nil, où les rebelles affirment bénéficier de nouvelles défections au sein de l’armée.
Les combats se poursuivaient mercredi au Soudan du Sud, alors que dans la capitale éthiopienne Addis Abeba, les pourparlers en vue d'un cessez-le-feu entre le gouvernement de Juba et les rebelles menés par l'ex-vice président Riek Machar semblent partis pour durer.
Sur le terrain, forces rebelles et pro-gouvernementales ont toutes deux confirmé des combats en cours dans la ville stratégique de Bor, capitale de l'Etat sud-soudanais du Jonglei.
La ville, actuellement tenue pas les rebelles, a changé trois fois de mains depuis le début des hostilités.
D'autres affrontements ont été signalés dans l'Etat pétrolier du Haut-Nil, où les rebelles affirment bénéficier de nouvelles défections au sein de l'armée.
"Nos forces se coordonnent", a affirmé à l'AFP le porte-parole des rebelles, Moses Ruai Lat, répétant que les rebelles étaient prêts à attaquer Malakal, la capitale du Haut-Nil, et même la capitale sud-soudanaise Juba.
Depuis Addis Abeba, un autre porte-parole des rebelles a insisté sur le fait qu'ils ne signeraient aucun cessez-le-feu tant que le gouvernement de Juba n'aurait pas libéré leurs alliés détenus depuis le début des combats.
La question de la libération de ces détenus, onze au total, est au coeur des pourparlers qui se sont ouverts lundi dans la capitale éthiopienne. "Nos collègues doivent être libérés pour venir (à Addis) et participer" aux discussions, a martelé le deuxième porte-parole, Yohanis Musa Pauk. "Nous
attendons la libération de nos détenus, quand ils les libèreront, alors nous signeront l'accord de cessez-le-feu".
Pressions régionales
L'organisation gouvernementale est-africaine Igad, qui chapeaute les pourparlers à Addis Abeba, fait elle aussi pression pour la libération des onze détenus.
Mais Juba a jusqu'ici résisté à ces demandes, estimant que les détenus devaient être normalement jugés.
Les pourparlers piétinent donc. Mais mercredi encore, dans un entretien avec l'AFP, l'ambassadeur du Soudan du Sud à Paris, Kuol Andrew Akon Akech, s'est malgré tout dit convaincu de la nécessité de poursuivre les discussions,
insistant sur l'aspect "purement politique" du conflit.
Le jeune Soudan du Sud, indépendant du Soudan depuis seulement juillet 2011, est ravagé par les combats depuis le 15 décembre.
Les affrontements ont d'abord opposé des unités de l'armée loyales au président sud-soudanais Salva Kiir et d'autres fidèles à l'ex-vice président Riek Machar, limogé en juillet.
Puis les combats ont dégénéré, la rébellion menée par Riek Machar fédérant désormais une alliance plus ou moins stable de commandants de l'armée mutins et de milices ethniques.
Salva Kiir accuse Riek Machar et ses alliés de tentative de coup d'Etat.
Riek Machar dément, accusant à son tour Salva Kiir de chercher purement et simplement à éliminer ses rivaux.
Les combats ont déjà fait des milliers de morts et quelque 200.000 déplacés, selon l'ONU. Plus de 30.000 personnes ont même fui le pays, trouvant notamment refuge en Ouganda.
Des massacres, viols, meurtres à caractère ethnique ont aussi été reportés dans les deux camps, sur lesquels les Nations unies promettent d'enquêter. Car le conflit a pris une dimension tribale, opposant les Dinka de Salva Kiir aux
Nuer de Riek Machar.
Et la situation humanitaire ne cesse de se dégrader.
"Nous faisons face à une catastrophe humanitaire", a affirmé le chef des opérations humanitaires de l'ONU au Soudan du Sud, Toby Lanzer. "C'est une période critique pour le pays. Les combats doivent simplement cesser".