Elle a mis à prix la tête des dirigeants de la Coalition
Entre l’Etat Islamique en Irak et au Levant et toutes les autres milices œuvrant en Syrie, la bataille n’est qu’à ses débuts.
La trahison des Syriens
Malgré les pertes lourdes qu’elle a subies ces derniers jours, la milice d’Al-Qaïda refuse de se laisser faire et se prépare pour des scénarios jusqu’au-boutistes. D’autant qu’elle s’estime trahie par les Syriens, d’après ce qu’en disent ses sources.
« Le comportement des Syriens avec les combattants immigrés est comparable à celui des Irakiens qui les ont au début accueillis à bras ouvert puis les ont trahis », explique une source proche de cette milice pour le correspondant du journal libanais al-Akhbar en Syrie. Et de menacer : « Alors les moudjahidines ont décidé de bruler un feu rouge et ne craignent plus désormais les attentats dans les régions sunnites... tous les attentats suicide étaient perpétrés dans le passé dans les régions sous contrôle du régime et de ses voyous, aujourd’hui toutes les régions de laquelle sortira l’Etat sera une cible ».
Depuis l’éclatement de la crise, vendredi dernier, plus de 7 attentats suicides ont été commis contre des barrages et des sièges du Front Islamique, la tête de file des milices en action en Syrie et soutenue par l'Arabie saoudite.
Le bilan de ces combats fratricides entre milices soutenues par l’Arabie (Front Islamique, Front des Moudjahidines et ASL), et celles d’Al-Qaïda et qui ont débuté vendredi, ont fait au moins 385 morts, dont 198 rebelles, 131 membres de l'EIIL et 56 civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Deux miliciens français font partie des tués
Des têtes mis à prix
Mardi, l’EIIL a mis à prix la tête des membres de la Coalition de l’opposition et de la révolution syrienne et se prépare pour anéantir les autres milices.
Dans un enregistrement sonore, son porte-parole cheikh Abou Mohammad Adnani a affirmé que les membres de ce rassemblement sont devenus des « cibles légitimes ». Sont concernés aussi par cette décision les membres du Conseil National syrien que ceux de l’Etat-major et du Conseil militaire, lesquels siègent tous au sein de la Coalition dont le quartier général se trouve à Istanbul.
S'adressant aux combattants de l'EIIL, il a lancé: "Anéantissez-les (les rebelles) et (...) soyez certains de la victoire de Dieu". Parlant ensuite aux rebelles, il a affirmé: "Aucun de vous ne survivra, et nous ferons de vous un exemple pour tous ceux qui pensent suivre le même chemin".
Aveux compromettants
D’ailleurs, il ne semble pas que l’EIIL ait été pris à l’improviste. Ces dernières semaines, il avait constaté « une préparation des services de renseignements de concert avec des milices locales » pour le frapper.
Saddam al-Jamal, le chef de la milice « Ahfad ar-Rassoul » (Les petits-fils du messager) à Deir Ezzor fait partie de ceux qui ont révélé certains des aspects de ces rencontres entre les dirigeants de l’ASL et des autres groupuscules islamistes avec des officiers des services de renseignements étrangers de différentes nationalités.
« Les contacts entre l’Etat islamique avec certains frères qui ont rencontré les Américains ont attisé nos doutes. Ils ne cessaient de répéter le même refrain, qu’il faut agir pour que le soutien international se poursuive sinon nous serons une bouchée facile pour l’armée du régime. Ce ne sont pas une association caritative, et les ennemis de l’Islam. Mais nous devons nous renforcer au Levant, pour ne pas entrer en conflit avec les grandes puissances lesquelles nous livreraient à Bachar », rapportent des sources proches de l’EIIL pour le journal al-Akhbar.
Le pourquoi des arrestations
C’est la raison pour laquelle l’EIIL a procédé à des arrestations dans les rangs des militants de l’opposition : « il s’agissait d’un mélange hétérogène de collaborateurs avec des services de renseignements étrangers pour espionner les combattants sous couvert d’être des journalistes, des secouristes et des militants d’organisations civiles », explique cette source, en allusion aux dizaines de militants capturés durant les deux mois écoulés, et dont le sort de la plupart d’entre eux demeure toujours inconnu.
Certaines sources de l’insurrection, relayées par le Los Angeles Times ont dit que 50 d’entre eux ont été liquidés. Alors que seuls les cadavres de 4 militants de presse qui travaillaient pour la télévision Chada ont été retrouvés.
L'EIIL étale ses exploits
S’expliquant toujours pour les medias, l’agence Asia News, l’EIIL semble particulièrement offensée par les accusations proférées par les autres milices et selon lesquelles il collabore avec le pouvoir syrien.
A cet égard, il rappelle « les exploits » qu’il a réalisés.
« Ils ont oublié qui a déclenché la bataille du littoral, qui a donné le feu vert à l’assaut d’Aïcha, Mère des croyants, et qui a fait trembler la terre sous les pieds du régime... Aujourd’hui on accuse l’Etat (appellation abrégée par laquelle l’EIIL s’appelle) de collaboration. C’est lui qui a fait exploser les corps de ses combattants contre les barrages de l’armée impie, c’est lui qui a contribué à s’emparer de l’aéroport de Mennegh, après l’échec de l’ASL malgré plusieurs mois de siège», a affirmé une source proche de ce courant dans un entretien avec l’agence de presse Asia News.
Et de poursuivre : « ce sont les soldats de l’Etat qui ont déclenché la bataille du Qalamoune et de Nabak (province de Damas) avec leurs corps, malgré la trahison de l’armée de l’Islam. Ils ont libéré la station électrique dans la province d’Alep, et les dépôts (d’armes) de Mahin dans la province de Homs, ils ont pris le contrôle de la province de Deir Ezzor, ils sont entrées à l’hôpital Kindi d’Alep, ils assiègent la prison d’Alep, et ont combattu les factions kurdes qui luttent sous la bannière du PKK et LPD ».
Selon cette source, les milices du FI, du FM et de l’ASL sont commandités par des services de renseignements régionaux et internationaux pour déformer l’image de l’EIIL.
« Elles se sont fait volontaires pour combattre au nom des Américains, des Nassiriens (alaouites), des Rafidas (chiites) et des Saoud », a dit cette source, rendant la balle à ses frères d'armes, en reprenant à son compte les accusations de collaboration, toute confiante de pouvoir les anéantir.
Mais c’est surtout le Front al-Nosra, qu'il avait pourtant envoyé en Syrie avant qu'il ne fasse d6fection et combatte dans les rangs de ses adversaires qui l’inquiète. Son objectif serait de lui faucher les jihadistes venus des quatre coins du monde. Surtout qu’il compte sur eux pour reprendre les choses en main.