Le 14-Mars persiste et signe: un cabinet "neutre". "Je ne permettrais pas l’isolement du Hezbollah", martèle Berry.
Un petit vent d’optimisme a soufflé sur le dossier de la formation du gouvernement ces dernières 24 heures. Les démarches déployées par le président de la Chambre, Nabih Berry, et le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, pour éviter au Liban une crise politique majeure provoquée par la formation d’un cabinet de fait accompli semblent avoir réussi une petite percée.
Pour convaincre le président de la République, Michel Sleiman, de reporter l’annonce du gouvernement «neutre», le 8-Mars a fait une concession en renonçant à sa demande d’un gouvernement 9-9-6 (neuf ministres pour le 14-Mars, autant pour le 8-Mars et six pour les centristes) et a accepté la formule 8-8-8 «relookée».
Les grandes lignes de cette initiative ont été discutées hier au Palais de Baabda entre le président Sleiman et les émissaires du président Berry et du secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, respectivement MM. Hassan Khalil et Hussein Khalil.
Selon les milieux de la présidence, M. Sleiman a accepté le principe d’un gouvernement «rassembleur» mais ne ce serait pas, en revanche, engagé à abandonner définitivement l’option du cabinet de fait accompli, en dépit des risques politiques qu’il comporte pour le pays, déjà en proie à une instabilité sécuritaire croissante.
L’initiative de M. Berry consiste à donner au président Sleiman un ministre chiite, dont le nom ne serait pas perçu comme un défi ou une provocation par les deux principaux partis de cette communauté, le Mouvement Amal et le Hezbollah. Le 8-Mars a également accepté le principe de la rotation des portefeuilles.
M. Sleiman a réservé sa réponse définitive arguant du fait que la décision ne lui revenait pas entièrement. En effet, il a besoin de l’accord du Premier ministre désigné, Tammam Salam, qui est le premier concerné par la composition du gouvernement.
C’est M. Joumblatt qui se charge des négociations avec M. Salam et le 14-Mars. Il a dépêché à cet effet le ministre des Affaires sociales, M. Waël Abou Faour, auprès de Nader Hariri, conseiller de l’ancien Premier ministre Saad Hariri. Nader Hariri a pris l’avion pour exposer la nouvelle proposition à son cousin, le chef du Courant du futur, qui se trouve à Paris.
La presse libanaise rapporte des réactions contradictoires du 14-Mars à l’égard de cette nouvelle initiative. Certains journaux parlent d’ambiance positive, d’autres de rejet de la démarche de MM. Berry et Joumblatt. Cette confusion montre que le 14-Mars a besoin de se concerter avec ses parrains régionaux avant de prendre une décision.
La réponse est venue ce mercredi dans un communiqué publié à l’issue de la réunion du bloc parlementaire du futur. Le président du bloc, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, a en effet réitéré son appel à la formation d'un gouvernement neutre «qui ouvrirait la voie à la résolution des crises sécuritaire, économique et sociale du Liban».
Cette prise de position constitue une fin de non recevoir adressée à MM. Berry et Joumblatt et une pression exercée sur le président de la République. Reste à attendre la voie que choisira de prendre le chef de l’Etat: exigera-t-il du 14-Mars une réponse claire et insistera-t-il pour la formation d’un gouvernement rassembleur, ou cèdera-t-il aux demandes du Courant du futur pour annoncer un cabinet neutre.
Le choix est d’autant plus important que M. Sleiman sait pertinemment qu’un tel gouvernement n’obtiendra pas la confiance du Parlement mais plongera le pays dans une crise politique et constitutionnelle qui aura de graves répercussions.
«Je ne permettrais pas l’isolement du Hezbollah», martèle Berry
Le président du Parlement Nabih Berry a réaffirmé son refus «de mettre à l'écart le Hezbollah ou tout autre parti» dans la formation du nouveau gouvernement. «Je suis ouvert à tout, sauf à la mise à l'écart d'un parti», a affirmé M. Berry.
«Toute tentative d'isoler le Hezbollah est rejetée», a-t-il poursuivi estimant qu'au Liban, «aucun parti ne peut isoler un autre».
Par ailleurs, M. Berry s'est félicité des réactions positives de certains responsables du Courant du futur concernant la formation du gouvernement et la participation de tous les partis.
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