Gates assène un rude coup au président démocrate en mettant en cause, dans un livre, son leadership sur l’Afghanistan et son équipe.
Pilier du premier mandat de Barack Obama, Robert Gates, républicain resté à la tête du Pentagone après le changement d'administration, assène un rude coup au président démocrate en mettant en cause, dans un livre, son leadership sur l'Afghanistan et son équipe.
La charge de l'ancien ministre est pondérée par des hommages appuyés à Obama, notamment pour sa décision "courageuse" d'éliminer Oussama ben Laden.
Mais elle tombe au plus mal pour un président déjà affaibli et ne manquera pas d'être exploitée par les républicains.
Les critiques à l'encontre des conseillers de la Maison Blanche et de Barack Obama n'ont rien de nouveau.
Mais dans ses mémoires intitulés "Duty: Memoirs of a Secretary at War" (non traduit) à paraître le 14 janvier et dont des extraits ont été publiés par les principaux quotidiens américains, Robert Gates leur donne un écho démultiplié en raison de sa stature et du respect qu'il suscite au sein de la classe politique.
Preuve des remous que le livre suscite, les proches du président sont rapidement montés au créneau.
"(Robert Gates) a toujours dit qu'il avait une bonne relation de travail avec le président", a plaidé sur NBC David Axelrod, un ancien conseiller et proche d'Obama.
L'ancien chef de cabinet de la Maison Blanche Bill Daley a pour sa part jugé sur CBS "assez malheureuse" la publication de ces mémoires qui ne rend "pas service" alors que le conflit afghan n'est pas terminé.
De fait, les extraits dévoilés mettent en avant l'amertume du secrétaire à la Défense (2006-2011) face à la conduite de la guerre en Afghanistan par la Maison Blanche.
Robert Gates décrit notamment une réunion au cours de laquelle le président démocrate semble ne plus croire dans la stratégie qu'il a décidée 18 mois plus tôt d'envoyer 30.000 hommes supplémentaires, et exprime ses doutes sur les capacités du général David Petraeus, le commandant des forces en Afghanistan.
Il "ne croit pas en sa propre stratégie et ne considère pas cette guerre comme la sienne. Pour lui, il s'agit juste de se retirer", écrit-t-il.
Barack Obama était "sceptique sinon totalement convaincu que (sa stratégie) allait échouer", ajoute-t-il. Il regrette la "suspicion" et la défiance manifeste du président à l'endroit des généraux chargés de le conseiller et de mettre en oeuvre sa stratégie, qui sont vite devenues un "gros problème".
Pique pour Hillary Clinton
Son livre vise aussi le fonctionnement de la Maison Blanche et la coterie de conseillers du président "qui a porté le micromanagement et l'immixtion dans les opérations à un nouveau niveau".
Des conseillers "parfois condescendants et insultants" à l'encontre des responsables militaires.
Robert Gates est particulièrement acerbe à l'égard du vice-président Joe Biden qui, avec le conseiller à la sécurité nationale Tom Donilon, était partisan de l'envoi d'un nombre beaucoup plus faible de renforts en Afghanistan et "savonnait la planche".
"Il s'est trompé sur quasiment toute décision majeure de politique étrangère et de sécurité nationale ces quatre dernières décennies", écrit-t-il à propos de Joe Biden.
La date de publication de ses mémoires n'intervient pas à un moment anodin alors que Barack Obama est toujours en poste et doit encore prendre des décisions stratégiques sur l'Afghanistan, notamment sur la présence militaire américaine après la fin de la mission de combat de l'Otan fin 2014.
Pourtant, le républicain Gates salue dans le président démocrate un homme "intègre" qui a "eu raison sur chacune de ses décisions", qu'il s'agisse de la décision d'envoyer un commando au sol pour éliminer le chef d'al-Qaïda ou d'intervenir en Libye, pour lesquelles il était lui-même très réticent.
Il se permet encore une pique à l'égard d'Hillary Clinton, ex-secrétaire d'Etat et possible candidate démocrate en 2016: il décrit une scène au cours de laquelle Mme Clinton, qui avait brigué l'investiture démocrate en 2008, avoue au président qu'elle s'était opposée à la stratégie de George W. Bush d'envoyer fin 2007 des renforts en Irak pour des raisons purement politiques.