Les takfiristes d’Aïn el-Héloué très actifs depuis la mort d’al-Majed.
L’Institut américain du renseignement Stratfor a écrit que la mort mystérieuse du chef takfiriste saoudien à Beyrouth (Majed al-Majed) soulève des questions au sujet des réseaux de plus en plus compliqués de Riyad dans la région.
L'Iran et l'Arabie saoudite sont enfermés dans une lutte d'influence au Levant, et des groupes comme les Brigades Abdallah Azzam sont pressés d'exploiter cette dynamique. Cependant, la stratégie de l'Arabie saoudite de soutenir sélectivement les takfiristes dans cette zone de combat aura un prix.
Majed al-Majed était particulièrement connu pour ses capacités à restructurer les takfiristes en sous-unités décentralisées et pour la mise en place de réseaux régionaux. Alors que la guerre civile syrienne s’est intensifiée au cours des deux dernières années, il a transporté ses activités en dehors du camp d’Aïn el-Héloué, avant de déménager en Syrie, en 2012, où il a travaillé avec le Front al-Nosra.
Aïn el-Héloué est un terrain de recrutement actif pour les militants sunnites et les agences régionales de renseignement. L’Arabie saoudite, en particulier, garde un oeil sur les groupes en dehors des camps palestiniens du Liban.
La dernière revendication majeure des Brigades Abdallah Azzam était le double attentat suicide du 19 novembre contre l'ambassade d'Iran dans la banlieue sud de Beyrouth.
Un signal clair que les takfiristes opérant au Liban sont prêts à intensifier leur campagne sectaire contre le Hezbollah, soutenu par l'Iran.
Peu de temps après l'attaque, al-Majed, qui souffrait d'insuffisance rénale, est retourné au Liban et se sentait visiblement suffisamment en sécurité pour subir une dialyse dans un hôpital de Beyrouth, avant de retourner dans la vallée de la Bekaa. En route, les renseignements de l'Armée libanaise l’ont cueilli et son arrestation a été officiellement annoncée le 1er janvier.
L'affaire al-Majed a rapidement tourné en un bras de fer entre l'Iran et l'Arabie saoudite, avec un Liban impuissant juste au milieu. L’Arabie saoudite a réclamé son extradition, vu qu'il est un ressortissant saoudien recherché par les autorités de son pays.
Mais l'Iran, après avoir été la cible de son groupe quelques semaines plus tôt, a assuré qu’il avait le droit de l'interroger en premier.
Riyad a refusé la demande de l'Iran, mais Téhéran a quand même envoyé une délégation au Liban pour l'interroger. Les responsables libanais ont essayé d'éviter de prendre parti pour l’un des deux pays, affirmant que Majed était trop malade pour être entendu. Le 4 janvier, sa mort a été annoncée à l'hôpital de Beyrouth, où il était traité.
Al- Majed était malade, mais les circonstances de sa mort sont très suspectes. L'Iran a déjà exprimé ses soupçons que l'Arabie saoudite a joué un rôle dans sa mort.
Stratfor a également reçu des indications avant son décès selon lesquelles les autorités libanaises étaient sous pression pour lui refuser un traitement médical afin que le problème soit, pour ainsi dire, réglé de lui-même.
La question qui s’impose est celle de savoir pourquoi al-Majed était-il tellement dangereux pour rester en vie.
L’Arabie saoudite parraine un réseau élaboré de militants sunnites qui sont particulièrement actifs en ce moment au Levant, en particulier en Syrie et au Liban, où l'Iran et l'Arabie sont engagés dans une intense bataille par procuration.
Le soutien des Saoudiens aux factions militantes peut varier d'une aide financière directe, aux armes et aux combattants, ou en fermant simplement les yeux sur des activités qui servent des intérêts sectaires plus larges. On ne sait pas quel est le niveau du soutien que le groupe d’al-Majed pourrait avoir reçu de Riyad, mais il est clair que les Saoudiens souhaitaient le faire taire.
Le problème historique avec la stratégie de l'Arabie saoudite est que la plupart des factions takfiristes qui gagnent du terrain dans la région sont tout aussi capables de se retourner contre la Maison des Saoud, une fois que le champ de bataille actuel perd de son attrait. La politique saoudienne dans la région est donc pleine de contradictions.
(Stratfor)
Les takfiristes d’Aïn el-Héloué très actifs depuis la mort d’al-Majed
Entre-temps, des sources ont révélé à l'agence al-Markaziya qu'on surveille de près les membres de Fateh el-islam et de Jound el-Cham qui se trouvent au camp de Aïn el-Heloué, depuis la mort de Majed al-Majed, notamment le dénommé Toufic Taha, le complice numéro un de Maged al- Maged et actuellement en charge des Brigades Abdallah Azzam.
Selon ces mêmes sources, de nombreux groupes armés à Hay el-Tawarek se manifestent au sein du camp ces derniers temps. Parmi ceux-ci Mohammad Houjeir, recherché par la justice car suspecté d'avoir participé à l'attentat contre l'ambassade iranienne à Bir Hassan.
Les quelque 70 membres de Fateh el-islam et de Jound el-Cham auraient par ailleurs rejoint le Front al-Nosra et les Brigades Abdallah Azzam et se manifesteraient principalement la nuit dans les camps par des entraînements et des campagnes de recrutement, sans que le mouvement palestinien Fateh puisse intervenir pour contrôler ces agissements.
«Les camps palestiniens de Bourj el-Chémali, de Rachidiyé, de Chatila et de Bourj el- Barajné témoignent de mouvements similaires, et ces individus armés utilisent le Net pour communiquer entre eux et entre les différents camps», ont ajouté les sources, citées toujours par al-Markaziya.
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