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En 2014, la Russie revient en force sur l’arène internationale

En 2014, la Russie revient en force sur l’arène internationale

La Russie se présentera encore une fois comme un acteur global à Sotchi : en tant qu’hôte des JO puis du sommet du G8.

 

Le début de l'année 2014 semble positif pour la Russie: de nombreux médias étrangers ont salué sa politique étrangère, contrastant avec la déception provoquée par le comportement de la diplomatie allemande, estime le politologue Alexander Rahr dans le quotidien Izvestia.

En effet certains commentateurs ont déploré le fait que les Allemands n’aient pas déposé de fleurs devant l’ambassade russe pour montrer leur solidarité avec les victimes des attentats à Volgograd, et critiqué le refus public du président Joachim Gauck d’aller aux Jeux olympiques de Sotchi.

Les observateurs allemands ne sont pas seuls à juger ainsi la politique européenne. Le quotidien The New York Times a lui aussi critiqué l’Union européenne à cause du dossier ukrainien. Selon le journal américain il était tout à fait inutile de tenter d’enfoncer un coin entre Kiev et Moscou. De nombreux experts occidentaux remarquent également que l’analyse russe des printemps arabes était plus pertinente et réaliste que les représentations romantiques de l’Occident, qui imaginait un triomphe de la démocratie libérale au Proche-Orient.

La critique antirusse portant sur la limitation des droits des homosexuels et les répressions des ONG perdure toujours dans certains cercles d’intellectuels occidentaux mais on entend, en même temps, des jugements positifs sur la protection des traditions et de la culture de la "vieille Europe" en Russie. Aujourd’hui l’Occident accorde en général plus d’attention à la "révolution conservatrice" en cours en Russie.

Si les Jeux olympiques de Sotchi étaient un succès d’un point de vue technique, culturel et politique, cela renforcerait certainement la bonne image de Moscou. Au final ces associations positives pourraient balayer les représentations négatives. Les JO offrent ainsi à la Russie une possibilité unique de se montrer comme un pays ouvert, moderne et respectable. Ces jeux seront suivis du sommet du G8, qui réunira à Sotchi les leaders des Etats-Unis, de l’Allemagne, de la France et d’autres grandes puissances. Sotchi sera ainsi de nouveau au cœur de la politique mondiale.

Faute d’événements imprévus, ce sommet du G8 portera sur la situation en Afghanistan et dans les pays voisins suite au retrait des forces de l’OTAN en 2014. La lutte contre le trafic de drogues, le terrorisme islamiste et la pauvreté pourraient figurer à l’ordre du jour et unir la communauté internationale. Ce projet commun encouragerait à plus de pragmatisme et moins de confrontation dans les rapports entre la Russie et l’Occident.

L’amnistie présidentielle de fin décembre a aidé Vladimir Poutine à marginaliser les facteurs d’irritation qui avaient empêché un rapprochement fructueux entre l’Occident et la Russie.

Le renforcement de la confiance mutuelle exige toutefois d’autres pas concrets : il faudrait notamment organiser des négociations tripartites visant à renouveler le partenariat entre l’UE, la Russie et l’Ukraine. L’Occident commence à comprendre que l’ultimatum fixé à Kiev - soit l’association avec l’Union européenne soit l’Union douanière - a été une erreur. Ces pourparlers permettraient à la Russie de montrer son intérêt pour le rapprochement avec l’Europe.

La Russie se présentera encore une fois comme un acteur global à Sotchi : en tant qu’hôte des JO puis du sommet du G8. Il y a quelques années, le gouvernement russe était absorbé par la résolution des problèmes intérieurs du pays, notamment la menace d’une dislocation territoriale. Aujourd’hui la Russie revient en force sur l’arène internationale : elle a joué un rôle-clé dans le règlement des conflits au Moyen Orient (la Syrie, l’Iran), la création de nouvelles institutions internationales telles que le groupe des BRICS, l’Organisation de coopération de Shanghai et l’Union eurasiatique, aussi bien que dans l’élargissement des gigantesques infrastructures énergétiques visant à approvisionner l’Europe et l’Asie. Tout cela ne signifie pas que la Russie doive oublier la modernisation de son économie et la réduction de sa dépendance envers les exportations des hydrocarbures. Son nouveau statut international est pourtant évident et l’année 2014 pourrait renforcer ou affaiblir ses positions.