Le bloc du Hezbollah a mis en garde contre "l’aventure inconsidérée que constituerait la formation d’un gouvernement de fait accompli".
Le président de la République, Michel Sleiman, a accordé aux différentes parties politiques libanaises un délai de 10 jours pour parvenir à un accord sur un gouvernement rassembleur, brandissant de nouveau la menace d'un cabinet de fait accompli en cas d'échec des négociations en cours.
Le chef de l'Etat, qui s'exprimait dans le cadre d'un entretien télévisé, a fait état de "signaux positifs" venant du chef du Courant du futur, l'ancien Premier ministre Saad Hariri, au sujet de la formule gouvernementale dite des 3x8 "enrichies", proposée par MM. Nabih Berry et Walid Joumblatt.
M. Sleiman a ajouté que "les réponses attendues par le 14-Mars aux questions qu'ils ont posé sont entre les mains du Premier ministre désigné, Tammam Salam". "Je souhaite et j'encourage un gouvernement rassembleur, a-t-il dit.
Mais si d'ici 10 jours il n'y a pas d'accord, alors nous formerons un gouvernement. Nous avons d'ailleurs reporté l'annonce du Cabinet qui devait avoir lieu le 7 du mois en cours" pour accordé une chance au gouvernement rassembleur.
Le quotidien As Safir avait fait état d'"informations fiables selon lesquelles Saad Hariri avait envoyé ces deux derniers jours un message au président Sleiman, via l'un de ses conseillers, lui faisant part de son approbation de la formule politique et non neutre dite des 3x8, sans tiers de blocage, ce qui reviendrait implicitement à accepter la participation au nouveau gouvernement des ministres du Hezbollah".
Le journal ajoute qu’en réponse à cette attitude positive affichée par M. Hariri, le président du Parlement, M. Nabih Berry se serait engagé "à prendre en charge l'écueil de la déclaration ministérielle, en tentant de désamorcer la crise qui risque d'éclater au sujet de la formule peuple-armée-résistance". Dans ce cadre, M. Berry a déclaré que la question de la déclaration ministérielle sera examinée après la formation du gouvernement.
Alors que les négociations se poursuivent, le député du Courant patriotique libre (CPL), Alain Aoun, a indiqué que "l'alliance entre le 8-Mars et le CPL est forte de 58 députés. Elle ne doit pas être donc écartée de la participation à la prise de décisions engageant le sort du pays. C'est l'esprit de Taëf, d'autant que cette alliance représente plus de 50% du peuple", a-t-il dit.
De son côté, le bloc parlementaire de la Résistance a publié un communiqué dans lequel il a critiqué avec virulence le gouvernement de fait accompli. Le bloc du Hezbollah a mis en garde contre "l'aventure inconsidérée que constituerait la formation d'un tel gouvernement, et qui pourrait saboter l'élection présidentielle".
Le communiqué salue "l'approche positive et l'esprit de coopération du 8-Mars dans les efforts pour former un nouveau gouvernement rassembleur qui aurait l'approbation de toutes les parties". Le bloc précise que quelle que soit l'appellation, un "gouvernement de fait accompli" reste un gouvernement illégal, contraire à la Constitution, à l'esprit du pacte national et à l'accord de Taëf.
Le communiqué du bloc de la Résistance a en enfin condamné l'assassinat de l'ancien ministre Mohammad Chatah et l'explosion de Haret Hreik, tout en appelant à la multiplication des efforts des Libanais pour lutter contre le phénomène takfiriste "qui se développe dans de nombreux pays de la région et même dans de grands États comme la Russie où il a récemment frappé à Volgograd". Il a estimé que les Libanais "sont tous concernés par la nécessité de protéger leur pays de l'ennemi israélien et de la menace takfiriste". Il a aussi dénoncé l'agression dont a été victime le mufti de la République de la part de partisan du Courant du furut, appelant tous les Libanais à respecter les autorités religieuses.
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