28-11-2024 09:37 AM Jerusalem Timing

La levée partielle des sanctions va donner du souffle à l’économie iranienne

La levée partielle des sanctions va donner du souffle à l’économie iranienne

L’économie iranienne montre des signes d’une reprise après plusieurs années de sanctions.

L'Iran a recueilli les premiers fruits concrets de sa politique de dialogue avec le déblocage prochain de 550 millions de dollars comme prévu par l'accord nucléaire de Genève qui aura un effet psychologique immédiat et permettra une relance de l'économie, selon les experts.
  
L'accord conclu avec les grandes puissances fin novembre est le résultat d'intenses discussions relancées après la victoire en juin du président iranien modéré Hassan Rohani. Il prévoit que Téhéran gèle à partir du 20 janvier et pendant six mois une partie de ses activités nucléaires sensibles en échange d'une levée partielle des sanctions.
  
L'Iran s'engage notamment à limiter l'enrichissement d'uranium à 5%,  transformer son stock d'uranium à 20%,  geler à leur niveau actuel ses activités dans les sites de Natanz et Fordo ainsi qu'au réacteur à eau lourde d'Arak, et à stopper l'installation de nouvelles centrifugeuses - plus de 19.000 actuellement - dans ces sites. L'accord doit faire l'objet d'une "surveillance accrue" de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
  
Les pays du groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) doivent en contrepartie lever notamment les sanctions sur les exportations pétrochimiques, le commerce de l'or, maintenir les exportations de pétrole à leur niveau actuel, lever les sanctions contre l'industrie automobile et débloquer graduellement 4,2 milliards de dollars des avoirs iraniens gelés aux Etats-Unis. Téhéran recevra début février un premier versement de 550 millions de dollars, selon le Département d'Etat.
  
Cette période de 6 mois doit permettre de démarrer des discussions sur un accord global sur le programme nucléaire de Téhéran, soupçonné malgré ses dénégations, de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil.
  
La somme totale de 4,2 milliards "n'est pas grand-chose en soi", nuance pour l'AFP l'expert économique Saïd Leylaz, rappelant que sur les neuf derniers mois, l'Iran a vendu 34 milliards de dollars de pétrole et produits dérivés et a récupéré 32 milliards.
  
Mais, selon lui, "l'effet politique et psychologique sera considérable. Nous allons vendre plus facilement notre pétrole, nos produits pétrochimiques et surtout récupérer nos pétrodollars. Nous allons aussi acheter jusqu'à 10% moins cher tous les produits que nous achetons à l'extérieur".
  
  

Relancer la production
   
   
L'embargo pétrolier et financier imposé en janvier 2011 par les Etats-Unis et l'Union européenne a étranglé l'économie iranienne. L'accord prévoit la création de canaux bancaires pour faciliter les échanges commerciaux de l'Iran avec le monde extérieur.
  
L'expert table sur une hausse de 20 à 25 milliards de dollars par an de revenus pour le gouvernement qui lui permettra de mieux contrôler l'inflation et de répondre aux besoins immédiats de la population.
  
Pour Mohsen Ghamsari, directeur des relations internationales de la Compagnie nationale du pétrole (NIOC), l'entrée en application de l'accord va même permettre une hausse des exportations pétrolières à terme.
  
L'Iran a déjà augmenté ses exportations pétrolières ces derniers mois à environ 1,3-1,4 million de barils par jour, contre 1,2 précédemment, ajoute-t-il, cité par la presse.
 "Avec des revenus supplémentaires, le gouvernement pourra importer les produits de consommation dont a besoin la population et les produits intermédiaires pour relancer la production", explique Mohammad Reza Behzadian, acteur économique et ancien responsable de la Chambre de commerce de Téhéran.
   "Le gouvernement va aussi pouvoir payer ses dettes aux entreprises privées, ce qui donnera encore plus de souffle à l'économie", souligne-t-il.
  

Enfin, la levée des sanctions contre le secteur automobile aura également un important impact, alors que la production de véhicules a baissé de moitié (de 1,6 million en 2011 à moins de 800.000 en 2012).
   "Nous pouvons atteindre dès 2016 notre niveau de production de 2011. En plus, nous allons surtout avoir accès aux technologies nouvelles", affirme M. Leylaz.
   "L'économie iranienne montre des signes d'une reprise après plusieurs années de sanctions, due en grande partie à la levée partielle d'une partie des sanctions prévue par l'accord de Genève, d'un changement psychologique des marchés et de la perception que l'administration Obama s'est engagée à ne plus imposer de nouvelles pressions économiques contre l'Iran", écrit l'analyste américain Mark Dubowitz dans une tribune publiée lundi par le quotidien iranien anglophone Iran Daily.