La Turquie est fortement soupçonnée d’avoir livré des armes à des groupes proches d’Al-Qaïda pour faire renverser le président syrien Bachar al-Assad.
Le président turc Abdullah Gül s'est prononcé mardi pour une modification de la politique syrienne du gouvernement islamo-conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, éclaboussé par un vaste scandale de corruption.
"Je suis favorable à ce que nous procédions à un nouveau calibrage de nos politiques diplomatique et de sécurité fondées sur la réalité de la situation dans le sud de notre pays", a déclaré M. Gül devant les ambassadeurs de Turquie réunis à Ankara.
"Nous évaluons ce qu'il y a à faire pour parvenir à une solution gagnant-gagnant dans la région. Le moyen d'y parvenir est de faire preuve de patience, de calme, de persévérance et, lorsque c'est nécessaire, d'avoir recours à une diplomatie discrète. Je pense que les difficultés peuvent être surmontées par la diplomatie", a estimé le chef de l'Etat.
Adversaire résolu du président syrien Bachar al-Assad, le gouvernement d'Ankara a récemment été soumis au feu des critiques, notamment de la part de ses alliés occidentaux, accusé d'avoir soutenu certains des groupes rebelles islamistes syriens les plus radicaux pour précipiter, sans y parvenir, la chute du régime de Damas.
La Turquie est fortement soupçonnée d'avoir livré des armes à ces groupes proches d'Al-Qaïda, mais a toujours réfuté les allégations allant dans ce sens.
L'intervention du chef de l'Etat intervient à un moment où son Premier ministre se débat depuis un mois dans un scandale de corruption sans précédent dans lequel sont mis en cause des dizaines d'hommes d'affaires, de patrons et d'élus considérés comme proches de lui.
Depuis le début de cette affaire, M. Gül a multiplié les prises de position modérées, s'écartant de celles, intransigeantes, de M. Erdogan, au point de le faire de plus en plus apparaître comme son rival politique.
Le Premier ministre accuse la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, en conflit ouvert contre lui, de manipuler l'enquête anticorruption qui le vise pour le fragiliser à la veille des élections municipales de mars et dans la perspective de la présidentielle d'août 2014.
M. Gül est considéré comme proche de la confrérie de Fethullah Gülen.