Les relations entre le gouvernement de M. Netanyahu et l’administration Obama ont été marquées depuis 2008 par des désaccords à répétition.
Un nouveau clash diplomatique a éclaté mardi entre Israël et son allié stratégique américain à la suite de la virulente attaque personnelle du ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon contre le secrétaire d'Etat John Kerry, accusé de ne rien comprendre au conflit israélo-palestinien.
"Le secrétaire d'Etat John Kerry - qui est arrivé ici déterminé, et qui est animé par une obsession incompréhensible et une sorte de messianisme - ne peut rien m'apprendre sur le conflit avec les Palestiniens", a assené M. Yaalon dans des conversations privées avec des officiels israéliens et américains rapportées mardi par le quotidien Yediot Aharonot.
"La seule chose susceptible de nous sauver est que John Kerry remporte le prix Nobel (de la Paix) et nous laisse tranquilles", a ironisé le ministre de la Défense, selon le journal.
Le département d'Etat américain a jugé "insultants" les propos de M. Yaalon alors que John Kerry s'efforce depuis juillet dernier de parvenir à un accord de paix entre Israël et les Palestiniens.
"Les remarques du ministre de la Défense, si elles sont confirmées, sont insultantes et inappropriées en particulier compte tenu de ce que font les Etats-Unis pour la sécurité d'Israël", a déclaré sa porte-parole Jennifer Psaki.
La Maison Blanche elle-même a réagi vigoureusement, considérant que l'attaque de M. Yaalon était "choquante et déplacée".
Mardi après-midi, ce dernier a tenté de calmer le jeu, en publiant un communiqué dans lequel il a qualifié les Etats-Unis de "plus importants alliés" d'Israël, mais sans démentir les propos qui lui ont été prêtés.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dans un discours au Parlement, a dû s'inscrire en faux contre les déclarations de son ministre. "Il y a parfois des divergences avec les Etats-Unis, mais elles portent toujours sur le fond et non sur les personnes", a souligné M. Netanyahu.
Lors de la même session parlementaire, le président Shimon Peres a salué "l'extraordinaire engagement du secrétaire d'Etat Kerry en faveur de la paix".
"Notre profonde amitié avec les Etats-Unis est un élément central de la sécurité d'Israël et une force pour l'avancée de la paix dans la région", a souligné le président.
Accrocs à répétition
M. Yaalon, un faucon du gouvernement Netanyahu, a critiqué plus spécifiquement des propositions américaines sur la sécurité en Cisjordanie, en particulier dans la vallée du Jourdain, le long de la frontière avec la Jordanie.
"Le plan américain de sécurité qui nous a été présenté ne vaut pas le papier sur lequel il est écrit. Il n'assure ni la sécurité ni la paix", a-t-il tranché.
"Pour le moment, nous sommes les seuls à avoir concédé quelque chose - la libération de prisonniers (palestiniens) - alors que les Palestiniens n'ont rien donné", a poursuivi M. Yaalon, un des dirigeants du Likoud (droite nationaliste) de M. Netanyahu.
Israël s'est engagé à relâcher en quatre temps un total de 104 détenus palestiniens afin de permettre la relance des négociations avec les Palestiniens. Mais lors des trois premières phases, les libérations se sont accompagnées d'annonces de constructions dans les colonies.
Un autre accroc israélo-américain a eu lieu mardi à la suite d'une déclaration du ministre israélien du Logement Uri Ariel, un fervent partisan de la colonisation, qui a assuré que les récents projets de construction annoncés par Israël l'avaient été "en coordination" avec les Etats-Unis.
Mais un haut diplomate américain, réitérant la condamnation américaine des colonies, a affirmé que M. Kerry n'avait "jamais rencontré ni parlé avec Uri Ariel et que par conséquent rien n'avait été coordonné ou agréé avec lui".
De hauts responsables israéliens, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, ont récemment vilipendé M. Kerry dans la presse. L'un d'eux a même reproché au secrétaire d'Etat de pas connaître ses dossiers et de ne pas savoir lire les cartes présentées.
Malgré sa détermination, M. Kerry, qui a effectué dix voyages dans la région depuis mars 2013, n'a jusqu'à présent pas réussi à convaincre les deux camps de se rallier à son plan de paix.
Les relations entre le gouvernement de M. Netanyahu et l'administration Obama ont été marquées depuis 2008 par des désaccords à répétition, qu'il s'agisse du nucléaire iranien ou du processus de paix au Proche-Orient.