La résistance demeure pour le gouvernement iranien de Rohani une ligne rouge.
Quels sont les messages transmis par le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Jawad Zarif lors de sa visite au Liban
Il n’a pas semblé intéressé lors de ses rencontres par le contentieux sur la formation d’un gouvernement libanais. Il s’est contenté de dire à son homologue libanais Adnane Mansour que son pays soutenait un gouvernement qui rassemble tous les protagonistes libanais.
Il ne s’est pas non plus penché sur l’affaire de la mort du terroriste Majed el-Majed dont la milice d’Al-Qaïda, Abdallah Azzam d’Al-Qaïda a revendiqué le double attentat suicide a proximité de l’ambassade d’Iran à Beyrouth. Il en a laissé la charge à une équipe technique iranienne.
Deux questions ont été soulevées à Beyrouth par le diplomate iranien, relevant semble-t-il de la stratégie de son gouvernement: la première étant position iranienne des différentes questions régionales, de la Syrie en Irak, en passant par les deux rencontres de Genève, syrienne et iranienne, et la nécessité de lutter contre le terrorisme. La seconde est la position très positive de son pays à l'encontre de l’Arabie saoudite.
La rencontre avec le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah et la visite de la tombe de l’ancien responsable sécuritaire Imad Moughniyé ne sauraient être soustraites à cette approche. Devenues protocolaires pour les responsables iraniens, chaque fois qu’ils viennent au Liban, elles signifient que la résistance est toujours une ligne rouge pour le gouvernement Rohani.
Des sources proches ont indiqué que Zarif a raconté à Sayed Nasrallah tout ce qui s’est passé dans le cadre de l’accord de Genève sur le nucléaire, dans les détails les plus minimes, et lui faisant part des attentes de son gouvernement.
Concernant la rencontre syrienne Genève-2, ceux qui ont rencontré le responsable iranien rapporte qu’il a dit que son pays ne tient pas à sa participation, d’autant qu’il n’a pas participé à Genève-1. Une participation contraindrait les Iraniens à ratifier les décisions prises. En tout cas, la présence des Iraniens ou leur absence ne changera rien selon Zarif à l’influence régionale de son pays. De même, a-t-il signalé à ses interlocuteurs, son pays ne s’attend pas à grand-chose de cette rencontre. Selon son estimation, une telle réunion devrait s'inscrire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Mais c’est surtout le ton positif avec lequel a parlé de l’Arabie saoudite qui a étonné plus d’un lors des rencontres libanaises du dirigeant iranien. Durant son point de presse, il a affirmé que « l’Iran est toujours prête à communiquer avec l’Arabie saoudite à tout moment et l'a répété à plus d’une occasion.
D'autant plus que ce ton se heurte à une fin de non-recevoir saoudienne qui n'entend nullement régler ses contentieux avec l’Iran qu’après voir réalisé des avancées dans le dossier syrien.
Cette crispation de l’Arabie s’est d’ailleurs illustrée par les réticences de ses alliés au Liban, la coalition du 14-Mars. Le courant du Futur et les Forces libanaises ont refusé de faire part au diner que Zarif a organisé, arguant des raisons sécuritaires. Et seul le vice-président des Kataëb, Sijaane Kazzi était présent...
En revanche, la présence du chef du bloc du Front de lutte nationale, le député Walid Joumblatt a été plus que resplendissante. Les organisateurs ont veillé à ce qu’il s’assoit aux côtés du ministre iranien, comme pour lui dire qu’il était là à sa bonne place. Une précaution que le dirigeant druze Wiham Wahhab n’a pas laissé passer sans la commenter : « ça te va de présider une réunion de l’Axe de la résistance », lui a-t-il écrit dans un mot qu’il lui a fait passer. Ce à quoi Joumblatt a répondu : « il faudrait donner ce siège à Fayçal bek », en allusion à Fayçal Daoud, un ancien député druze proche du 8-Mars.
Traduit par al-Manar du journal al-Akhbar