26-11-2024 09:50 PM Jerusalem Timing

Assad: "Je serai candidat et je ne fuirai jamais mon pays"

Assad:

Le président syrien a accordé une interview exclusive à l’agence France Presse.

 Le président syrien Bachar al-Assad a annoncé dans une interview exclusive à l'AFP qu'il y avait de "fortes chances" qu'il soit candidat à un nouveau mandat en juin et exclu de confier la tête d'un futur gouvernement à un opposant.

Dans cet entretien réalisé dimanche au palais du Peuple à Damas,  Assad a prévenu que la guerre qu'il mène contre les rebelles serait  longue, alors que la conférence internationale de Genève II qui s'ouvre mercredi en Suisse est censée ouvrir la voie à une issue politique au conflit qui a fait plus de 130.000 morts depuis mars 2011.

"Je considère que rien n'empêche que je me porte candidat (...) et si l'opinion le souhaite, je n'hésiterai pas une seconde à le faire. Bref, on peut dire qu'il y a de fortes chances que je me porte candidat", a déclaré Assad, souriant et décontracté.
Interrogé sur l'opposition, le président syrien lui a dénié toute représentativité, affirmant qu'elle était fabriquée par les services de renseignements étrangers.

   "Ils viennent aux frontières pour une demie-heure avant de prendre la fuite, comment peuvent-ils alors devenir membres du gouvernement. Est-ce qu'un ministre peut exercer ses fonctions de l'extérieur? De telles idées sont totalement irréalistes, on peut les considérer comme une plaisanterie", a indiqué Assad qui envoie une délégation participer à la conférence en Suisse.

Alors que les combats ne connaissent pas de répit, le président syrien a affirmé que son armée avait accompli des progrès face aux insurgés terroristes.

"Nous pouvons dire que nous réalisons des progrès dans la lutte antiterroriste, mais cela ne signifie pas que la victoire est imminente", a-t-il reconnu. "Ce genre de bataille est compliqué, elle n'est pas facile et demande beaucoup de temps", a-t-il ajouté avertissant que "si la Syrie perd la bataille, le chaos s'installera dans tout le Moyen-Orient".

La première priorité de Genève II doit être "la lutte contre le terrorisme »

"La conférence de Genève doit aboutir à des résultats clairs concernant la lutte contre le terrorisme (...) cela serait la décision, le résultat le plus important de la conférence. Tout résultat politique qui ne comprendrait pas la lutte contre le terrorisme n'aura aucune valeur", a-t-il dit.

Il a rejeté toute distinction entre rebelles et jihadistes qui se livrent depuis plus de deux semaines à une guerre sans merci.

"Nous sommes devant une seule partie, à savoir les organisations terroristes extrémistes indépendamment des appellations dans les médias occidentaux", a encore dit le président syrien.

 Assad, qui vit à Damas avec sa femme et ses trois enfants, a indiqué n'avoir jamais pensé à fuir le pays depuis le début du conflit.

"Fuir n'est pas une option dans ces cas-là. Je dois être au premier rang des défenseurs de la patrie. C'était le seul scénario depuis le premier jour de la crise", a-t-il martelé.

Paris est le vassal de Doha et de Ryad sur le dossier syrien

Le chef d’Etat syrien a par ailleurs accusé la France, qui soutient la rébellion dans son pays, d'être devenue un pays vassal du Qatar et de l'Arabie saoudite en échange des "pétrodollars".

   "La France est devenue un pays vassal qui exécute la politique du Qatar et de l'Arabie saoudite. Comment les pétrodollars peuvent-ils pousser certains responsables occidentaux, notamment en France, à échanger les principes de la Révolution française pour quelques milliards de dollars?", s’est-il demandé.

Selon lui, "après 2001 et les attaques terroristes du 11 septembre à New York, il n'y a pas de politique européenne, il y a seulement une politique américaine en Occident, et que certains pays européens exécutent".

   "Je ne pense pas que l'Europe, surtout la France qui dirigeait jadis la politique européenne, soit capable de jouer le moindre rôle en Syrie dans l'avenir. Et peut-être même dans les pays voisins", a-t-il souligné.

   "Je ne pense donc pas que la France aura un rôle à jouer dans le proche avenir, à moins qu'elle ne change totalement et fondamentalement de politique, et qu'elle ne devienne un Etat indépendant dans ses prises de positions, comme ce fut le cas dans le passé", a-t-il insisté faisant allusion à la politique indépendante du général de Gaulle très appréciée par les pays arabes.

Le tribunal Hariri vise à "faire pression sur le Hezbollah"

Le président syrien a accusé le tribunal international qui juge quatre membres du Hezbollah dans l'affaire de l'assassinat de l'ex-dirigeant libanais Rafic Hariri, d'être "politisé" et de vouloir "faire pression" sur ce parti qui combat au côté de la Syrie.

"Nous n'avons constaté aucune preuve tangible contre les parties impliquées dans l'affaire (...) Tout ce qui se passe est politisé et vise à faire pression sur le Hezbollah au Liban comme sur la Syrie dans le passé, immédiatement après l'assassinat de Hariri", a-t-il dit.

 "Nous parlons d'un tribunal qui date de neuf ans. Chaque fois, il a accusé une partie pour des raisons politiques. Même durant ces derniers jours, nous n'avons constaté aucune preuve tangible contre les parties impliquées dans l'affaire", a-t-il expliqué.

"Une autre question demeure: pourquoi ce timing? Je pense que tout ce qui se passe est politisé et vise à faire pression sur le Hezbollah au Liban comme sur la Syrie dans le passé, tout de suite après l'assassinat de Hariri", a poursuivi Assad.