25-11-2024 11:25 AM Jerusalem Timing

Liban: Les combats de Tripoli sont dirigés contre le nouveau gouvernement

Liban: Les combats de Tripoli sont dirigés contre le nouveau gouvernement

Les faucons du 14-Mars retardent la naissance du Cabinet.

Liban: Les combats de Tripoli sont dirigés contre le nouveau gouvernementTripoli a sombré dans un nouveau round de violents combats entre les quartiers rivaux de Bab el-Tebbané et Jabal Mohsen, qui ont fait jusqu'à présent six morts et plus d'une vingtaine de blessés.

Tout a (re)commencé vendredi dernier lorsque des inconnus armés ont arrêté un bus et en ont fait descendre deux hommes Taleb Assi et Mohammad Eid, de Jabal Mohsen, avant d'ouvrir le feu sur eux. Taleb Assi, qui a succombé à ses blessures, n'est autre que le neveu de cheikh Assad Assi, chef du Conseil religieux de la communauté alaouite.

La tension est montée d'un cran après cette agression et des échanges de tirs ont éclaté entre les deux quartiers.

Très vite, les armes lourdes ont été sorties de leurs cachettes et des échanges de roquettes, de grenades et d'obus de mortier ont remplacé les rafales de mitraillettes des snipers. Rien que pour la journée de dimanche, une vingtaine d'obus de mortier se sont abattus sur les zones résidentielles proches des lignes de démarcation.

L'Armée libanaise s'est interposée entre les belligérants et a ouvert le feu à plusieurs parties en direction des sources de tirs. La troupe a procédé à des perquisitions pour disperser les miliciens et empêcher l'embrasement général des lignes de fronts traditionnelles.

Cependant, la décision de provoquer une vaste explosion dans la ville semble avoir été prise par les hommes armés, qui n'ont pas hésité à ouvrir le feu sur la troupe, blessant trois soldats dimanche. Une jeune femme, Abir Kayyali, est également décédée des suites de ses blessures.

Dimanche soir, les accrochages se sont intensifiés sur tous les axes de combat, notamment dans les zones de Bab el-Tebbané, Jabal Mohsen, Bakkar, Riva, et Haret el-Baranieh. Devant la violence des affrontements, l'autoroute reliant Tripoli au Akkar a été coupée.

Selon des observateurs, cette explosion de violence orchestrée est étroitement liée aux démarches entreprises pour tenter de mettre sur pied un gouvernement d'union entre le 8 et le 14-Mars.

"L'objectif des miliciens et de ceux qui les manipulent est de torpiller les efforts en cours pour former un cabinet rassembleur, et qui étaient sur le point d'aboutir", a indiqué une source politique qui suit de près le dossier gouvernemental.

Cette même source rappelle les déclarations de certaines caïds de fronts à Tripoli, qui ont lancé de virulentes attaques contre le chef du Courant du futur, l'ancien Premier ministre Saad Hariri, l'accusant de "trahir les sunnites en acceptant de siéger dans un même gouvernement que le Hezbollah".

Les plus illustres porte-paroles politiques de ces miliciens extrémistes sont les députés Mouïn Merhebi et Khaled Daher.

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, est également opposé à la formation d'un gouvernement rassembleur, et pousse le président de la République, Michel Sleiman, et le Premier ministre désigné, Tammam Salam, à imposer un gouvernement de fait accompli, appelé Cabinet neutre.

Toutes ces pressions, sécuritaires et politiques, ont vraisemblablement porté leurs fruits, puisque l'annonce de la composition du gouvernement, prévue dimanche ou lundi, a été retardée de plusieurs jours.

Saad Hariri déploie d'intenses efforts pour convaincre les faucons du 14-Mars de la nécessité de former un gouvernement rassembleur, seul moyen d'éviter au Liban une crise politique aux graves conséquences sécuritaires.

Il est encouragé dans ses démarches par les gestes d'ouverture du Hezbollah et par les conseils de la France et des Etats-Unis. Le message lui a été transmis par les responsables français et l'ambassadeur américain à Beyrouth, David Hale, qu'il a rencontré à Paris.

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