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Genève-2 se tiendra sans l’Iran. Pourquoi?

Genève-2 se tiendra sans l’Iran. Pourquoi?

L’Iran doute du succès de Genève II en son absence. La Coalition de l’opposition y confirme sa participation. L’exclusion de l’Iran est une erreur, selon Lavrov.

Ban Ki-moon a retiré l'invitation de l'Iran à Genève IILe secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon a retiré mardi l'invitation de l'Iran à la conférence internationale sur la Syrie dite Genève-2.

 "Le secrétaire général a pris la décision que la réunion se déroulerait en l'absence de l'Iran", a fait savoir le porte-parole de M.Ban Martin Nesirky.

Selon lui, la République islamique a refusé d'accepter le communiqué adopté en juin 2012 à l'issue de la première conférence de Genève, condition sine qua non de sa participation à la nouvelle réunion.

Les Etats Unis avaient exigé que l'Iran accepte le principe de la formation d'un gouvernement de transition sans le président Assad, ce que le représentant permanant de l’Iran auprès de l’Organisation des Nations unies a rejeté d'emblée.

La coalition de l'opposition

Le retrait de l’Iran fait également suite à la ferme protestation de la coalition de l’opposition syrienne, soutenue par l’Arabie, qui est allé jusqu'à menacer de boycotter les pourparlers.

La coalition a exigé que l'Onu revienne sur sa décision d'y inviter la République islamique.

Dans un communiqué diffusé suite au retrait de l'invitation, la Coalition a immédiatement confirmé sa participation à la conférence.

La conférence Genève-2, censée réunir le pouvoir et l'opposition syriens à une même table de négociations pour apporter une solution à la crise qui secoue le pays depuis près de trois ans, doit se dérouler à partir du 22 janvier à Montreux, en Suisse.

Zarif déplore une décision prise "sous la pression"

Mohammad Zarif, chef de la diplomatie iranienneLe chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, a déploré une décision prise "sous la pression".

"Nous regrettons que le secrétaire général Ban Ki-moon ait retiré son invitation sous la pression", a déclaré M.Zarif, cité par l'agence Isna.

 M. Zarif a également estimé "regrettable que M. Ban n'ait pas le courage de
donner les vraies raisons" de son revirement, après avoir été "clair lors de
nos nombreuses conversations téléphoniques (avec le patron de l'ONU) que l'Iran n'acceptait pas de condition préalable pour participer".

"Cette attitude n'est pas digne du secrétaire général", a estimé le chef de
la diplomatie.

Il a aussi minimisé la portée de cette exclusion, affirmant que l'Iran
n'avait "pas trop envie" d'aller en Suisse et que la République islamique
n'aurait envoyé "qu'un adjoint puisque le délai correct pour inviter un
ministre était passé".

L’Iran doute du succès de Genève II en son absence

Les chances de mettre fin au conflit syrien lors de la conférence de Genève II ne sont "pas si grandes" sans la participation de l'Iran, principal allié régional de Damas, a pour sa part déclaré mardi un haut diplomate iranien.

"Tout le monde sait que sans l'Iran, les chances (de parvenir à) une vraie solution en Syrie ne sont pas si grandes", a commenté le vice-ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi, interrogé par la télévision d'Etat après le retrait par l'ONU de l'invitation lancée à Téhéran pour participer à cette conférence.

"Il est clair qu'une solution globale à la question syrienne ne pourra être
trouvée si toutes les parties influentes ne sont pas impliquées dans le
processus", a-t-il ajouté.

"Nous étions prêts à participer à la conférence de Genève II et à jouer notre rôle mais nous n'acceptons pas une condition préalable qui rétrécirait une solution avec des paramètres définis", a expliqué le diplomate.

"Nous ne participons pas aux discussions et nous attendrons de voir comment ils (les participants) peuvent parvenir unilatéralement à un accord", a ajouté  Araghchi.

Renoncer à inviter l'Iran à la conférence sur la Syrie est une "erreur"

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que son pays considère comme une "erreur" la décision de l'ONU de renoncer à inviter l'Iran à la conférence de Genève II .

"C'est bien sûr une erreur", a déclaré M. Lavrov. "Nous avons toujours souligné que tous les acteurs extérieurs devaient être représentés", a-t-il ajouté, interrogé sur la décision du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, d'exclure l'Iran pour sauver la conférence.

M. Lavrov a critiqué les explications données par M. Ban pour son revirement.

"Quand le secrétaire général de l'ONU a dit qu'il était contraint d'annuler son invitation à l'Iran parce que l'Iran ne partage pas les principes du règlement inscrits dans le communiqué de Genève (de juin 2012, ndlr), c'est à mon avis une phrase assez retorse", a déclaré M. Lavrov.

"Ceux qui ont exigé que l'on annule l'invitation de l'Iran sont ceux qui affirment que la mise en oeuvre du communiqué de Genève doit aboutir à un changement de régime" en Syrie, a déclaré le ministre russe.

"C'est une interprétation malhonnête de ce dont nous avons convenu à Genève en juin 2012", a poursuivi M. Lavrov.

Le ministre russe a cependant estimé qu'il n'y avait pas de "catastrophe" dans l'absence de l'Iran à Genève II. "Je regrette simplement que toute cette histoire n'ait guère renforcé l'autorité de l'Organisation des Nations Unies", a-t-il déclaré.