Des bâtons, sans carottes
C’est une source très sure qui est derrière cette fuite sur les dessous de la rencontre qui a réuni le mercredi 15 janvier dernier, à Istanbul, l’ancien ambassadeur américain en Syrie Robert Ford aux membres de la Coalition syrienne de l’opposition, seule instance de l’opposition accréditée aussi bien par les Occidentaux que par les monarchies arabes.
Et cette source, selon notre chroniqueur Nidal Hémadé est proche de l’ancien Premier ministre syrien, Riad Hijab, qui a fait défection en Aout 2012.
Bâton sans carotte
Cette rencontre qui a été convoquée à l’initiative du diplomate américain était accompagnée de menaces et de mises en garde à l’adresse de ces membres de l’opposition syrienne : entre autre la suspension de leur financement. Voire la publication de leurs scandales personnels.
C’est alors que se sont pointés ceux qui contestaient le plus la tenue de la conférence de Genève-2. Dont : Louay Safi, Haytham al-Maleh, Bourhane Ghalioune, Adnane al-Achkr , le président du bloc des membres turcomans, Najib al-Ghadbane qui représente les Frères Musulmans et Maher Nouaymi qui est un dirigeant dans la milice pro saoudienne « Armée de l’Islam » (dirigée par Zahrane Allouche).
Bandar: Echec et Mat
« Nous vous informons que Bandar Ben Sultane se trouve pour le moment aux Etats-Unis, pour un congé de maladie en raison d’une aggravation de sa maladie du disque qui le fait souffrir du dos et en raison d’une fatigue psychologique », a donc dit Ford.
Selon Hémadé, d’autres sources de l’opposition syrienne ont confirmé le contenu de cette rencontre.
Des changements bientôt
Le diplomate américain a aussi signalé à ses interlocuteurs que « des changements auront bientôt lieu en Arabie saoudite, à partir du mois de mars prochain, touchant aussi bien Bandar Bec Sultane, que Saoud al-Fayçal (le ministre des AE), et Samane Ben Turqi , et que ces changement se feront progressivement et non d’un seul coup.
Hariri, c’est Washington
Il a de même révélé aussi que c’est Washington qui a demandé à Saad Hariri, l’ancien Premier ministre libanais et chef du Courant du Futur de participer dans un gouvernement avec le Hezbollah, alors qu’il avait longtemps rejeté l’idée sous prétexte que le Hezbollah participe au conflit en Syrie.
« Nous vous informons que la Commission saoudienne spéciale pour le Liban sera réactivée de nouveau et qu’elle sera formée d’Abdel Aziz Khoja (ancien ambassadeur au Liban et ministre actuel de l’information), d’Abdel Aziz Ben Abdallah (fils du monarque actuel) et de Mokren Ben Abdallah. C’est elle qui sera chargée des dossiers libanais et syrien à la place de Bandar, et ce à la demande de nos amis saoudiens », a également affirmé Ford.
Un fiasco
Il a même dit aux membres syriens de la coalition que le plan qui a été mis au point par Bandar pour la crise syrienne en 2013 a été un fiasco dans ses résultats sur la Syrie et la région. Selon lui, il a transformé la Syrie en un bastion puissant pour Al-Qaïda qu’il est difficile pour les Etats-Unis d’affronter.
« Raison pour laquelle nous vous demandons de cesser vos protestation contre Genève-2 et de vous y rendre, car il y a des intérêts des Etats-Unis », leur a-t-il sommé de faire.
A chacun son compte
S’adressant à l’opposant syrien Michel Kilo, Ford lui a martelé : « ta relation désormais se fait avec nous, et non plus avec Bandar Ben Sultane, et ce à la demande de nos amis saoudiens ».
À Haytham al-Maleh, il a signifié : « Nous vous avons payé à quatre reprises pour le Tribunal pénal et nous savons que vous n’avez-rien fait. Mais nous voulons que vous vous installiez confortablement dans un bureau chic et que votre situation financière s’améliore. Maintenant, il vous faut voter oui pour la rencontre de Genève-2 et trouver un décret convenable pour que les décisions soient prises à la majorité de la moitié des membres plus un, au lieu de celle des deux tiers des membres », de la coalition.
A Bourhane Ghalioune, qui a été le premier président du Conseil National Syrien, Ford a dit : « Quant à vous, vous êtes fini depuis longtemps ». Ce à quoi il a répondu qu’il tenait se rendre à Genève et démenti les rumeurs qui disaient le contraire.
Le représentant des Turcomans a lui aussi sa part du sermon de l’ambassadeur américain : « vous ne méritez pas plus qu’un seul représentant, mais c’est pour satisfaire aux Turcs que je vous en ai accordé une plus importante. Votez pour la conférence ».
Sur cette question, il semble que le ministre turc des Affaires étrangères ait demandé des explications, lorsqu’il est venu le lendemain à la rencontre. « Les turcomans sont une toute petite minorité et ne devrait pas être représentés par plus d’un seul membre », a-t-il eu comme réponse, lui aussi.