24-11-2024 11:49 AM Jerusalem Timing

De La Haye à Montreux, la sale guerre contre l’axe de la Résistance

De La Haye à Montreux, la sale guerre contre l’axe de la Résistance

Il est certes quelque chose d’irrationnel qui plane sur Montreux, comme sur La Haye! Un irrationnel qui fait peur, car il ne mène nulle part, si ce n’est au vide au mieux, à la guerre au pire!

Ce n’est certes pas par hasard que Genève-2 sur la Syrie ait été organisé en parallèle au procès du Tribunal spécial pour le Liban.

Similitudes fortuites  

D’ailleurs beaucoup de similitudes entre ce qui se passe à Montreux et ce qui se passe à La Haye. Dans les deux cas, il s’agit d’un véritable réquisitoire contre un membre efficace de l’axe de la résistance: en l’occurrence le Hezbollah et la Syrie.
 La guerre contre l’axe de la résistance est à son paroxysme, faut-il en conclure. Elle unit main dans la main les régimes occidentaux aux monarchies arabes, sans oublier Israël, en catimini.

Une autre similitude entre les deux évènements est à signaler et semble très révélatrice de la mentalité qui la régit : les moyens les plus duplices et les plus hypocrites sont déployés pour faire valoir la version que ces derniers défendent,  contre celle qu’ils bannissent. Le tout en se targuant d’incarner les principes les plus nobles de la liberté et l’égalité.

 

Hypocrisie et magouilles

Ainsi, en Hollande, l’équipe du procureur général du Tribunal spécial pour le Liban qui accuse des membres du Hezbollah d’être les auteurs de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, dispose d’un traitement de faveur : tous les documents récoltés par les autorités libanaises lui ont été fournis, alors que l’équipe de la défense peine à les obtenir. De plus les moyens financiers mis à leur disposition dépasse de loin celle accordée aux avocats des présumés accusés. Pourtant, le financeur n’est autre que l’Etat libanais, c’est-à-dire le peuple libanais. Et c’est à cette équipe que les premiers temps, le prime-time, sont accordés !

En Suisse aussi des magouilles sont mises en scène pour défavoriser la position de l’équipe gouvernementale syrienne face à celle de la Coalition de l’opposition syrienne. Sans oublier que cette dernière est arbitrairement présentée comme la seule représentante du peuple syrien, pour la simple raison qu’elle est accréditée par les régimes occidentaux et les monarchies arabes.

17 contre deux 

Dument, aucun équilibre des forces n’a été observé. L’Iran a été interdit de se rendre à Genève-2, sous prétexte qu’il refuse Genève-1. Comble de la duplicité, la délégation officielle syrienne a même été retardée 4 heures sur l’aéroport d’Athènes.

En revanche, tous les alliés des insurgés syriens, arabes, islamiques, asiatiques, européens ont été conviés, et tous ont eu droit à la parole : la Ligue arabe, le CCG (des monarchies du Golfe), l’Arabie saoudite, l’Egypte, le Jordanie, le Maroc, le Japon (oui, le Japon !!), l’Italie, la Suède, le Danemark, l’Allemagne, l’Espagne, la Turquie.

Le Liban, le pays le plus concerné par le conflit en Syrie, de par le nombre des réfugiés syriens qu’il accueille et les répercussions qu’il subit, n’a eu droit à la parole que lorsque tous ceux-là ont dit leurs mots.

Or, les chefs de la diplomatie de ces 14 pays auxquels s’ajoutent ceux des Etats-Unis, de la France et de la Grande Bretagne et qui s’érigent en représentants exclusifs de la Communauté internationale, se sont tous relayés pour véhiculer leur lecture (controversée par la Russie et la Syrie) des conclusions de Genève-1, pour bannir le gouvernement syrien, lui imputer la responsabilité de tous les maux qui frappent la Syrie, et surtout exiger le départ du président Bachar al-Assad, et la passation de tous ses pouvoirs à un gouvernement provisoire.

La lutte contre le terrorisme, principal souci de Damas et de Moscou est littéralement ignorée. De quoi faire réfléchir profondément sur les réelles intentions par derrière!

Inégalité "temporelle" 

Or, le ministre syrien des affaires étrangères Walid Mouallem ne s’est pas laissé intimider, en prenant la parole 35 minutes, à l’insu du secrétaire général de l’ONU, alors que seulement dix minutes lui étaient consacrées, à l’instar de tous les autres intervenants.

Sans remédier toutefois à cette inégalité « temporelle » ! Si l’on ajoute les 10 minutes de son homologue russe,  la version gouvernementale de la crise syrienne n’aurait disposé que de 45 minutes. Alors que celle de l’opposition armée et compagnie déborde les 170 minutes.
Une justice à double vitesse ? Le double poids et mesure ? Il est vrai que l’Occident a depuis longtemps trahi ses principes.

Démonstration numérique

Mais il est surtout très clair que les régimes occidentaux et avec eux les monarchies arabes ont voulu une démonstration de force à Genève, via une forte présence numérique, pour affaiblir la délégation syrienne gouvernementale, et la montrer minoritaire, esseulée.
Le ministre français l’a laissé entendre. Interrogé sur le climat tendu depuis l'ouverture, il a estimé selon l'AFP qu'on ne pouvait pas parler de "dialogue de sourds". "Non, tout le monde entend sauf une délégation qui est sourde et aveugle".
Ainsi, lui et ses 16 autres homologues sont devenus « tout le monde ».

Le peuple syrien d'abord

Mais il est aussi sûr et certain que cette présence numérique a voulu pallier à l’absence de légitimité, qui est l’apanage du peuple syrien.

Autre procédé fourbe pour y pallier : tous les intervenants ont tari de mots et d’éloges ce peuple syrien. Or personne d’entre eux n’a eu l’idée de le laisser décider. Les dernières estimations publiées par les medias occidentaux, en 2013, donnaient Bachar al-Assad gagnant de l’échéance électorale présidentielle, avec 70% des Oui. Depuis, personne n’en parle.

C’est la raison pour laquelle on exige frénétiquement le départ du numéro un syrien au préalable !

Mouallem à Kerry: personne...!!

A Montreux, le chef de la diplomatie syrien n’a pas laissé passer l’occasion de rappeler le rôle incontournable du peuple syrien. A son homologue américain, John Kerry, lorsqu’il a martelé que "Bachar al-Assad ne prendra pas part au gouvernement de transition, il a répliqué sèchement : « Monsieur Kerry, personne au monde n'a le droit de conférer ou de retirer la légitimité à un président (...) sauf les syriens eux-mêmes ».

Presqu’en même temps que ces propos, quelques centaines de syriens venus des autres pays européens à cette ville helvète s’étaient rassemblés pour soutenir le président syrien et son gouvernement ! Rappelant les énormes rassemblements qui avaient eu lieu à Damas et à Alep en soutien au président syrien et qui n’ont jamais été prises en considération !

Retour aux mythes

On constate dans les interventions des amis des insurgés syriens, la colportation des mêmes mythes et omissions qui ont escorté « la révolution syrienne »  depuis ses tous débuts.

« La militarisation de la révolution syrienne a été une réaction à la violence inouïe du régime face aux contestations pacifiques », ont répété à propulsion de nombreux intervenants. Omettant les plus de 100 militaires tués à Deraa en avril 2011, et ceux qui ont suivi ultérieurement. On oublie aussi les nombreux journalistes de la chaine satellitaire al-Jazeera qui l’ont quitté parce qu’elle refusait d’évoquer les attentats armés perpétrés par les rebelles syriens contre les forces gouvernementales.

Damas, le chimique

Encore un mythe colporté : c’est Damas qui a utilisé des armes chimiques dans la Ghouta orientale et partout ailleurs.
On évite bien entendu d’expliquer pourquoi l’ONU ne s’est pas saisie de cette affaire, depuis que l’arsenal chimique est sous contrôle! On refuse aussi de supposer l’éventualité que les milices « jihadistes » en aient perpétrés.

Dans les interventions, d’aucuns font dire aux dirigeants syriens ce qu’ils n’ont jamais dit. Comme c’est le cas du ministre français Laurent Fabius, qui a fait dire à Bachar al-Assad que son pays ne dispose pas d’arsenal chimique. Alors qu’il n’en a jamais été ainsi. Dès le début de la crise syrienne, les dirigeants syriens du ministère des AE s’étaient relayés pour assurer que l’arsenal chimique ne sera jamais utilisé à l’intérieur. 

Arrogance de Fabius

On constate dans l’allocution française cette arrogance propre aux responsables français qui se permettent de dicter aux autres ce qu’il faut dire et ce qu’il faut faire.
"Il s'agit (...) non pas de lancer des invectives ou des slogans de propagande, non pas de gagner du temps non pas de prononcer des discours en répétant le mot terrorisme. Il s'agit de rechercher un accord politique pour la Syrie concernant cette autorité de transition dotée des pleins pouvoirs exécutifs", a déclaré Fabius.

Arabie: le beaucoup trop 

Parmi les manipulations  propagées, c’est Damas qui a détruit la Syrie, son économie, son infrastructure, ses usines, ses raffineries, ses villes, et c’est elle qui a tué son peuple, les plus de 100.000 recensés. Une allégation soigneusement véhiculée par le chef de la diplomatie saoudienne, Saoud al-Fayçal qui a omis les 40 mille soldats de l’armée syrienne au moins qui en font partie, et les milliers de victimes qui ont péri dans les attentats terroristes contre les quartiers et les villes loyalistes.
D’ailleurs, on constate chez le responsable saoudien un engagement beaucoup trop poussé : il a refusé d’entendre le discours de son homologue syrien et ne s’est installé dans son siège qu’après sa fin. Mouallem, et les membres importants de son équipe ont fait de même lorsqu’il a pris la parole
On constate aussi chez Fayçal :
son ton très pressé. Avant même d’entamer son discours, il voulait désigner les négociateurs pour mettre en application l’interprétation controversée de Genève-1.
son ton agacé par les rôles iranien et du Hezbollah : il est le seul qui a les avoir évoqué nommément, exigeant leur départ de la Syrie.
et son ton maladroit, lorsque pour mieux cacher l’ampleur de l’impact de son pays sur ce qu’il considère être le « désastre de l’histoire moderne », il tente de se terrer derrière les revendications du chef de la coalition, Ahmad Jarba.

Lorsque ce dernier a prononcé son discours, la télévision syrienne diffusait en même temps que ses images, les  images des attentats perpétrées dans les régions syriennes loyalistes et dont les victimes sont exclusivement des civils.

Couvrir le terrorisme ?

Enfin, l’un des derniers mythes en vogue relayé à Montreux : l’invasion des extrémistes takfiris d’Al-Qaïda en Syrie est soit due à la poursuite du conflit soit est une invention du gouvernement syrien qui les a soi-disant sortis de prison. Fabius a emprunté un terme rocambolesque en accusant Damas d'"alliance objective avec les terroristes".  

Personne n’évoque comment le Front al-Nosra, première milice d’Al-Qaïda venue directement d’Irak  à partir de 2012 a été accueillie à bras ouverts par l’Armée syrienne libre (ASL), qui a vu en elle une assistance salvatrice, alors qu’elle était en manque d’hommes, d’armes et surtout d’expérience militaire. Ni comment il a combattu aux côtés de l’ASL et aujourd’hui du Front Islamique, la coalition de milices islamistes takfiries soutenues par l’Arabie saoudite. 

Les intervenants arabes et occidentaux de Genève-2 n’expliquent pas pourquoi ce front est épargné de l’opération de purge menée actuellement au nord de la Syrie contre sa consœur l’Etat Islamique en Irak et eu Levant,  par les rebelles de la coalition, ni pourquoi cette opération n’a commencé que quelques jours avant Genève-2.

Constat incontournable sur l’allocution turque à ce sujet : d’une agressivité inouïe, elle a rejeté tout ce qui a trait au terrorisme en Syrie, comme si c’était une invention du régime syrien. Il est vrai que c’est Ankara qui est accusé de l’avoir laissé entrer en Syrie et de l’avoir ravitaillé, comme le révèlent ses propres medias et policiers, auxquels elle fait subir sa propre purge.

Comme s'il s'agit de couvir le terrorisme d'al-Qaida en Syrie!

L'Irrationnel qui tue

Bien entendu, il ne faut pas s’attendre pour toutes ces interrogations à des réponses qui ne mèneront d’ailleurs qu’à des élucubrations sans fins. Si ce n’est des niaiseries. 
En témoigne le rappel incompréhensible par le responsable japonais du drame nucléaire de Hiroshima, alors que son auteur n’est autre que son grand allié américain, présent en grande pompe à la conférence.
En témoigne aussi les réclamations de certains dirigeants européens, entre autre l’allemand et le danois, d’un rôle accru de la femme dans la vie politique syrienne future. Alors que la Syrie est le pays arabe qui compte le plus de femmes dans ses instances gouvernementales et officielles.

En témoigne surtout le discours du représentant du CCG, et selon lequel, « ce qui se passe en Syrie est la lutte d’un peuple en quête de liberté, d’égalité de justice, .. et de démocratie ». Comme si les 6 monarchies arabes du Golfe qui forment cette instance les observaient ?

Il est certes quelque chose d'irrationnel qui plane sur Montreux, comme sur La Haye! Un irrationnel qui fait peur, car il ne mène nulle part, si ce n'est au vide au mieux, à la guerre au pire!