La presse libanaise a souligné que Walid Moallem a ravi la vedette à un Ahmad al-Jarba peu habitué aux tribunes internationales et aux exercices de diplomatie
La presse libanaise, régionale et internationale a consacré ses manchettes principales à la conférence de paix sur la Syrie, qui s’est ouverte mercredi à Montreux, en Suisse.
Au-delà de la dimension purement factuelle, la plupart des journaux et des médias ont souligné le profond fossé qui sépare la délégation officielle, conduite par le ministre des Affaires étrangères, Walid Moallem, et celle de la Coalition nationale syrienne, dirigée par Ahmad al-Jarba. Pour M. Moallem, la priorité du gouvernement et de l’Etat est de combattre le terrorisme. Et à ceux qui ont déclaré que le président syrien n’a pas de rôle dans la période transitoire, le ministre de l’Information s’est chargé de leur rappeler les «lignes rouges». Lors d’une visite inopinée au centre de presse, ou des dizaines de journalistes se sont rassemblés autour de lui, Omrane al-Zohbi a martelé qu’«il n’est pas question que le président Assad abandonne le pouvoir».
La presse a souligné que Walid Moallem a ravi la vedette à un Ahmad al-Jarba peu habitué aux tribunes internationales et aux exercices de diplomatie. Après la modeste prestation du chef de la CNS, des informations ont circulé dans les coulisses de Montreux sur le fait que la délégation de l’opposition chargée des négociations pourrait ne pas être conduite par al-Jarba mais par une autre personnalité. Une rumeur que n’a pas démentie un membre de la CNS, Anas Al-Abdi, lors d’une interview accordée à la chaine de télévision panarabe al-Mayadeen.
Dans ce contexte, la presse fait état d’un climat tendu entre les deux délégations après les discours d’inauguration, qui pourrait provoquer le report des négociations qui doivent commencer demain vendredi et se poursuivre jusqu’au 31 janvier.
L’envoyé spécial du quotidien As Safir à Montreux, Mohammad Ballout, fait état d’un «pessimisme qui reflète la force du choc provoqué par le fossé existant au niveau des visions des deux délégations au sujet des négociations et de leur objectif».
L’émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, complètement dépassé par la situation, serait «à cours d’idées» pour tenter d’éviter l’échec de la conférence avant même le début des négociations.
Pour surmonter les tensions, M. Brahimi pourrait proposer des négociations indirectes, c’est-à-dire qu’il se chargerait de faire l’intermédiaire et la navette entre les deux délégations pour éviter qu’elles ne se retrouvent face à face. Surtout que les joutes verbales se sont poursuivies ce jeudi après d’un membre de la délégation de la CNS eut qualifié la délégation gouvernementale de «mafia».
Conscient de l’ampleur des difficultés, les Russes et les Américains vont laisser sur place des équipes de diplomates et d’experts avec pour mission d’aider Brahimi dans sa difficile tâche. A ce sujet, le quotidien russe Nezavissimaïa gazeta écrit que «les premières heures de la réunion ont déjà montré que les acteurs du conflit syrien auront beaucoup de mal à trouver un terrain d'entente quand ils se retrouveront en tête-à-tête de l'autre côté du lac de Genève, au Palais des Nations.»
«Les discussions directes entre les deux parties pourraient déboucher vers un cessez-le-feu. Il y a pourtant de grandes chances que les succès de la conférence internationale s'arrêtent là», poursuit le journal.
Les chances de succès de la conférence de Genève 2 sont d’autant plus amoindries que l’un des principaux acteurs au Moyen-Orient, l’Iran, a été exclu.
Dans ce contexte, le président iranien Hassan Rohani a déclaré jeudi à Davos que la «meilleure solution» pour la Syrie était «d'organiser des élections libres et démocratiques» dans le pays, sans ingérences extérieures. «Aucun parti ou puissance extérieurs ne devrait décider à la place du peuple syrien et de la Syrie en tant que pays», a dit-il dit.
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