Plus de 2.000 jeunes européens ont gagné la Syrie où veulent le faire, selon les informations regroupées par les Etats membres de l’UE.
L'Union européenne doit réviser son système de contrôle à ses frontières extérieures, car il ne lui permet pas de prévenir les départs de jeunes Européens pour la Syrie ni de contrôler leurs retours, a déclaré vendredi à l'AFP le coordinateur de la lutte antiterroriste Gilles de Kerchove.
"Tous nos instruments de contrôles aux frontières extérieures ont été conçus à l'égard des étrangers, pas des Européens", a-t-il souligné au cours de cet entretien accordé en marge d'une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE à Athènes.
Les départs de jeunes Européens et leur enrôlement dans les forces du soi-disant Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, lié à Al-Qaïda), un des groupes "les plus extrémistes", précise Gilles de Kerchove, est devenu un sujet de préoccupation majeur pour les Européens.
"Nous ne voulons pas que de jeunes Allemands partent pour participer à la guerre civile en Syrie et nous ne voulons pas qu'ils reviennent de cette guerre entrainés et commettent des attaques ici", a déclaré le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière à son arrivée pour la réunion.
Selon Thomas de Maizière, 270 Allemands sont engagés en Syrie.
Plus de 2.000 jeunes européens ont gagné la Syrie où veulent le faire, selon les informations regroupées par les Etats membres. Ils sont Français, Belges, Allemands, Néerlandais, Britanniques, Suédois, Danois, Espagnols et Italiens, a précisé Gilles de Kerchove.
Les Français sont 700, les Belges 250 et les Britanniques évaluent à "plusieurs centaines" nombre de leurs ressortissants. Il s’agit de jeunes nationaux ou binationaux.
Les candidats au départ sont aussi parfois des étrangers résidant légalement en Europe, précise Gilles de Kerchove.
"Ils représentent une menace, car ils rejoignent un groupe extrêmement violent, vivent dans un environnement très cruel, apprennent à combattre et a manier des explosifs", souligne-t-il.
"Cela ne signifie pas que la totalité de ceux qui vont revenir vont sombrer dans la violence, mais une infime minorité suffit", a-t-il averti.
"D'autant qu'on ne sait pas tout. Ils ont des documents d'identité, ils ont la nationalité ou des doubles nationalités et donc ils peuvent par exemple aller très facilement de Bruxelles à Rabat avec un passeport marocain, entrer sans visa en Turquie, aller en Syrie et revenir en Belgique avec un passeport belge ni vu ni connu", a expliqué Gilles de Kerchove.