L’Assemblée nationale constituante (ANC) a approuvé cette loi fondamentale à une majorité écrasante.
La nouvelle Constitution tunisienne a été adoptée tard dimanche, auquel s'ajoute la formation d'un gouvernement appelé à sortir le pays d'une profonde crise politique et à organiser des élections dans l'année.
L'Assemblée nationale constituante (ANC) a approuvé cette loi fondamentale à une majorité écrasante de 200 voix pour, 12 contre et 4 abstentions, dépassant largement la majorité nécessaire de 145 votes.
"L'Histoire retiendra avec beaucoup de fierté cette journée", avait proclamé juste avant le vote le président de l'Assemblée, Mustapha Ben Jaafar.
Les élus ont célébré l'évènement en chantant l'hymne national brandissant des drapeaux tunisiens et les doigts en signe de victoire.
Ils ont ensuite scandé "fidèles, fidèles au sang des martyrs de la révolution" de janvier 2011 qui chassa Zine El Abidine Ben Ali du pouvoir.
"Nous sacrifions notre âme et notre sang pour toi Tunisie", ont-ils aussi crié.
"Dans cette Constitution, tous les Tunisiens et Tunisiennes se retrouvent, cette Constitution préserve nos acquis et jette les fondements d'un Etat démocratique", a pour sa part déclaré Mustapha Ben Jaafar.
L'adoption de ce texte a été saluée par le secrétaire-général des Nations unies, Ban Ki-moon, pour qui la Tunisie vient de vivre une "étape historique", offrant un "modèle pour les autres peuples aspirant à des réformes".
Lundi, deux cérémonies sont prévues, l'une le matin à l'Assemblée où elle sera paraphée par les dirigeants tunisiens, et une seconde, dans l'après-midi, à la présidence.
Un gouvernement apolitique pour aller aux élections
L'adoption du texte intervient quelques heures après l'annonce de la composition d'un gouvernement d'indépendants devant conduire la Tunisie vers des élections législatives et présidentielle en 2014.
Le parti Ennahda a en effet accepté de quitter le pouvoir pour laisser un cabinet politique sortir la Tunisie de la profonde crise déclenchée par l'assassinat, attribué à un groupe takfiriste, du député d'opposition Mohamed Brahmi en juillet.
Le nouveau gouvernement, qui doit recevoir dans la semaine la confiance de la constituante, a été composé par le ministre de l'Industrie sortant, Mehdi Jomaâ. Choisi mi-décembre, la classe politique aura mis six semaines à s'accorder pour lui laisser les rênes.
"J'ai formé ma liste sur la base de trois critères : la compétence, l'indépendance et l'intégrité", a-t-il dit, après avoir remis la liste des ministres au président Moncef Marzouki.
M. Jomaâ a souligné enfin que "les élections représentent la priorité des priorités".
A ce titre, les travaux de l'ANC ne sont d'ailleurs pas finis, une législation électorale devant encore être adoptée.
Par ailleurs, le gouvernement devra faire face à une situation économique très difficile, la croissance restant en berne et le chômage très élevé notamment en raison de l'incertitude et de l'instabilité dans le pays depuis 2011. Des vagues de violences, nourries par la misère, éclatent régulièrement.
La Tunisie a cependant réussi jusqu'à présent à ne pas basculer dans le chaos.